Les rendements des cultures irriguées peuvent atteindre le double ou plus des rendements des cultures pluviales sur le continent. De même, les avantages économiques de l’expansion des superficies irriguées sont deux fois plus importants que les coûts liés au changement climatique.
Le Maroc est parmi les six pays africains qui ont réussi, en augmentant les niveaux d’irrigation, à prolonger les récoltes, à augmenter les revenus et à améliorer les perspectives des agriculteurs, à en croire le dernier rapport du Panel Malabo Montpellier dévoilé récemment à Rabat. En effet, les auteurs de ce document ont analysé les bonnes pratiques suivies en Éthiopie, au Kenya, au Mali, au Maroc, au Niger et en Afrique du Sud. Selon Saulos Klaus Chilima, vice-président du Malawi et coprésident du Forum de Malabo Montpellier, qui a présenté le rapport à Rabat, «ce rapport montre l’énorme potentiel de l’irrigation pour améliorer la production agricole en Afrique» ajoutant que «l’analyse montre que nous pouvons tirer des enseignements des expériences de nos voisins sur le continent. Le Malawi s’est engagé à accroître la superficie des terres arables irriguées et a déjà vu les revenus augmenter de 65% dans les zones où les agriculteurs participent à des programmes d’irrigation».
Pour sa part, Ousmane Badiane, coprésident du Panel Malabo Montpellier et directeur Afrique de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), a déclaré qu’il est essentiel «de mettre en place des institutions gouvernementales efficaces dédiées à cet effet et d’augmenter de manière significative les financements publics des programmes d’irrigation».
Il en ressort que les rendements des cultures irriguées peuvent atteindre le double ou plus des rendements des cultures pluviales sur le continent. De même, les avantages économiques de l’expansion des superficies irriguées sont deux fois plus importants que les coûts liés au changement climatique, explique le document. Dans le détail, l’expansion de l’irrigation permettrait aux agriculteurs africains de produire deux fois plus de denrées alimentaires, précisent les experts. Rendu public lors du Forum du Panel Malabo Montpellier, le document baptisé Water-Wise : Smart Irrigation Strategies for Africa (Utilisation judicieuse de l’eau : des stratégies intelligentes d’irrigation pour l’Afrique), indique que 6% des terres cultivées sont actuellement irriguées en Afrique, contre 14% en Amérique latine et 37% en Asie. Les pays africains pourront atteindre leurs objectifs de réduction de la faim et de promotion de la sécurité alimentaire, en aidant davantage les agriculteurs à accéder aux systèmes d’irrigation et à les utiliser, relève le même rapport soulignant qu’il est possible d’étendre l’irrigation sur 47 millions d’hectares en Afrique, ce qui permettra de stimuler la productivité agricole, les moyens de subsistance et la croissance économique. Par ailleurs, ledit rapport pointe du doigt le fait que la production alimentaire dépend encore en grande partie de l’agriculture pluviale sur le continent. Il explique en revanche qu’il existe un vaste potentiel d’intensification de l’irrigation, en particulier en Afrique subsaharienne. Celui-ci permettrait d’accroître les rendements des cultures et d’améliorer la résistance aux chocs climatiques.
Notons que le Panel Malabo Montpellier est composé de 17 experts issus des domaines de l’agriculture, de l’écologie, de la nutrition et de la sécurité alimentaire qui œuvrent ensemble à orienter les choix politiques des gouvernements africains dans le but d’accélérer les progrès vers la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition en Afrique. Enfin, le panel identifie les domaines dans lesquels des progrès et des changements positifs ont été réalisés sur l’ensemble du continent et évalue les caractéristiques particulières des pays les plus performants.
Avec aujourdhui.ma