Pour le Professeur Kokou Tona, docteur en physiologie animale et zootechnie et directeur du Centre d’excellence régional sur les sciences aviaires (Cersa) de l’Université de Lomé, créé en 2014, le constat est clair : le programme de Centres d’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique (CEA), lancé par la Banque mondiale, l’a propulsé tant en nombre d’étudiants qu’en qualité de l’enseignement, rapprochant le Centre de recherche du monde de l’entreprise, comme Adisseo, Hendrix Genetics ou encore Orffa.
Présent au 6ème atelier du projet CEA qui s’est tenu le 15 novembre à Abidjan, le professeur Kokou Tona témoigne pour CommodAfrica de l’évolution de son Centre, à mi-parcours du programme de la Banque mondiale.
Comment votre Centre est-il devenu un Centre d’excellence régional ?
Nous faisons partie du premier appel des sciences d’excellence lancé par la Banque mondiale en 2013. Nous avons été sélectionnés sur la base du mérite. Au départ, 51 projets ont été soumis dans toute l’Afrique de l’Ouest et centrale et, après une première pré-sélection, 31 ont été retenus. A l’issue d’une visite de terrain, 15 centres ont été sélectionnés par la Banque mondiale et par l’équipe des universités africaines, dont notre Centre.
Vous êtes à mi-parcours du projet CEA de la Banque mondiale, quel premier bilan en tirez-vous ?
Nous avions démarré un petit laboratoire de sciences aviaires où on avait 5 étudiants en Master, 10 étudiants en court terme et 2 doctorants. Mais avec l’ouverture du Centre d’excellence régional sur les sciences aviaires, le Cersa, l’année dernière, nous étions déjà 25 étudiants en Master. Cette année, nous en avons encore 25, ce qui fait que nous avons déjà une cinquantaine d’étudiants en Master.
En étant sélectionné Centre d’excellence, nous avons gagné en notoriété. A la suite de cela, nous avons fait la promotion de notre nouveau statut. C’est ce qui a attitré des étudiants, même étrangers.
Outre une notoriété accrue, que propose votre Centre de nouveau ?
Nous proposons un curricula bien adapté au secteur. Nous avons révisé notre programme de formation : il est plus adapté et plus élargi. Il tient compte de tous les aspects de la filière avicole, de la production au marché. Avant, nous faisions un programme plus général, qui ne tenait pas compte des spécificités. Maintenant, nous avons un programme spécialisé qui intéresse davantage les étudiants.
En outre, notre programme est moins orienté vers la théorie et davantage vers la pratique. Les étudiants en Master vont maintenant travailler dans les entreprises avec le secteur privé. Ils déterminent leurs sujets de recherche en collaboration avec les entreprises. Cela a changé beaucoup de choses.
Quelles modifications y a-t-il eu pour le corps enseignant ?
Nous avons commencé à renforcer nos équipes. De temps en temps, de grands experts dans un domaine des sciences aviaire viennent au Togo pour former les enseignants, de l’Université Catholique de Louvain, de l’Association mondiale des sciences avicoles, de l’Inra, de l’Université de Wageningen, etc.. Ce sont nos partenaires.
Et en termes financiers, que cela a-t-il changé pour vous?
Nous avons plus de moyens financiers pour travailler, pour conduire des recherches. On a lancé des appels d’offres pour acquérir des équipements de pointe, comme des équipement pour le PCR (Polymerase chain Reaction), d’est-à-dire la biologie moléculaire. Nous allons avoir des équipements pour l’analyse physiologique, aller jusqu’à déterminer les pertes de chaleur sur les animaux car l’animal qui perd moins de chaleur est moins adapté à notre région. En termes fianncers, cela représente quoi pour vous?
Le projet de la Banque mondiale dure 4 ans. Cela représente FCFA 1 milliard par an sur les 4 ans que dure le projet de la Banque mondiale. Sur ces 4 milliards, plus de la moitié des investissements va dans les infrastructures, les bâtiments qui, eux, durent plus de 4 ans !
Nous sommes en train de créer un campus et nous allons avoir une unité expérimentale pour attirer les industriels au plan international. Adisseo, qui est spécialisé dans l’alimentation animale, veut entrer sur le marché africain. Mais il faut que ses produits soient testés dans le contexte africain pour convaincre les utilisateurs. On est en discussion avec eux, comme avec Hendrix Genetics qui fait la sélection dans des conditions tempérées. Mais ce sont ces mêmes animaux que nous importons pour faire les œufs et la viande. Comment vont-ils se comporter chez nous? C’est aussi le cas avec Orffa avec qui nous avons déjà un contrat.
Avec commodafrica