L’initiative de la Fondation du groupe agro-industriel Sifca consistant à représenter un spécimen de forêt tropicale ouest-africaine au Salon international de l’agriculture (SIA), qui a fermé ses portes le 4 mars à Paris (visionner le reportage vidéo), rappelle le lien indéfectible entre agriculture et préservation de la nature.
Il s’agit bien entendu de sauver, de façon générale, l’écosystème, de protéger la nature et la biodiversité dans un souci de préserver l’équilibre naturel de notre planète -un « souci » érigé en obligation avec le développement des certifications et la vigilance accrue des consommateurs à l’égard de produits respectueux de l’environnement- mais aussi de développer le tourisme rural, l’agrotourisme. Une façon pour les populations rurales et agricoles d’accroître leurs revenus, de diversifier leurs ressources financières et ainsi de se protéger contre les inévitables fluctuations de prix des matières premières agricoles.
Mais pour attirer les touristes en zones rurales africaines, encore faut-il qu’il y ait quelque chose à voir… Certes, il faut aussi des infrastructures hôtelières, des routes accessibles, etc., mais le touriste occidental qui va barouder en Afrique de l’Ouest sera ravi d’un hôtel rustique et d’un restaurant local si le lendemain, à l’aube, il peut admirer faune et/ou flore.
L’initiative de Sifca fait penser, bien sur, à la Côte d’Ivoire dont l’emblème est l’éléphant de savane d’Afrique. Un animal fétiche mais dont la population dans la région ouest-africaine a été réduite comme une peau de chagrin au fil des décennies. Mais les choses évolueraient plutôt dans le bon sens.
Le parc de la Comoé n’est plus en péril
Rappelons qu’en juillet dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a décidé de retirer le Parc national de la Comoé en Côte d’Ivoire de la « Liste du patrimoine en péril » car l’état de conservation de la faune et de son habitat s’était nettement amélioré. « Des espèces emblématiques du Parc national de la Comoé que l’on pensait disparues, comme l’éléphant et le chimpanzé, se régénèrent. Les habitats connaissent par ailleurs un très bon niveau de conservation. De fait, les objectifs fixés en matière de conservation de la faune ont été atteints, voire dépassés« , soulignait l’Unesco dans un communiqué.
Une mission de terrain de l’UICN début 2017 a confirmé qu’environ 300 chimpanzés et 120 éléphants y vivraient aujourd’hui. En outre, ce Parc qui comprend des savanes, des prairies, des forêts, abrite quelque 620 espèces de plantes, 500 d’oiseaux, 135 de mammifères, 60 espèces de poissons, etc.
Le Parc, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial en péril en 2003, a vu son état se détériorer à cause de l’exploitation agricole, de l’extraction illégale d’or, du braconnage, et de la crise politique : étant donné l’insécurité qui régnait dans le pays, le personnel du parc ne pouvait pas accéder à certaines zones. A la fin des troubles civils en 2012, la direction a pu retrouver le contrôle du site et reprendre le travail en faveur de la conservation. Notons que la moitié des 20 sites naturels classés de la région sont répertoriés comme étant « en péril » et le Parc de la Comoé a été le premier d’Afrique de l’Ouest et centrale à être retiré de cette liste en plus de dix ans.
Des actions au Bénin et au Mali
Au Bénin, le 31 janvier, la National Geographic Society, African Parks, la Wyss Fondation et le gouvernement béninois ont annoncé s’associer pour revitaliser le Parc national de la Pendjari. Près de € 19 millions seront consacrés ces prochaines années à la préservation de la faune, notamment les éléphants menacés par le braconnage.
Ce parc, d’une superficie de 2 755 km², qui recoupe des terres au Bénin, au Burkina Faso et au Niger, abrite aussi des lions, des guépards, des antilopes, des buffles, des hippopotames. Des éléphants et lions sont traqués par satellite en temps réel pour aider les rangers à localiser les animaux en cas d’urgence. Plusieurs plans de réintroduction de populations de rhinocéros et de chiens sauvages ont par ailleurs déjà été mis en place dans la région.
Au Mali, où il ne resterait qu’environ 300 éléphants du désert, des chiens de chasse ont été dressés pour renifler l’ivoire. Une opération déclenchée en juillet dernier dans la région du Gourma, en collaboration avec les Pays-Bas et l’ONG Wild Foundation
Des colliers GPS pour les éléphants au Gabon
Denier exemple, hors Afrique de l’Ouest, au Gabon, début février, l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) a décidé de procéder au marquage des éléphants par des colliers GPS, afin de renforcer la lutte contre le braconnage. Le centre d’observations de l’ANPN reçoit les images satellites des éléphants en forêt. « Le centre d’opérations nous permet d’être en contact avec les équipes sur le terrain, de suivre les déplacements et les mouvements des éléphants« , explique Parfait Ndong, ingénieur géomatique au Centre d’observation de la cellule scientifique de l’ANPN, à Libreville, rapporte scidev.net.
Les pachydermes marqués au GPS sont ainsi surveillés nuit et jour, permettant d’identifier leurs parcours, le rythme de leurs déplacements, leurs habitudes, leur utilisation du territoire.