Après l’accord arraché à Lactalis, les producteurs vont bénéficier d’un soutien financier de la part du gouvernement et de Bruxelles pour réduire leur production d’au moins 5% au dernier trimestre. Objectif : faire remonter les prix du lait.
Pour les producteurs de lait, la journée d’hier fut riche en annonces. Après avoir appris que Lactalis cédait à leur revendication en promettant d’augmenter ses prix d’achat, les éleveurs ont pris connaissance d’un nouveau plan d’aide à la filière instauré par Bruxelles et le gouvernement. Présenté par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, ce plan devrait se traduire par le déblocage d’une enveloppe globale d’environ 100 millions d’euros.
Cet argent provient pour moitié de Bruxelles. En juillet dernier, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont en effet mis d’accord pour prendre des mesures visant à réduire la production de lait. Le but: résorber la surproduction-liée en partie à la fin des quotas européens– qui a entraîné une baisse exceptionnelle des prix. Ces mesures se traduisent par le déblocage d’une enveloppe de 500 millions d’euros au niveau européen. Sur cette somme, 150 millions viseront directement à réduire la production en indemnisant chaque kilo de lait non produit à hauteur de 14 centimes d’euro. Les 350 millions d’euros restants serviront à apporter des aides directes plus larges aux filières d’élevage en difficulté.
Baisser la production d’au moins 5%
Sur cette enveloppe, la France va bénéficier de 49,9 millions d’euros. Une somme que le ministère de l’Agriculture a décidé de doubler avec des crédits nationaux. «Cet abondement permettra de renforcer la mesure européenne en apportant un complément de 10 centimes d’euro par kilo non produit». Le gouvernement choisi en revanche de limiter ce coup de pouce supplémentaire aux 5 premiers pourcents de réduction de la production indemnisés par Bruxelles. La baisse de 5% de la production devant être calculée par rapport aux trois derniers mois de 2015.
Concrètement, cela signifie qu’un producteur qui décide de réduire sa production de 100 kilos de lait touchera 24 centimes/kilos sur les 5 premiers kilos (aide européenne et bonus français), puis 14 centimes/kilos sur les 95 kilos suivants (aide européenne uniquement). «C’est la première fois depuis la fin des quotas qu’il y a la mise en œuvre d’une régulation de la production», s’est félicité Stéphane Le Foll.
Le ministre explique avoir choisi cette limite à 5% afin de ne pas entraîner la disparition des élevages et une déstabilisation du marché de la viande. Les producteurs de lait pourraient en effet être incités à réduire leur production en envoyant leurs bêtes directement à l’abattoir. Or l’abattage d’un grand nombre d’animaux risquerait d’engorger le marché de la viande bovine et de faire chuter les prix. Le ministre leur conseille plutôt de réduire la production de lait en modifiant l’alimentation des vaches.
Ces aides vont peut-être redonner «un brin d’espoir», a estimé Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL, majoritaire). Si cette réduction de l’offre «devient vraiment une politique de tous les pays européens, cela aura du sens», a-t-il souligné. Les autres États doivent bientôt présenter leurs plans et la grande interrogation concerne les Pays-Bas et l’Irlande, en pointe dans la hausse de production. Pour Josian Palach, de la Confédération paysanne (minoritaire), le pas est «positif mais pas suffisant, il aurait fallu qu’au niveau de l’Europe on réagisse plus tôt».
avec lefigaro