Ivoiresoir.net vous propose les trois grandes déclarations de Kofi Annan sur la Côte d’Ivoire. L’ancien secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix est décédé ce 18 août 2018, en Suisse à l’âge de 80 ans.
Je suis profondément consterné par les mutineries militaires qui ont miné la Côte d’Ivoire ces dernières semaines. Ce sont des revers non seulement pour le développement économique et la réputation de la Côte d’Ivoire, mais également pour le progrès démocratique de l’Afrique.
Le recours aux armes et la rançon du pays ne sont pas des moyens acceptables d’exprimer les doléances des militaires. Les forces armées doivent agir dans le cadre de la loi et présenter leurs demandes paisiblement par la voie hiérarchique, et non pas à la pointe d’un fusil ou en intimidant le peuple.
De tels actes sont surtout décalés par rapport à la longue lutte de l’Afrique en faveur de gouvernements démocratiques et responsables. En tant qu’Africains, nous devons nous assurer que les destins de nos pays soient pris en main par des dirigeants élus démocratiquement reflétant la volonté du peuple, et non pas par la force des armes.
Kofi Annan, Genève, 10 février 2017
Nous sommes venus parce que nous savons que votre pays a vécu des moments très difficiles. Nous sommes venus soutenir la population, les Ivoiriennes et les Ivoiriens, votre pays et tout le monde. Nous savons qu’il y a beaucoup à faire et nous espérons que notre présence ici nous permettrons d’avoir des échanges de vue pour voir ce que nous pouvons faire pour aider. Nous aimerions aussi vous écouter pour savoir ce qui se passe et voir ce que nous pouvons faire, quelle est la situation actuelle.
Si nous sommes là, c’est pour soutenir la population et le processus de réconciliation qui est absolument nécessaire. Il faut reconstruire l’économie également. J’espère que nous pourrons discuter de tout cela pour voir ce que la communauté internationale peut faire pour aider.
Kofi Annan, Abidjan, 1er mai 2011
Je suis sérieusement préoccupé par l’aggravation de la situation en Côte d’Ivoire et déplore le nombre croissant de morts. Je me joins aux nombreuses voix, et avant tout à celles de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union Africaine, qui appellent l’ancien Président Laurent Gbagbo à céder la place et à respecter la volonté du peuple. Celui-ci a choisi Alassane Ouattara et aucune répression, aussi brutale et longue soit-elle, ne pourra altérer ni cette décision, ni la légitimité de M. Ouattara. La communauté internationale a accepté la victoire de M. Ouattara et l`encourage dans ses efforts pour ramener la paix et la réconciliation en Côte d`Ivoire.
J’invite M. Ouattara et M. Gbagbo à exercer la plus grande retenue et à éviter tout acte menant à de nouvelles confrontations. J`appelle les forces militaires et policières de la Côte d`Ivoire à protéger la population civile, à éviter l`usage excessif de la force et à s`abstenir de toute activité mettant de nouvelles vies en danger. Je leur demande également de cesser toute action visant à entraver le travail pacifique et essentiel de l’Organisation des Nations Unies. Les soldats et les policiers doivent se souvenir de leur devoir sacré de servir et de protéger le peuple de Côte d`Ivoire et se détourner de ceux qui s’accrochent au pouvoir de façon illégitime au prix de la paix et du progrès. Ceux qui défient la volonté du peuple et ordonnent ou commettent des actes de violence auront à répondre de leurs actes et en seront tenus responsables. Je suis fier des nombreuses personnes en Côte d’Ivoire qui se dressent contre l`injustice et la répression actuelle. Qu’elles puisent courage dans la certitude que le monde entier est à leurs côtés.
Enfin, je lance un appel à tous les Ivoiriens afin qu’ils refusent la manipulation des différences tribales, travaillent ensemble pour la paix, la stabilité et la réconciliation et exigent le respect des lois et des droits humains».
Kofi Annan, 22 décembre 2010
Avec ivoirsoir