Chez les hommes, 11% des décès sont liés à l’alcool. Son impact sanitaire est considérable, écrivent des chercheurs de Santé publique France, qui dévoilent une étude réalisée à partir de données de 2015.
Un impact sanitaire “considérable”. La part des décès dus à l’alcool reste très importante en France, puisqu’il est responsable de 41 000 des 580 000 décès comptabilisés en 2015 (derniers chiffres disponibles), ce qui équivaut à 7% des décès. La consommation d’alcool “est donc responsable d’une part importante des décès avant 65 ans”, écrivent les auteurs de cette étude de Santé publique France, dévoilée mardi 19 février et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Chez les hommes, 11% des décès sont liés à l’alcool, ce qui représentent 30 000 décès. Chez les femmes, ce pourcentage est de 4% (11 000 décès).
Effets nocifs même avec moins de deux verres par jour
Ces résultats traduisent donc une légère baisse par rapport à la précédente étude du genre, menée sur des données collectées en 2009 (49 000 décès). Une différence qui s’explique “en grande partie” par la diminution de la mortalité pour les causes liées à l’alcool et, “dans une moindre mesure”, par la baisse de la consommation, passée en moyenne de 27 à 26 grammes (2,5 verres standards environ) d’alcool pur par jour sur cette même période.
Ce recul de la consommation n’est toutefois pas suffisant pour endiguer le nombre de morts. Certes, 90% des décès attribuables à l’alcool sont “liés à des consommations de plus de cinq verres par jour”, mais les effets nocifs sont déjà présents “même avec une consommation modérée de 7 à 18 grammes [moins de deux verres standards] d’alcool pur par jour”.
La consommation d’alcool est l’unique responsable de nombreuses maladies, comme la gastrite alcoolique, la fibrose et cirrhose du foie. Mais la boisson peut également augmenter le risque de contracter un cancer de la cavité buccale, du pharynx, de l’œsophage, du côlon et rectum, du foie, du larynx et du sein. Elle est aussi susceptible d’entraîner des maladies cardiovasculaires (arythmie cardiaque, AVC hémorragique ou ischémique…), des traumatismes mortels et un risque accru de décès pour les personnes épileptiques.
Les cancers représentent chez les hommes la première cause de décès attribuable à l’alcool avec plus de 12 000 décès, tandis que les pathologies cardiovasculaires arrivent en première position chez les femmes, avec 4 000 décès (3 500 pour le cancer).
Une tendance à sous-estimer sa consommation
Cette étude reconduit la méthodologie, déjà utilisée en 2009 lors d’une précédente évaluation de la mortalité. Cette fois, 20 178 personnes ont été interrogées sur leur consommation d’alcool en 2002 et 2003, puis les auteurs ont corrigé ces données en les croisant avec les chiffres de la vente d’alcool. Les déclarants ayant la fâcheuse tendance à sous-estimer le nombre de verres avalés, les données ont été révisées. En se basant simplement sur les déclarations de l’échantillon, le nombre de décès liés à l’alcool serait de 23 000.
Une autre difficulté a résidé dans le calcul des décès, dans le cas de maladies qui peuvent avoir plusieurs autres facteurs que l’alcool. Les auteurs ont donc utilisé une formule prenant en compte le risque relatif lié à l’alcool pour chaque maladie.
La consommation moyenne d’alcool a beaucoup diminué au cours du siècle passé. Elle était de 65 grammes d’alcool pur par adulte et par jour à la fin des années 1930, avant de baisser de 57 à 26 grammes par jour entre 1957 et 2013. Mais depuis, la courbe a cessé de baisser, rappellent les auteurs de l’étude. “Il est nécessaire d’en réduire la consommation en France, notamment en incitant la population, dont la consommation moyenne est aujourd’hui de 2,6 verres par adulte et par jour, de l’abaisser à moins de dix verres par semaine, dose qu’il est recommandé de ne pas dépasser”.
Avec francetvinfo