L’économie ivoirienne en pleine croissance perd annuellement 1,5 milliard d’euros à cause du mauvais état des routes, alors que le pays s’est lancé dans un vaste programme de réhabilitation de ses infrastructures, a déploré un haut responsable du secteur mardi.
« La récolte cacaoyère dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, les produits vivriers, les noix de cajou (1er mondial) ne sont pas totalement évacués, à cause des routes impraticables, surtout en saison pluvieuse », a expliqué Demba Pierre, directeur général de l’Agence de gestion des routes (Ageroute).
Le patron de l’Ageroute (maître d’oeuvre des travaux) a chiffré à « 1.000 milliards de FCFA (1,5 milliard d’euros) le manque à gagner pour l’économie nationale chaque année ».
Pour remédier à cette situation, le gouvernement ivoirien affirme avoir investi plus de 1.100 milliards de FCFA (1,6 milliard d’euros) depuis 2011 dans la construction et la réhabilitation de près de 600 km de routes et la construction d’infrastructures comme le troisième pont d’Abidjan.
Le réseau routier ivoirien, l’un des plus importants en Afrique de l’ouest, compte 15.000 kilomètres de routes, dont 6.500 km bitumées, avec une moyenne d’âge de 30 ans, certains tronçons étant dans « un état de dégradation très avancée ».
La Côte d’Ivoire va également investir près de 3.000 milliards de FCFA (4,5 milliards d’euros) dans les cinq prochaines années dans le développement des infrastructures.
Les investissements annoncés concernent notamment le quatrième pont d’Abidjan qui va relier la commune populaire de Yopougon (le plus grande du pays) au quartier du Plateau, centre des affaires. « Ce projet le plus attendu » a déjà bénéficié d’un financement de 155 milliards de FCFA (236 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD).
Les travaux de construction de l’autoroute reliant Abidjan à Ouagadougou (la capitale du Burkina Faso), sur une distance de 1.100 km, font également partie de ces investissements. Abidjan doit compléter 330 km d’autoroute sur les 650 appartenant à la partie ivoirienne.
La croissance économique record ivoirienne, 7% par an en moyenne depuis 2011, est tirée par les grands travaux.
Mais cette politique est stigmatisée par une partie de la population, pour qui la croissance est insuffisamment partagée. En témoigne le slogan « On ne mange pas (les) routes ou (les) ponts », en vogue dans le pays.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a promis lors de son allocution de nouvel an un grand effort social, avec un programme de 727,5 milliards de FCFA (1,1 milliard d’euros) sur deux ans.
AFP