Des scientifiques se sont rendus compte que les os composant le squelette de Lucy étaient cassés de façon inhabituelle. Selon eux, ils sont la preuve que l’australopithèque a chuté de plusieurs mètres d’un arbre, ce qui a pu causer sa mort.
L’enquête sur sa mort a pris du temps. On sait “probablement” comment Lucy, la plus célèbre des australopithèques, est morte. Celle qui vivait en Afrique il y a 3,18 millions d’années, a sans doute succombé après être tombée d’un arbre, selon une étude publiée dans la revue Nature.
“Notre hypothèse, c’est que Lucy a étendu le bras pour essayer d’amortir sa chute”, a déclaré l’anthropologue John Kappelman, de l’Université du Texas à Austin, qui a analysé de près différentes fractures relevées sur le fossile. Lucy, qui était à la fois bipède et arboricole, a “probablement” chuté de plus de 12 mètres, à une vitesse de plus de 56 km/heure, a-t-il estimé. “La mort est survenue rapidement”, a assuré John Kappelman.
“Prédisposée à des chutes plus fréquentes”
Pour parvenir à cette conclusion, le scientifique a étudié le fossile et des scans 3D. Il a remarqué que l’humérus droit (l’os du bras) était cassé d’une façon inhabituelle pour un fossile. “Ce type de fracture survient lorsque la main touche le sol au moment d’une chute”, et que cela affecte les éléments de l’épaule, a expliqué John Kappelman. D’autres fractures, à l’épaule gauche, à la cheville droite, au genou gauche, au bassin et à une côte, ont étayé cette thèse de la chute mortelle.
C’est une “triste nouvelle, pauvre Lucy!”, a commenté de son côté le paléoanthropologue Yves Coppens, qui faisait partie de l’équipe qui a découvert Lucy avec l’Américain Donald Johanson et le géologue français Maurice Taieb. “Les arboricoles sont, en général d’une étonnante habilité, agilité, équilibre. Après 20 ans de fréquentation des arboricoles (chimpanzés, gorilles etc.) dans leur milieu naturel, je n’ai jamais vu pareille chose se passer”, a relevé Yves Coppens.
“Mais je n’ai pas d’hostilité a priori contre cette thèse qui, après tout, en vaut une autre, surtout si le chercheur l’argumente bien”, a-t-il ajouté. A l’inverse, son collègue Donald Johanson se montre beaucoup plus sceptique dans les colonnes du New York Times, estimant que Lucy “était essentiellement un animal terrestre” et ne grimpait donc pas aux arbres.
“Parce que Lucy vivait à la fois au sol et dans les arbres, des caractéristiques, qui lui permettaient de se déplacer efficacement sur la terre, pourraient avoir compromis son habileté à grimper aux arbres. Son espèce aurait été prédisposée à des chutes plus fréquentes”, a fourni de son côté comme explication John Kappelman.
avec lexpress