Donald Trump aurait hérité de 410 millions de dollars en contournant les impôts, selon une enquête retentissante du New York Times. La Chine s’inquiète d’une clause du nouvel Aléna qui l’isole sur le plan commercial. L’Arménie renoue avec les troubles post-révolutionnaires.
Le New York Times publie une enquête très détaillée sur la manière dont Donald Trump aurait fraudé le fisc américain, pour héritier de la fortune de son père.
C’est une enquête retentissante en ce qu’elle déboulonne méthodiquement le mythe sur lequel Trump s’est fait élire en 2016, celui du “self-made man“. C’est en fait un “self-made sham“, une vaste “supercherie“, affirme le Times.
Car Trump a toujours affirmé que son père Fred, le magnat de l’immobilier new-yorkais, ne lui avait presque rien légué à sa mort, qu’il s’était donc fait tout seul. “C’est faux“, soutient le journal qui s’appuie sur des mois d’investigations, avec des sources dans l’administration fiscale qui lui ont révélé des montages fiscaux complexe et pour certains illégaux.
President Trump has sold himself as a self-made billionaire but a Times investigation found that he received more than $400 million from his father’s empire, much of it through dubious tax schemes during the 1990s, including instances of outright fraud. https://t.co/CciVkq5mDU
— The New York Times (@nytimes) October 2, 2018
Ça a commencé quand Donald était un petit garçon, la création par ses parents d’une société-écran, par le biais de laquelle ils versaient régulièrement sur un compte de grosses sommes d’argent, officiellement des “cadeaux”, à leur fils. Mais ça a continué dans les années 90 quand l’héritier a lui-même monté les schémas frauduleux qui allaient lui permettre de récupérer, sans passer par la case “impôts“, plus de 410 millions de dollars de son père. En tout, précise le New York Times, les Trump père et mère ont transmis discrètement plus d’un milliard de dollars à leurs enfants, ce qui représente un manque à gagner de 550 millions pour les caisses du fisc new-yorkais.
Alors, dans ces cas-là, la question qui se pose c’est celle de la frontière, entre optimisation et fraude fiscale. Cette frontière est “obscure“, reconnaît le Times pour qui, à la lumière de milliers de documents consultés, dans le cas présent on est bien face à ” un schéma de tromperie et d’obscurcissement qui empêchait de manière répétée l’administration fiscale” de taxer les sommes transférées par les parents Trump à leus enfants.
All County’s ostensible purpose was to be the purchasing agent for Fred Trump’s buildings, buying everything from boilers to cleaning supplies. It did no such thing, records and interviews show. https://t.co/szw2KbTT40 pic.twitter.com/bAbjYEpcZb
— The New York Times (@nytimes) October 3, 2018
Conclusion? Eh bien oui, pour le quotidien new-yorkais, Donald Trump est un “self-made sham“, une “arnaque à lui tout seul“. C’est le titre de l’édito du jour, pour qui Trump s’est bien construit sur une mystification : celle de l’homme d’affaires talentueux, glamour et tout-puissant. Les millions de livres vendus sur son “art de la négociation“, les émissions de télé-réalité, tout ça c’était de la “foutaise” pour reprendre les termes du New York Times qui lance un défi au Président : “Il ne vous reste plus qu’à publier vos avis d’imposition, Mr Trump ! “. Les services des impôts de la ville de New-York ont d’ailleurs déclenché une enquête dès la publication du dossier en ligne.
En matière de déclarations d’impôt comme d’accords commerciaux, le diable se cache souvent dans les détails, les petites lignes du contrat. Les Chinois en ont eu la confirmation hier.
A force de scruter les moindres clauses du nouvel accord de libre-échange conclu dimanche soir entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, les économistes chinois sont tombés sur un os: C’est à lire dans le South China Morning Post qui évoque une “menace d’isolement majeure” de la Chine dans le commerce international.
Clause in US-Mexico-Canada trade deal could leave #China isolated https://t.co/jnIM8eu8NE
— South China Morning Post (@SCMPNews) October 2, 2018
Pour comprendre, il faut lire l’article 32-10 de cet accord qui va succéder à l’ALENA: il donne, de facto, un droit de véto aux pays signataires si l’un d’entre eux venait à conclure une entente commerciale avec un pays tiers dont l’économie “ne serait pas considérée comme une économie de marché“.
Or, nous rappelle le South China Morning Post, malgré les demandes de Pékin, l’Amérique et l’Europe ont toujours refusé de reconnaître la Chine comme une économie de marché. Pékin se sent donc directement visée. La clause litigieuse serait en fait un moyen, pour Washington, d’éviter que la Chine ne signe des accords bilatéraux avec le Canada et le Mexique, pour permettre à ses entreprises d’accéder au marché américain en évitant les surtaxes douanières.
Et cet “article 32.10” fait aussi réagir au Canada, évoquée par le Globe and Mail qui pose la question: “Que reste-t’il de la souveraineté canadienne quand Washington peut empêcher Ottawa de commercer avec qui bon lui semble?” Cette affaire est “un revers majeur pour le Canada“, commente l’éditorialiste Hugh Stephens.
Le Globe and Mail publie aussi la réponse de Justin Trudeau, selon qui le Canada va continuer à intensifier ses relations commerciales avec la Chine même dans le cadre du nouvel ALENA.
Des milliers de personnes réunies dans les rues de Erevan, la capitale arménienne hier soir, mais ce n’était plus pour rendre hommage à Charles Aznavour!
Le deuil national n’aura pas duré longtemps en Arménie, et la crise politique reprend déjà ses droits.
Ереван pic.twitter.com/hSFlPTuJIk
— Армения сегодня – Armenia Today (@Armtoday_Online) October 2, 2018
Voilà ce que donnait l’ambiance hier soir devant le Parlement arménien avec Nikol Pachinian au mégaphone. Arrivé au pouvoir à la faveur d’une révolution de velours en mai dernier, le premier ministre etait venu hier soir défendre son Printemps arménien, face à la “contre-Révolution” menée par les députés issus de l’ancien pouvoir. Voilà pour le récit, fait des dernières heures à Erevan, par le premier ministre lui-même, et repris par le journal arménien Asbarez.
Nikol Pachinian, costume gris et casquette noire vissée sur la tête, s’est rendu au Parlement pour faire face à ces députés qui ne veulent pas remettre leur mandat en jeu, dans des élections anticipées promises lors du changement de pouvoir. Hier, nous explique le quotidien russe Kommertsant, ils ont voté une loi empêchant du scrutin d’ici la fin de l’année, ce qui a obligé Pachinian à annoncer sa démission sous 7 jours.
Уйти, чтобы остаться: почему Армения опять бунтуетhttps://t.co/2ZAoMivJly pic.twitter.com/N8nCaB0ATK
— Газета.Ru (@GazetaRu) October 3, 2018
“Il a décidé de partir pour pouvoir rester au pouvoir“, résume le site d’info russe Gazeta.Ru pour qui “l’Arménie se rebelle à nouveau“. Il nous rappelle qu’après la Révolution de mai, Nikol Pachinian avait du rassurer Moscou, en écartant par exemple tout rapprochement avec l’OTAN. D’ailleurs, malgré la crise politique qui n’est pas réglée, Erevan et Moscou préparent une visite officielle de Vladimir Poutine en Arménie au début de l’année prochaine.
Avec franceculture