La Côte d’Ivoire rapproche un peu son système de commercialisation du cacao de celui du Ghana voisin. Pour profiter des opportunités de marché, le Conseil du Café-Cacao vend désormais la future récolte ivoirienne directement aux exportateurs, de gré à gré.
La vente du cacao aux enchères a vécu en Côte d’Ivoire. Depuis la fin de l’année dernière le Conseil du Café-Cacao, l’organe public de gestion de la filière, vend directement les droits d’exporter par téléphone. Sur 600 000 tonnes de fèves commercialisées depuis juillet dernier, 200 000 tonnes auraient déjà été promises de cette façon, nous a confié un opérateur du négoce. A terme, la majorité de la campagne actuellement en vente, à savoir la récolte 2019-2020, qui n’existe pas encore dans les arbres, devrait être vendue de cette manière, de gré à gré.
Moins rigide
Le système d’enchères par messagerie était certes transparent et auditable, une garantie pour les bailleurs internationaux lors de la réforme de la filière en 2012. Mais il était très rigide, avec deux fenêtres d’enchères seulement par jour et une répartition très stricte des volumes entre les quatre acheteurs les plus offrants. La messagerie n’avait par ailleurs pas pu empêcher les défauts des opérateurs les moins solides lors du plongeon des cours il y a deux ans. Ce qui avait coûté cher au Conseil du Café-Cacao.
Choisir les exportateurs
Désormais l’organe public choisit les acheteurs, il peut écarter ceux qui n’ont pas les garanties suffisantes. Le Conseil du Café-Cacao peut aussi vendre à tout moment de la journée pour profiter des opportunités de prix, les cours mondiaux changeant en permanence. Les acheteurs de leur côté ont plus de facilité pour se couvrir sur les marchés à terme.
Début de concertation avec le Ghana ?
Ce modèle se rapproche de celui du Ghana. Le Cocobod y vend aussi les fèves par anticipation au moment qui lui convient. Un début de concertation entre les deux champions mondiaux du cacao sur le tempo de la commercialisation ? Jusqu’à présent, ils étaient très concurrents, jusque dans les variations monétaires entre euro et dollar.
Taxes et prix garantis au producteur
Pourtant le rapprochement des systèmes s’arrête là. Le Cocobod ghanéen achète les fèves aux planteurs. Le Conseil du Café-Cacao ne distribue que des droits d’exportation. Un système qui permet tout de même à la Côte d’Ivoire de prélever des taxes et de perpétuer un prix garanti au producteur, ce qui est crucial, à quelques mois des élections.
Avec RFI