Boubacar Camara, président du conseil d’administration du cimentier sénégalais Sococim, est le grand invité de l’économie Jeune Afrique/RFI du mois d’octobre 2015. Pour le patron sénégalais, l’arrivée du groupe nigérian Dangote Cement, son nouveau concurrent, au pays de la teranga s’est faite en violation des règles environnementales et sans étude d’impact.
Depuis quelque temps, Boubacar Camara, 57 ans, dénonce l’implantation du groupe Dangote dans le ciment sénégalais. Une arrivée qui, selon le président de Sococim, leader historique du secteur, se serait faite grâce à des passe-droits. Ciment, franc CFA, politique économique de Macky Sall… L’ancien patron des douanes sénégalaises et ex-secrétaire général de Karim Wade lorsqu’il était ministre a répondu aux questions de Jeune Afrique et de RFI.
Le conflit avec Dangote
« Nous ne sommes pas contre un nouveau concurrent, mais nous ne sommes pas d’accord avec les conditions dans lesquelles ce troisième cimentier, le groupe nigérian Dangote, s’est installé au Sénégal : en violation des règles environnementales et sans étude d’impact… Il a bénéficié d’avantages, et la procédure d’arbitrage que nous menons devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) a pour objet de faire constater cette violation des règles. »
Sococim, symbole de l’Afrique colonisée ?
« Dangote nous le reproche [Sococim est la filiale d’un groupe français], mais la critique s’adresse à tout le Sénégal. Je m’étonne qu’un investisseur vienne dans un pays et dise que ce dernier est toujours une colonie. »
Une politique économique décevante
« Le taux de croissance est remonté, après avoir chuté à 2 % au moment de la crise de 2008. Un effort important est fait en matière d’investissement et de climat des affaires. Mais il y a un problème de productivité et de compétitivité. Quant au plan Sénégal Émergent, le problème est la lenteur dans la mise en œuvre des grands projets. »
La mise en cause du franc CFA
« Commençons par avoir un niveau de croissance et de vie suffisamment important avant de parler de la réforme de la monnaie. »
Karim Wade
« Durant mes trois années dans son ministère, j’ai côtoyé des gens extrêmement compétents. Je ne peux vous parler que du Karim Wade que je connais et vous dire qu’il a été un bon leader et un excellent ministre. Les règles étaient respectées. »
Avec JeuneAfrique