La Russie a officiellement fait savoir à l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie qu’elle suit avec une attention soutenue l’évolution de la situation en Libye et que la montée en puissance de Daech dans ce pays méditerranéen préoccupe Moscou au plus haut point.
Hier, le quotidien algérien El-Khabar, citant une source sécuritaire de haut niveau, a révélé que des drones russes survolent l’espace aérien libyen depuis plus de deux mois. et qu’au moins un satellite militaire russe surveille en permanence la Libye depuis la fin de l’année 2013. Cette même source, citée par le même journal, a laissé entendre que les russes n’excluent pas le recours à des frappes de missiles de croisière contre des cibles situées en Cyrénaïque ou dans le Golfe de Syrte.
La plupart des cibles de Daech en Libye sont près de la longue façade maritime du pays et sont faciles à atteindre par les missiles de croisière russes lancés à partir de bâtiments de surface ou de submersibles évoluant en Méditerranée orientale.
Les russes estiment qu’il est temps d’en finir avec le terrorisme international, objectif ouvertement partagé par Pékin. Des exercices militaires conjoints sino-russes et d’autres menés avec des pays de l’OCI (Organisation de la Coopération de Shanghaï) ont simulé des opérations aéronavales et amphibies contre le « terrorisme international » soulevant des interrogations sur la nouvelle définition du terme dans la perception de Moscou et de Pékin.
Il semble évident que par le terme terrorisme, les russes désignent les outils servant les intérêts géostratégiques de Washington et de ses alliés, soit les phénomènes type Daech ou Al-Qaïda. En d’autres termes, les Etats-Unis et l’Otan.
De sources diplomatiques on a appris que les russes ont demandé à des pays comme l’Algérie, l’Egypte et la Tunisie, des explications sur l’absence apparente de stratégie offensive face à l’immense danger que constitue désormais la Libye pour l’ensemble de la région.
Les russes ne comptent pas en rester là et évoquent le problème crée de toutes pièces de Boko Haram en Afrique de l’Ouest, problème similaire à la création levantine et dont la solution ne pourrait en aucun cas venir des pays qui l’arment contre les Etats de la région.
L’affaire ukrainienne, montée de toutes pièces par les caciques de l’Otan afin d’acculer Moscou dans ses derniers retranchements et le forcer à lâcher la main en Syrie, a eu un effet totalement inattendu: non seulement la Russie est en train de reprendre pied au Levant et au Moyen-Orient, jusqu’à y compris le siège de l’ancien commandement militaire US à Baghdad, mais semble déterminée à reprendre sa place en Libye et même au delà dans les profondeurs de l’hinterland africain.