Le pays manque de bras dans les domaines de l’agriculture, de la vente au détail, des soins aux personnes âgées et des jeunes enfants ou encore dans le bâtiment.
Le Japon souffre d’un gros manque de bras. Le gouvernement a indiqué vendredi vouloir déposer rapidement un projet de loi autorisant l’accueil de davantage de travailleurs étrangers.
Les domaines de l’agriculture, de la vente au détail, du BTP, des soins aux personnes âgées ou aux jeunes enfants manquent de bras, les Japonais rechignant à y entrer en raison de conditions de travail pénibles et de salaires qui ne sont pas attractifs.
L’exécutif souhaiterait agir « le plus rapidement possible » sur la question, selon le porte-parole Yoshihide Suga, interrogé sur la date à laquelle le texte serait soumis au Parlement. La mise en œuvre pourrait intervenir dès avril 2019.
Des aptitudes en langue japonaise
Un nouveau statut de visa sera créé et permettra, en théorie, à des immigrés ayant des qualifications inférieures à celles habituellement requises, d’entrer sur le territoire japonais pour y travailler durant cinq ans.
Les candidats devront néanmoins satisfaire à certaines exigences, comme celle d’avoir des aptitudes en langue japonaise leur permettant « de ne pas rencontrer de handicap dans la vie quotidienne », ce qui signifie qu’il faut déjà plusieurs années d’apprentissage derrière soi.
Ceux présentant les meilleures qualifications et un niveau élevé en langue nippone pourraient bénéficier d’un titre de séjour plus long et être autorisés à venir avec leur famille.
Toutefois, la politique d’immigration du Japon, un pays plutôt fermé, « ne change pas », a insisté Yoshihide Suga, soucieux de rassurer la population prompte à craindre l’arrivée massive d’étrangers.
La crainte d’une exploitation de main-d’œuvre bon marché
Les milieux d’affaires (fédération Keidanren en tête), dont le Premier ministre Shinzo Abe est proche, plaident depuis longtemps pour ouvrir davantage la porte aux étrangers, mais le gouvernement doit jongler prudemment pour ne pas susciter l’ire des nationalistes qui sont aussi les principaux soutiens populaires du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir.
De précédents programmes d’accueil en nombre limité d’immigrés, pour une durée déterminée et en vue de les former avant un retour dans leur patrie, ont été critiqués pour avoir servi de cadre à l’exploitation d’une main-d’œuvre bon marché.
Selon les statistiques officielles, le Japon comptait en 2017 environ 1,28 million de travailleurs étrangers sur une population de 128 millions d’habitants.
Plus d’un tiers (459 000 personnes) est constitué d’époux ou épouses de personnes de nationalité japonaise, de Sud-coréens présents de très longue date au Japon mais ayant gardé leur nationalité d’origine ou encore de descendants de nationalité étrangère de Japonais ayant émigré.
Avec AFP