Le Covid aura au moins eu un aspect positif : il va accélérer la coordination des réseaux et offres ferroviaires au niveau de l’Europe. D’autant que le transport aérien est désormais dans le collimateur des gouvernements.
Une alternative attrayante sur des distances jugées jusqu’à présent peu attractives par les voyageurs, notamment d’affaires. C’est l’engagement qu’ont signé le 3 juin dernier 25 pays de l’Union Européenne – mais aussi la Norvège et la Suisse – pour favoriser le développement de lignes internationales rapides ou à grande vitesse sur le continent, et pour enfin coordonner les offres tarifaires. Les 25 signataires s’appuient sur la prise de conscience écologiste en Europe qui se traduit par une relative désaffection pour les lignes aériennes court-courrier mais aussi par l’acceptation croissante des voyageurs de prendre le train sur des trajets plus longs. De fait, de nombreux gouvernements encouragent également les voyageurs à repenser leur mode de déplacement. Les ministres des transports de l’Union pensent qu’il existe une véritable opportunité pour les services internationaux sur des parcours s’échelonnant entre 300 et 800 km.
Un mouvement qu’accompagnent déjà de nombreux pays qui ont mis en place des fiscalités dissuasives sur les lignes domestiques, comme c’est le cas en Scandinavie et désormais en Autriche (voir encadré). En France, le gouvernement a conditionné son aide financière à Air France à la suppression de lignes domestiques quand le train offre une alternative de moins de trois heures.
Les 25 pays européens ont ainsi convenu d’élaborer un « programme pour le transport ferroviaire international de passagers » en utilisant les outils existants et d’intégrer ces services dans le nouveau pacte « Green Deal » que met en place l’Union européenne. Ce pacte oriente le continent vers une croissance durable avec un objectif de neutralité carbone avant 2050.
Un effort qui mettrait le transport ferroviaire international au niveau des réseaux nationaux et favoriserait aussi le retour des trains de nuit. Dans une étude publiée par le Danemark, les autorités espèrent ainsi que la majorité des déplacements européens sur des distances jusqu’à 1200 km se feront en train d’ici 2030. Les chemins de fer suédois ont également publié un rapport envisageant la mise en place de trains de nuit rapide reliant Stockholm à Hambourg, Bruxelles et Cologne via le Danemark. Des correspondances permettraient à Cologne ou Bruxelles de rejoindre Paris.
Un calendrier des prochaines étapes de développement sur les douze prochains mois sera présenté le 19 juin à Bruxelles. En priorité figurent aussi la création d’un système d’achat de billets pour des voyages internationaux intégrant plusieurs opérateurs. Ils devraient être traités par des solutions numériques à travers une plate-forme en ligne du type « Skyscanner ». Cette accélération du calendrier intervient alors que le train offre une alternative de transport moins contraignante dans un monde post-COVID. L’Union Européenne a d’ailleurs déclaré 2021 « Année Européenne du Rail ». « Il ne fait aucun doute que le transport ferroviaire apporte des avantages considérables dans la plupart des domaines : durabilité, sécurité et même vitesse, dès lors qu’il est organisé et conçu selon les principes du XXIe siècle », soulignait Adina Vălean, commissaire européenne aux transports lors de l’annonce de 2021, année du rail.
Cette date a été retenue alors que le ferroviaire fêtera de nombreux événements, du 40e anniversaire du TGV en France à la première année de la totale dérégulation des transports ferroviaires en Europe, ou encore à la commémoration des 175 ans de la première ligne ferroviaire internationale en Europe, reliant Bruxelles à Paris.
L’Autriche coupe les ailes aux billets bon marché sur les court-courriersEn Autriche, le gouvernement a pris la décision d’avancer d’un an une augmentation des taxes aériennes sur les billets, une mesure qui devrait faire perdre aux compagnies aériennes une partie de leur trafic passagers sur les liaisons court courrier. Une taxe aérienne était jusqu’à présent appliquée sur tous les vols, à hauteur de 3,50 euros pour les vols court-courrier et de 17,50 euros pour les long-courrier. Avant la fin de l’année est désormais prévue une augmentation des taxes sur les vols court courrier liée à l’introduction d’une loi anti-dumping sur les tarifs aériens. Désormais une taxe de 12 euros sera appliquée sur chaque vol au départ ou à l’arrivée en Autriche, quel que soit la distance. A une exception de taille cependant : la taxe se montera à 30 euros pour toutes les distances de moins de 350 km, bannissant de facto les vols low-cost sur un nombre important de destinations. Au départ de Vienne, cela concerne toutes les lignes intérieures, et les liaisons sur Budapest, Prague, Ljubljana et Zagreb. De Salzburg, les vols vers Zurich seraient également dans le collimateur. Le couperet passerait même sur la ligne Vienne-Munich reliant les deux importants hubs du groupe Lufthansa. La distance à vol d’oiseau est en effet de 340 km ! Lufthansa négociera probablement … |
Les CFF reprennent un service normal en SuisseLes chemins de fer fédéraux suisses CFF proposent désormais la quasi-totalité de leur offre depuis le 8 juin, selon une annonce officielle de l’exploitant ferroviaire. Ce retour à la normale concerne notamment le trafic national grandes lignes, le trafic régional et une grande partie des lignes internationales. Seuls les trains de nuit et certaines liaisons aux heures de grande affluence ne seront probablement pas rétablis avant la fin de l’été. Depuis le 8 juin, les CFF ont réintroduit la ligne IC1 entre Genève-Aéroport – Berne –Zurich – St-Gall, IC2 Zurich–Lugano et d’une cadence toutes les trente minutes entre Bâle et Zurich. Dans le même temps, les CFF reprennent une cadence semi-horaire sur la ligne IR36 entre Bâle et Zurich Aéroport. Plus de trains sont également proposés pendant les heures de forte affluence entre Berne et Zurich, ainsi que dans les régions de Bâle et de La Chaux-de-Fonds. |
Avec : voyages-d-affaires.com