Le ministre de la Promotion des investissements et du secteur privé attend beaucoup du forum Invest in Mali 2017, qui se tiendra à Bamako les 7 et 8 décembre. Objectif : changer l’image du pays, montrer que le cadre et le climat des affaires sont propices aux capitaux étrangers, et persuader les investisseurs qu’il fait bon y travailler.
Konimba Sidibé : Elle se porte très bien. Depuis plusieurs années, notre taux de croissance tourne autour de 5 %-6 %. L’inflation oscille entre 0,9 % et 1,5 % depuis trois ans. Notre déficit budgétaire se réduit. Notre filière coton a connu une récolte record en 2016.
Comment évoluent les flux d’investissements étrangers vers le pays ?
Nous n’avons pas de chiffres très précis, mais de nombreux investisseurs étrangers viennent nous voir dans le but d’ouvrir de nouvelles entreprises. À l’exception de 2013, où l’élan s’est affaibli, le flux demeure vigoureux. C’est bon signe.
On juge le pays à partir d’impressions qui n’ont rien à voir avec la réalité
Qu’attendez-vous du forum Invest in Mali ?
D’abord, nous voulons changer l’image de notre pays. On a tendance à le juger sur la base d’impressions qui n’ont absolument rien à voir avec la réalité. Par exemple, beaucoup de gens s’imaginent qu’il y a des gendarmes à tous les coins de rue à Bamako ! C’est faux.
Ensuite, nous voulons faire connaître les potentialités du Mali, qui sont considérables. Enfin, nous voulons répondre par l’affirmative à la question « peut-on faire des affaires au Mali ? ». Le dernier classement « Doing Business » de la Banque mondiale nous place au premier rang de la sous-région.
Quelles réformes avez-vous menées à bien pour faciliter la vie des entreprises ?
Pour simplifier le travail de l’entrepreneur et lui éviter de courir en tous sens, nous avons mis en place un guichet unique qui lui permet de créer sa société en soixante-douze heures. C’est un progrès énorme. Nous sommes en train de dématérialiser les procédures, notamment pour le commerce transfrontalier. Et la réforme de notre code des investissements rendra notre pays encore plus attrayant.
Quels sont les secteurs identifiés comme prioritaires ?
L’agriculture, parce que nous sommes le premier producteur de céréales de la région, le deuxième producteur de coton d’Afrique et que 2 millions d’hectares attendent d’être mis en valeur, ainsi que l’élevage, parce que nous disposons du premier cheptel d’Afrique de l’Ouest et qu’il tarde à être valorisé comme il le devrait.
Ensuite, le secteur de l’énergie, car notre déficit en électricité atteindra 22 600 GWh d’ici à 2030 : qu’il s’agisse de futures centrales thermiques, solaires, hydroélectriques ou de biomasse, l’État s’est engagé à acheter toute leur production. Enfin, quatrième priorité : le transport, un secteur vital dans notre pays, où les distances sont énormes.
Où en est la lutte contre la corruption engagée par votre gouvernement ?
La corruption est un obstacle majeur au développement. C’est pourquoi nous avons créé des institutions pour la réprimer, comme l’Office central contre le crime organisé, dont les rapports sont publiés et montrent que la transparence s’améliore. Il faut que tous les hauts fonctionnaires fassent connaître leur patrimoine.
Au bout de la chaîne, reste à assurer la punition des fautifs. Il y a encore beaucoup à faire en ce domaine, mais nous travaillons à réformer notre justice pour que les magistrats prennent les bonnes décisions.
Comment apaiser les craintes des étrangers concernant l’insécurité ?
La majorité de notre territoire est peu affectée par les troubles. Notre effort sécuritaire est de plus en plus efficace et la mise en place du G5 Sahel le rendra encore plus pertinent. Par ailleurs, les accords de paix avancent à grands pas, avec la création de nouvelles régions et l’installation de nouvelles autorités locales. C’est de très bon augure.
Avec Jeuneafrique