Le cacao, un luxe ? C’est la conclusion qu’on pourrait tirer d’une récente étude de la Deutsche Bank qui a analysé le prix cette année de 20 matières premières avec leurs niveaux moyens sur la période 2000-2014. Et le cacao sort largement en tête de liste, devant les métaux précieux !
Cette année, le prix de la fève serait 34% plus élevé que sa moyenne sur 2000-2014 contre +23% pour l’or, +22% pour le palladium ou encore +6% pour l’étain. D’autre matières premières sont même moins chères cette année que leur moyenne sur l’historique des 14 ans. Ainsi, le prix du pétrole est 35% inférieur à cette moyenne et le gaz naturel des Etats-Unis 60% de moins.
Les raisons de cette envolée du cacao sont bien connues. Parmi les causes actuelles se trouvent les conditions météorologiques et l’incertitude de l’impact global qu’aura El Niño sur les mois à venir. Certains estiment que le n°1 mondial, la Côte d’Ivoire, connaîtra une baisse de 100 000 t par rapport à sa récolte 2014/15 mais qui était au niveau record de 1,72 millions de tonnes (Mt). En revanche, l’impact serait beaucoup plus conséquent sur l’Indonésie. Le président de la Cocoa Association, Zulhefi Sikumberg, estime que la production pourrait chuter de 70% entre septembre et décembre si le phénomène météorologique, qui se ressent déjà, se renforce.
Quel impact tout cela aura-t-il sur le marché et la consommation aux 4 coins du monde ? Pour David Guest, professeur à l’Université de Sydney en Australie, les prix au détail ne devraient guère s’en ressentir avant 2018. Mais ensuite, ils pourraient doubler.
Ceci étant, la boule de crystal pourrait ne pas être si claire que cela. Car si les prix du cacao grimpent tant, ceux qui aujourd’hui se tournent vers d’autres cultures, reviendront au cacao qui sera plus lucratif. Et si le prix du cacao continue à augmenter beaucoup plus que les autres matières premières, il est fort à parier que multinationales et gouvernements des pays producteurs mettront les bouchées doubles pour investir dans la production, comme ils le font déjà de manière beaucoup plus conséquente qu’il y a quelques années. Par conséquent, les volumes augmenteront et la hausse des prix pourrait ne pas être si conforme aux trajectoires dessinées dès aujourd’hui.
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