Des chercheurs d’un laboratoire d’analyses chargé de détecter des allergènes notamment pour Lactalis, ont raconté à Europe 1 comment ils étaient mis sous pression pour que le géant du lait obtienne à tout prix des résultats favorables.
L’histoire classique d’un sous-traitant mis sous pression par son plus gros client, mais avec comme conséquence, de gros risques sanitaires pour les consommateurs. C’est ce que révèle Europe 1 ce lundi.
En l’occurrence, le prestataire était un laboratoire d’analyses, et le donneur d’ordre le géant mondial des produits laitiers Lactalis qui lui commandait des tests d’allergènes sur ses produits. Et le résultat, ce sont des analyses biaisées pour faire obtenir au client qui fournissait 50% de l’activité du laboratoire des résultats favorables.
Lactalis, englué dans le scandale de la contamination de ses laits infantiles à la salmonelle, a changé de prestataire pour ses tests en 2016. Mais avant de les transférer en Italie, dans un autre laboratoire du même groupe, un centre de recherche nantais réalisait pour lui les analyses sur les produits.
Des pressions et de l’acharnement
Quels produits? Quels allergènes ou substances étaient recherchés? L’enquête d’Europe 1 ne le dit pas. Mais elle cite d’anciens salariés du laboratoire qui expliquent comment ils étaient forcés de refaire jusqu’à une dizaine de fois les tests, pour obtenir un résultat satisfaisant les intérêts du puissant commanditaire. “C’est ce petit jeu qui permet de passer sous la barre, alors qu’on était au-dessus”, raconte l’un des témoins.
Ainsi, quand un client lambda devait se contenter, au mieux, d’une analyse et d’une contre-analyse, le géant Lactalis obtenait que ses échantillons repassent entre les mains des chercheurs “à chaque fois que le résultat obtenu n’était pas celui espéré”. De l’acharnement, qui poussait un des interviewés à demander directement au client “Si vous voulez un test négatif, vous nous le dites tout de suite. On ne met rien dans l’échantillon, on l’analyse, et comme ça, il sera négatif’.
Ces anciens salariés parlent de “vraie pression”, qu’ils avaient fini par intérioriser jusqu’à ce que cela deviennent un “automatisme” pour eux de fournir à Lactalis un résultat qui lui permettait d’afficher un rapport d’analyses où ne figurait que le dernier chiffre, celui qui correspondait à ses attentes.
Aujourd’hui, alors que des dizaines de nourrissons ont été contaminés à la salmonelle en consommant des laits de Lactalis, les anciens salariés du laboratoire se rappellent s’être souvent dit qu’un scandale sanitaire allait forcément arriver.
Avec bfm