Mis en place depuis un an, le dépistage du cancer du col de l’utérus est réalisé grâce à un frottis cervico-utérin (FCU) tous les trois ans. Un dépistage particulièrement important, puisque chaque année 3200 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués ; 1100 femmes en décèdent tous les ans selon les données de Santé Publique France. Pourtant, le frottis ne serait pas un examen optimal pour dépister ce cancer selon HPV Maintenant. Ce collectif de médecins et gynécologues demande la mise en place du test HPV, qui serait beaucoup plus efficace.
Le frottis montre des résultats aléatoires
“La sensibilité du frottis est très faible. Il produit environ 30% de faux négatifs. Par ailleurs, avoir juste un frottis qui montre de bons résultats ne garantit rien. Il faut en faire tous les trois ans pour être certain de ne pas porter de lésions cancéreuses. Or seules 60% des femmes suivent ce dépistage correctement“, regrette le Dr Joseph Monsonego, gynécologue, spécialiste de la colposcopie et de la prise en charge des pathologies associées aux papillomavirus.
Si le frottis montre des résultats aussi aléatoires, c’est parce que son interprétation se fait à l’oeil nu et dépend de plusieurs facteurs. “Après le prélèvement réalisé en consultation, les cellules sont observées sur une lame au microscope. Sauf que beaucoup d’éléments entrent en jeu, de la bonne réalisation du prélèvement, au fait que le prélèvement doit être bien étalé, bien été colorisé en laboratoire et enfin de la fatigue du technicien de laboratoire qui fait ça toute la journée“, explique le biologiste médical Richard Fabre, membre du collectif HPV Maintenant.
Détecter les lésions pré-cancéreuses
Le collectif réclame la mise en place du test HPV en première intention à la place du frottis. Un test moléculaire, également réalisé à partir d’un prélèvement vaginal, qui permettrait de dépister plus de femmes, 32 cas de plus sur 10.000, selon une étude publiée l’année dernière en 2018 dans le Journal of the medical association (JAMA). Le collectif estime qu’avec le test HPV, 30 femme de plus pourraient être dépistées chaque jour en France.
“Avant 30 ans, environ 25% des femmes sont porteuses du papillomavirus, le virus responsable du cancer du col de l’utérus. Une partie d’entre elle va l’éliminer naturellement. Après 30 ans, il reste entre 10 et 12% de porteuses. Toutes ne vont pas développer de cancer. Mais le test a l’avantage de détecter les lésions pré-cancéreuses“, poursuit le Josepj Monsonego.
Le test HPV permettrait aussi d’inclure les femmes issues de milieux défavorisés, qui restent en dehors des circuits de dépistage. “Alors que le frottis demande d’aller chez le praticien, le test HPV peut se faire à la maison, avec un tampon à envoyer par la poste au laboratoire d’analyses médicales.” Lors d’un frottis, le prélèvement réalisé au niveau du col de l’utérus permet de vérifier l’aspect des cellules au microscope par un technicien de laboratoire. Le test HPV est lui un test de biologie moléculaire, il consiste à observer une séquence d’ADN issue du prélèvement pour voir si elle correspond à celui du HPV.
“En France, nous sommes complètement dépassés”
La France est le seul pays au monde dont le dépistage organisé repose sur le frottis. L’Australie, l’Italie, la Belgique, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, la Turquie ont adopté le test HPV en dépistage primaire et le frottis en complément si le test est positif. Les États-Unis et l’Allemagne ont, eux, opté pour les deux méthodes réalisées simultanément.
“En France, nous sommes complètement dépassés“, confirme le Dr Patrice Lopès, délégué du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et membre d’un comité de la Haute autorité de santé (HAS) sur le dépistage du cancer du col de l’utérus. “Il faut absolument intégrer ce test aux politiques de dépistage en France, d’autant que le papillomavirus n’est pas responsable que du cancer du col de l’utérus mais aussi de cancers ORL, de la vulve, du vagin et du pénis.” Pour le moment, le test HPV coûte 27 € et il n’est pas remboursé. Le frottis, lui, en coûte 17 € et est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Reste à savoir quand la HAS rendra son avis sur les procédures à adopter. Ses conclusions devraient être rendues publiques cette année.
avec : sciencesetavenir