ESPACE – La Chine a dévoilé ce mardi 6 novembre une réplique de sa première grandestation spatiale. Celle-ci devrait être assemblée aux alentours de 2022 et succéder à la Station spatiale internationale (ISS).
Surmonté d’un mannequin en tenue de cosmonaute et flanqué du drapeau national rouge et jaune, l’engin était l’une des principales attractions du Salon d’aéronautique et d’aérospatiale de Zhuhai (sud). Dans le détail, la station spatiale chinoise (CSS), également appelée Tiangong (“Palais céleste”) comprendra trois parties.
Une durée de vie estimée à dix ans
Présenté mardi, le module principal, long de près de 17 mètres, constituera le lieu de vie et de travail. Tiangong sera également composée de deux modules annexes, dédiés aux expériences scientifiques. Trois astronautes pourront vivre en permanence à bord de l’engin, d’un poids total d’au moins 60 tonnes et équipé de panneaux solaires. Ils pourront effectuer des recherches en matière de science, de biologie ou de micropesanteur.
La CSS devrait être assemblée dans l’espace “autour de 2022”. Sa durée de vie est estimée à dix ans. “Palais céleste” deviendrait alors la seule station à évoluer dans l’espace après la retraite programmée en 2024 de la Station spatiale internationale (ISS), qui associe Etats-Unis, Russie, Europe, Japon et Canada. Elle sera cependant nettement plus petite.
Une station spatiale ouverte “à tous les pays”
“La Chine utilisera sa station spatiale de la même manière que les partenaires de l’ISS utilisent actuellement la leur: recherche, mise au point de technologies et préparation des équipages chinois aux vols de longue durée”, explique Chen Lan, analyste pour GoTaikonauts.com, un site internet spécialisé dans le programme spatial chinois.
La Chine a par ailleurs annoncé en mai avec le Bureau des affaires spatiales de l’ONU que sa station serait ouverte “à tous les pays” afin d’y mener des expériences scientifiques. Instituts, universités et entreprises publiques et privées ont été invités à déposer des projets. Pékin en a déjà reçu 40 de 27 pays et régions, des propositions qui doivent encore faire l’objet d’une sélection, a indiqué en octobre la télévision d’Etat CCTV.
Des astronautes envoyés par l’agence spatiale européenne en Chine
“Au fil du temps, je suis sûr que la Chine va nouer des partenariats fructueux”, prédit Bill Ostrove, spécialiste des questions spatiales chez Forecast International, un cabinet de conseil américain.
“Beaucoup de pays et un nombre croissant d’entreprises privées et d’universités ont des programmes spatiaux, mais pas d’argent pour construire leur propre station spatiale. La possibilité pour eux (grâce à la Chine) d’envoyer des charges utiles sur une plateforme de vol habité et d’y mener des expériences est quelque chose d’extrêmement précieux”, observe-t-il.
L’agence spatiale européenne (ESA) envoie déjà des astronautes suivre des formations en Chine, avec l’objectif qu’ils volent un jour à bord de la station chinoise.
Dominer l’espace “n’a jamais été l’objectif pour la Chine”
La présentation de Tiangong s’inscrit dans une véritable stratégie menée par l’Empire du milieu. La Chine investit en effet des milliards dans son programme spatial, piloté par l’armée. Elle place des satellites en orbite, pour son compte (observation de la Terre, télécommunications, système de géolocalisation Beidou) ou pour d’autres pays. Elle espère également envoyer un robot sur Mars et des humains sur la Lune.
Le géant asiatique deviendra “l’une des grandes puissances de l’espace”, mais la Russie, le Japon et l’Inde continueront à jouer “un rôle majeur” et “les Etats-Unis restent la puissance spatiale dominante” à l’heure actuelle, avance Bill Ostrove.
“Dominer l’espace n’a jamais été un objectif pour la Chine”, assure Chen Lan. “Mais les enjeux commerciaux deviennent de plus en plus importants dans l’espace, et elle perçoit l’innovation et la science comme d’importants moteurs économiques.”
Avec weforum