Son cabinet vient de remporter les Trophées du Droit 2018, prestigieuse récompense remise à Paris, dans la catégorie du meilleur cabinet Maroc. Depuis deux ans, Afrique Advisors, que codirige Laila Slassi, accompagne de nombreux acteurs économiques et parie sur un “lobbying intelligent”.
Une dizaine d’employés s’activent autour de Laila Slassi. Bienvenue dans les bureaux casablancais d’Afrique Advisors, un cabinet de conseil juridique, fiscal et stratégique, dont le nom circule depuis quelques temps dans les milieux d’affaires marocains, mais aussi chez les décideurs politiques.
Ce cabinet, qui a remporté le 24 janvier 2018 les Trophées du Droit, décernées à Paris par Leaders League en partenariat avec Décideurs magazine, comme « meilleur cabinet Maroc », Laila Slassi, 33 ans, l’a ouvert avec Talal Belrhiti en octobre 2015.
Jusque-là, elle officiait comme avocate fiscaliste chez Mayer Brown, un important cabinet américain dont Afrique Advisors est aujourd’hui correspondant exclusif au Maroc. Lui était lobbyiste aux États-Unis.
« Aujourd’hui, nous représentons des investisseurs étrangers, des fonds d’investissement, des sociétés privées marocaines, des entités publiques ou semi-publiques… » égraine Slassi.
Un département contentieux international
Souriante, la jeune femme se félicite d’une année 2017 marquée par une expansion de l’activité. Le cabinet a ouvert notamment un nouveau département de contentieux internationaux. Preuve de la confiance que les décideurs accordent aux deux associés, une série de contrats majeurs.
Afrique Advisors a ainsi bouclé l’épineux dossier du contentieux en aidant Rabat et Salini Costruttori à trouver un accord amiable mettant fin à un litige vieux de presque dix ans. Le Maroc, défendu par le cabinet, avait été condamné en 2011 à verser 27 milliards d’euros au constructeur italien et refusait depuis de payer.
En deux ans, Afrique Advisors a accompagné un potentiel repreneur de la raffinerie la Samir, dont la fermeture était devenue une véritable affaire d’État, conseillé les assureurs d’un des créanciers de la raffinerie, ou encore aidé Casa Transport, société de développement local chargée de l’épineux dossier du développement du réseau de Casablanca.
C’est aussi dans les bureaux du cabinet qu’est né Outlierz. Un fonds d’investissement basé au Maroc, et qui ambitionne de financer des start-up africaines en phase de lancement.
Engagement
Les entreprises marocaines et internationales n’osent pas se développer dans des marchés qu’elles méconnaissent
Une des forces d’Afrique Advisors est la formation internationale de ses deux fondateurs. Elle leur permet de se positionner comme des ponts entre des mondes qui se méconnaissent parfois : « On s’est aperçu que les entreprises marocaines et internationales manquaient de nombreuses opportunités parce qu’elles n’osaient pas se développer dans certains marchés qu’elles méconnaissent. »
Laila Slassi a suivi ses études à Paris. Elle y a obtenu son Certificat d’aptitude à la profession d’avocat après un parcours sans faute : Sorbonne, Assas, Dauphine. Mais son CV est épaissi par un alinéa « Associations ». Passée par Capdema, association de jeunes qui promouvait une démocratisation accrue du Maroc, elle est aujourd’hui membre du conseil d’administration de Tafra.
Créée en 2015, cette dernière se propose de mener des travaux de recherche et des actions de plaidoyer pour promouvoir « l’État de droit et une interprétation démocratique de la Constitution », selon les mots de l’avocate.
Analyse juridique de la question du Sahara
Ces activités associatives expliquent aussi les engagements d’Afrique Advisors. « Nous sommes fiers de représenter le pays ou le secteur public, ces sont des missions qui ont du sens », précise Laila Slassi. Le cabinet casablancais a rebondi sur l’expérience américaine de Talal Belrhiti et est engagé dans le lobbying au profit de l’État marocain, notamment à Washington.
Il accompagne ainsi des investisseurs privés sur le nouveau front où s’est déplacé le conflit autour du Sahara occidental : le droit. « Nous travaillons sur l’analyse juridique de la question du Sahara, qui nous intéresse beaucoup. »
« Le Maroc cherche de nouveaux visages pour convaincre à l’étranger. Il doit trouver des compétences, tout en passant le relais à des personnes aux approches plus modernes s’il veut s’arrimer aux nouvelles formes de lobbying sur le dossier Sahara », remarque un influent consultant. Humaniste, engagée et patriote, Laila Slassi est un de ces visages.
Avec jeuneafrique