Le but de la science militaire est de chercher à s’assurer la maîtrise du combat par la localisation en temps réel des combattants ennemis, leur équipement et leurs intentions matérialisées par leurs manœuvres dans l’espace et le temps. L’avantage des avions de reconnaissance est qu’ils couvrent intégralement le théâtre d’opérations militaires, comme le territoire de la Syrie. Les opérations de l’armée syrienne qui se sont effectuées jusqu’à présent sans l’utilisation de drones (avions sans pilote) avec caméras thermo-vision dans l’infrarouge ou capteurs divers ont lamentablement échoué.
La doctrine des armées modernes, ainsi que celle de la Fédération de Russie prévoit de se faire une image complète du théâtre des opérations de la Syrie, de créer et d’exploiter un programme complexe, basé sur trois niveaux de collecte et de traitement des données. À cela, il faut ajouter des informations recueillies par les satellites d’observation militaires russes, équipés de capteurs de divers types.
Le premier niveau se rapporte à la sécurisation de chaque base où sont cantonnées les troupes russes en Syrie (aéroport de Lattaquié, le port de Tartous et Lattaquié). Ceci est assuré par 4-6 Mini drones (avions sans pilote) de type ZALA 421-08 (Strekoza). Ceux-ci sont utilisés par les unités de sécurité des bases russes, strictement pour éviter une attaque de rebelles syriens par surprise. Ces avions sont ultralégers, silencieux, avec un moteur électrique et un rayon d’action jusqu’à 30 km. Parallèlement à cela, le dispositif de surveillance des périmètres autour des bases russes est doté de drones de type MRK-46. Toutes les bases russes de la Syrie ont des dispositifs mobiles anti-aériens Pantsir-S1 et Tor, comme l’a précisé le commandant des forces de l’OTAN en Europe, le Général Philippe Breedlove.
Le deuxième niveau est axé sur la recherche des cibles pour les missions ultérieures et repose sur 36 drones type Yakovlev Pchela-1T et Orlan-10 (similaire à l’américain RQ-7 Shadow) volant à une altitude de 2 500-3 600 m. Ces drones sont équipés de dispositifs électro-optiques dans le spectre infrarouge, ce qui leur permet de voler de jour comme de nuit. Leur mission est de permettre la détection de tout rebelle syrien dans un rayon de 60 km autour des dispositifs offensifs russes.
Dans un précédent article, j’ai parlé des avions sans pilote de reconnaissance Pchela-1T, lancé de l’aéroport de Bassel Al-Assad, pour des vols de reconnaissance dans le Nord-Est de la région de Lattaquié.
Les sous-unités de chars russes (des photos prises par satellite montrent au moins 9 chars T-90S à l’aéroport de Lattaquié) possèdent 4-6 drones de reconnaissance Dozor 600 ou Altius, similaires aux MQ-1B Predator américains. Ces avions font partie du deuxième niveau de surveillance, leur rayon d’action couvrant le territoire entier de la Syrie. L’avion est équipé d’un capteur de mouvements SAR (Synthetic Aperture Radar), capable de détecter une cible en mouvement, et de distinguer l’ombre d’un homme se déplaçant de quelques dizaines de centimètres, et ce à une distance de plus de 700 m. Le Dozor est équipé de deux poutres dans les ailes où on peut accrocher deux missiles guidés par faisceaux laser, deux lanceurs de roquettes ou 6 bombes de 20 kg.
Pour ce deuxième niveau, les unités de l’armée russe coopèrent avec l’armée syrienne pour détecter et surveiller en permanence les groupes de rebelles pour déterminer leurs points faibles. Les commandants Syriens et Russes déterminent ensemble le meilleur moment pour les détruire.
Le troisième niveau de la collecte et du traitement des données des observations est étroitement lié aux troupes offensives au sol, dont un escadron composé de 16 hélicoptères de soutien Mi-24PN, Mi-35M et Mi-8AMTSh. Les capteurs de contrôle de tir et de surveillance des hélicoptères sont montés dans un carénage spécial qui contient une caméra TV de jour, une pour l’empreinte thermique pour la nuit, un petit radar dans la gamme millimétrique, et un émetteur de faisceau, avec télémètre laser pour diriger les armes de haute précision. Pour éviter que ces hélicoptères se fassent descendre par les avions israéliens et ceux de la coalition anti-ISIS dirigée par les Etats-Unis, ils disposent d’équipements de contre-mesures électroniques type Richag-AV.
Le troisième niveau de la collecte et de traitement des données de surveillance englobe les avions de reconnaissance ELINT à grand rayon d’action, avec un équipage spécialisé à bord. La Russie dispose d’environ 20 avions de type Il-20M1 qui ont un rayon d’action de 6 500 kilomètres et un plafond de 11,800 m. Un avion russe Il-20 M1, dont l’arrivée en Syrie n’avait pas été détectée, a été photographié par satellite à l’aéroport de Lattaquié.
La partie inconnue que ne verront jamais les photos par satellite dans le dispositif russe en Syrie, autrement plus importante que l’avion, est constituée par le système de commandement Hi-Tech automatisé de type C4I de l’Etat-Major, qui englobe les fonctions suivantes : commandement, contrôle, communications, ordinateurs, informations et interopérabilité.
Les systèmes C4I réunissent les dernières générations de microprocesseurs et de matériel de communication par satellite, intégrant des capteurs de détection et de guidage. Ils disposent, en outre, d’installations de mémoire et de serveurs propres avec des puissances de traitement de dernière génération, et sont sécurisés par cryptage numérique dans toute la gamme de fréquences, rendant impossible tout brouillage. Le C4I répartit automatiquement les cibles détectées par structure de reconnaissance vers chaque système de frappe terrestre russe et syrien (pièce d’artillerie, char, missile), ou vers ceux placés à bord de navires ou d’avions, en fonction de leur rayon d’action.
Avec RéseauInter