L’Afrique abrite dix des 21 pays qui, ensemble, représentent 80% du fardeau mondial de l’hépatite C chez les personnes de moins de 19 ans, a-t-on appris lors d’une rencontre internationale.
Selon une étude présentée lors du Sommet mondial sur l’hépatite à Sao Paulo au Brésil (1-3 novembre), 325 millions de personnes vivaient avec l’hépatite virale en 2016, avec 48 millions de cas d’hépatite B chez les enfants de moins de 18 ans et quatre millions de cas d’hépatite C chez les moins de 19 ans.
Les dix pays africains concernés sont l’Angola, le Burundi, la Côte d’Ivoire, l’Egypte, l’Ethiopie, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria et la Tanzanie.
Sur les 21 pays, seule la Russie est un pays à revenu élevé, le reste de la liste comprend l’Afghanistan, le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan.
“Il est également essentiel de responsabiliser le public et d’accroître la demande d’accès au diagnostic, aux soins et au traitement.”
Manal El-Sayed
Université Ain Shams
Manal El-Sayed, professeur de pédiatrie à l’Université Ain Shams, au Caire, en Egypte, qui a présenté l’étude, a déclaré à SciDev.Net que la transmission mère-enfant se produit à un taux de plus de 90 % dans le cas de la réplication du virus de l’hépatite B et de 5 à 7% pour le virus de l’hépatite C. Les deux virus entraînent une maladie du foie, un cancer du foie et des décès.
Elle note qu’une approche de modélisation a été utilisée pour quantifier la charge de morbidité parmi tous les groupes d’âge, ajoutant que l’objectif de l’étude était d’évaluer le fardeau global de l’hépatite C chez les enfants et les adolescents, pour faire la lumière sur cette maladie curable chez les enfants.
Manal El-Sayed explique que les sources de données utilisées pour la modélisation incluaient la littérature publiée et les enquêtes nationales.
“Le risque de transmission du virus de l’hépatite B, cependant, a considérablement diminué avec l’introduction de l’administration à la naissance d’une dose de vaccin contre l’hépatite B dans plusieurs pays ; bien que le risque de transmission du virus de l’hépatite V soit passé à 20% chez les mères co-infectées par le VIH”, explique Manal El-Sayed.
Mais le chercheur égyptien ajoute que dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, la transmission se fait aussi par des injections dangereuses, du sang ou des appareils médicaux, à l’hôpital, en plus de certaines pratiques traditionnelles comme la circoncision et le tatouage.
Selon Manal El-Sayed, l’hépatite B est en déclin, en raison des politiquesde vaccination obligatoires pour les nourrissons dans la plupart des pays. Il cite le manque de programmes vigilants de contrôle des infections dans les établissements de soins de santé et les problèmes de sécurité transfusionnelle comme étant les principales raisons de la poursuite de l’infection par les virus de l’hépatite C et de l’hépatite B.
Manal El-Sayed exhorte les médias et les acteurs clés tels que les médecins, les organisations scientifiques, les groupes de patients et les décideurs politiques à se rassembler et à développer des stratégies nationales individuelles pour le contrôle et la prévention de l’hépatite virale.
Vingt-et-un pays portent environ 80% du fardeau estimé de l’hépatite C chez les enfants âgés de 0 à 19 ans
“Il est également essentiel de responsabiliser le public et d’augmenter la demande d’accès au diagnostic, aux soins et au traitement et de connaître les modes de transmission et les risques d’infection par les virus de l’hépatite, ainsi que les complications à long terme.”
Marianne Mureithi, conférencière au Département de microbiologie médicale de l’Université de Nairobi, au Kenya, applaudit l’étude et affirme que le plaidoyer pourrait aider les femmes en âge de procréer, les enfants et les adolescents, à avoir rapidement accès aux soins et au traitement.
“Cela permettrait de guérir la maladie au début de la prévention de la transmission avant l’âge du comportement à risque ainsi que la prévention de la progression de la maladie du foie”, note Marianne Mureithi.
Elle appelle à des collaborations efficaces entre les pays africains, par le partage de modèles de soins efficaces et rentables, en offrant également une assistance technique et en élaborant des directives adaptées aux contextes à ressources limitées.
Les médias devraient aider à sensibiliser les gouvernements africains à la taille et au poids du problème de l’hépatite virale, ainsi qu’à la nécessité d’y remédier, ajoute Mme Mureithi.
Avec scidev.net