La déforestation liée à la culture du cacao pour l’industrie du chocolat se poursuit “sans relâche” en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux, dénonce l’ONG Mighty Earth dans un rapport publié vendredi.
“Malgré les engagements pris l’an dernier par les grands chocolatiers” et les Etats “en faveur d’un cacao sans déforestation”, celle-ci “s’est poursuivie sans relâche en Côte d’Ivoire et au Ghana”, y compris “à l’intérieur des zones protégées et des parcs nationaux”, accuse l’organisation internationale de défense de l’environnement, qui s’est appuyée sur des données satellitaires et des enquêtes de terrain.
En Côte d’Ivoire, qui produit 40% du cacao mondial, “des analyses satellites ont montré qu’entre novembre 2017 et septembre 2018, rien que pour la région cacaoyère du sud-ouest, environ 13.748 hectares de forêt ont été détruits, soit l’équivalent de 15.000 terrains de football”, précise l’ONG dans son rapport intitulé “Chocolat : mensonges sous emballage”.
L’an dernier, les principales entreprises du secteur du chocolat et du cacao s’étaient engagées, avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, à transformer la filière en créant l’Initiative Cacao et Forêts (ICF), pour mettre fin à la déforestation liée à la production de cacao, et de rendre cette dernière compatible avec la protection de l’environnement et des droits humains, notamment l’interdiction du travail des enfants, rappelle Mighty Earth.
“Or, depuis le lancement de l’ICF, le taux de déforestation s’est accru pour plus de la moitié des aires forestières inspectées en Côte d’Ivoire”. “Des cultivateurs surpris en train de défricher des forêts pour le cacao ont expliqué aux enquêteurs (de Mighty Earth) qu’ils n’étaient exposés à aucune sanction”.
Le secteur du chocolat “continue de s’approvisionner en cacao auprès de fournisseurs impliqués dans la destruction des dernières forêts d’Afrique de l’Ouest”, selon l’ONG.
La déforestation menace la stabilité climatique de la région et met en danger les derniers refuges des éléphants de forêts et chimpanzés de Côte d’Ivoire,avertit Mighty Earth.
L’organisation note cependant que “des progrès évidents ont été accomplis à certains endroits”, et qu’il “est donc possible pour ces sociétés (chocolatières) et les autorités locales d’entreprendre des changements positifs”.
Avec AFP