Désespérée que la Russie enregistre d’importants succès contre l’EI, la Turquie a inventé, la semaine dernière, un scénario dans lequel un drone russe Orlan-10 (rayon d’action 60 km) aurait été abattu par l’aviation turque, en « oubliant » de dire que le drone s’est écrasé à la frontière syrienne, à 80 km de la base russe de Hmeymim à Lattaquié qui se trouve au-delà de son rayon de contrôle, et qu’il provenait d’une région kurde. L’an dernier, avant le début des bombardements de l’aviation turque contre les kurdes, les États-Unis avaient fourni à ces derniers des armes, parmi lesquels il y avait des drones de petite vitesse et volant à basse altitude. Il y a donc de fortes chances que le drone soit l’un de ceux qui ont été livrés par les Etats-Unis aux combattants kurdes.
Le système que les Russes ont créé en Syrie pour la collecte et le traitement de l’information, comprenant le complexe automatisé C4I (commandement, contrôle, communications, computers, informations et interopérabilité), a rempli toutes ses promesses. Cela leur a permis, lors des dernières frappes dans le nord-est de la ville d’Alep, de détruire deux chars et trois camionnettes Toyota de l’EI détectés par les drones de reconnaissance russes Dozor 600.
Après presque trois semaines d’opérations aériennes en Syrie, l’armée russe est arrivée à la conclusion que les bombardements ont, maintenant, créé des ruptures majeures dans l’approvisionnement en munitions et carburant chez l’ennemi. Les bombardements russes ont détruit près d’un millier de pièces d’artillerie et de véhicules blindés appartenant aux rebelles islamistes. Les frappes sur les camps d’entraînement ont neutralisé plusieurs milliers de combattants, pendant que des milliers d’autres rebelles ont préféré déserter, en passant par la frontière turque.
Cependant, le déclenchement d’une grande offensive sur la totalité du territoire par les troupes syriennes nécessite une modification du schéma de la collecte d’informations, en se concentrant notamment sur les véhicules blindés et les camionnettes Toyota qui confèrent aux rebelles islamistes une grande mobilité. L’objectif est donc de les rassembler, de les fixer dans des positions faciles à isoler et encercler par l’armée syrienne. Les rebelles islamistes pourront ainsi être neutralisés par des bombes de haute précision.
Pour ce faire, il est nécessaire de découper l’ensemble du territoire occupé par les rebelles islamistes en 20 à 28 zones de 50 x 30 km chacune, dans lesquelles patrouilleront en permanence à haute altitude des drones de grande autonomie. Ce qui signifie que la Russie apportera en Syrie 10 autres drones de reconnaissance Dozor 600 qui ont une autonomie de près de 24 heures.
Avec ces modifications concernant le rôle des drones, il faut également adapter le mode d’utilisation au combat des avions Su-24 M, Su-34 et Su-25 SM russes. 5 à 7 zones de chasse libres de haute altitude seront mises en place au-dessus des territoires occupés par les rebelles islamistes. Chaque zone des bombardiers russes sera superposée à 4 zones de reconnaissance par drone. Chaque fois qu’un drone détecte un ou plusieurs véhicules en mouvement appartenant aux islamistes, leurs coordonnées sont transmises au bombardier présent dans la zone.
Le temps entre la détection et la frappe de l’objectif ne dépasse pas 3 à 5 minutes, plutôt que les 15 minutes nécessaires si le bombardier ne devait décoller de l’aérodrome qu’après l’alerte. Selon le niveau et la fréquence des activités des rebelles, lors d’un vol unique dans la zone, un bombardier pourra exécuter 4-8 attaques sur des cibles situées à 40-50 km d’un de l’autre. Grâce à ce changement de tactique, les planificateurs des opérations russes espèrent augmenter le nombre de frappes aériennes de 80-90 par jour, comme c’est le cas actuellement, à près de 300 par jour.
Réseau International
http://www.ziaruldegarda.ro/rusia-schimba-radical-tactica-bombardamentelor-din-siria/