La Chine annonçait en janvier dernier que sa production de charbon avait baissé pour la première fois en un siècle de 0,5 à 2,5%. Parmi les raisons de cette diminution, la principale est sans doute ses investissements colossaux dans les énergies renouvelables. Elle a d’ailleurs annoncé son nouveau projet en matière de conquête spatiale : une station « ferme solaire » qui tournerait en orbite autour de la terre pour 2020. Mais sur terre, les panneaux photovoltaïques se développent également à toute vitesse.
En effet, la Chine a développé au premier trimestre 2015 autant de production d’énergie solaire que toute la capacité annuelle de la France. Sur un seul trimestre, selon les statistiques de l’Administration Nationale de l’énergie, la Chine aurait ajouté 5,04 Gigawatts (GW) à ses capacités de production solaire. Elle aurait l’intention d’ajouter 18 GW supplémentaire à sa capacité actuelle de 33 GW rien que pour l’année en cours. La France, quant à elle, comptabilise une capacité de production d’électricité solaire totale de 5,07 GW à ce jour.
La Chine devrait bientôt être le plus grand pays producteur d’énergie solaire. La production du pays au 1,3 milliard d’habitants a même dépassé les objectifs définis par le plan quinquennal. En 2015, en toute logique, elle devrait donc détrôner l’Allemagne. Mais elle n’est pas uniquement la championne en énergie photovoltaïque. En matière d’énergie renouvelable, elle a dépensé près de 80 milliards d’euros en 2014. Un rapport de Climate Group, montre qu’il ne faudra « que » 7 à 9 ans pour rentabiliser ces investissements.
Il reste néanmoins un long chemin à parcourir avant que la Chine ne parvienne à contrôler ses émissions, autant que les autres pays du monde. Le charbon compte encore pour 60% du mix énergétique chinois. Pour cause, il existe des niveaux de développement extrêmement différents d’une région à l’autre. Quand Pékin mène un combat contre le charbon, des régions comme le Shaanxi ou la Mongolie intérieure ouvrent de nouvelles centrales à charbon pour soutenir leur croissance. En pratique, toutes les régions n’ont pas les mêmes moyens d’investir dans ces énergies renouvelables. Enfin, il n’y a pas en Chine de réseau électrique intelligent, comme en Europe, capable de répartir la production d’électricité rapidement et efficacement. Quant à la « filière recyclage » de ces panneaux, elle reste à être développée.
Le plan quinquennal du parti central prévoit une réduction de 17% d’émission de dioxyde de carbone par unité de PIB entre 2010 et 2015. Pour 2020, l’énergie renouvelable devrait atteindre une part de 15% dans le mix énergétique. Mais l’énergie solaire ne parviendra pas, à elle seule, à contrebalancer la production de charbon en Chine. Cependant, ce progrès montre l’appétit chinois en matière d’énergie de tout type. Cette diminution de production de charbon permet à la Chine d’obtenir une position plus favorable dans les négociations internationales sur le climat. Mais pour poursuivre sur sa lancée, la République Populaire continuera probablement à soutenir l’industrie photovoltaïque sur ses terres et par conséquent, défavorisera le marché européen incapable d’affronter un dumping jugé déloyal par l’Europe elle-même. Reste à déterminer nos priorités : la transition énergétique ou l’économie ?
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