Kobenan Kouassi Adjoumani : Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture, du Développement
Dans l’arène politique ivoirienne, certains noms s’inscrivent dans la durée avec la constance d’un métronome. Kobenan Kouassi Adjoumani est de ceux-là. Né le 1er janvier 1963 à Amanvi, dans le département de Tanda, ce fils de l’Est s’est lentement mais sûrement forgé une stature de baron politique incontournable, à force de loyauté, de convictions et d’un flair politique affûté.
C’est dans les couloirs du lycée moderne de Bondoukou, dont il préside la coopérative entre 1982 et 1984, que l’homme commence à esquisser les traits d’un leadership précoce. Diplômé du prestigieux baccalauréat série A2 en 1984, il entame une ascension académique solide, passant par les bancs de l’École normale supérieure (ENS) d’Abidjan, puis décrochant une licence en lettres modernes et en linguistique appliquée à l’enseignement du français. En 1989, il obtient le CAPES, sésame des enseignants de l’élite.
Mais Kobenan Kouassi Adjoumani ne s’est jamais contenté d’enseigner la langue de Molière. Déjà à l’université, il affiche ses ambitions en prenant la tête de la cité universitaire d’Abobo, avant de devenir vice-président du MEECI, véritable vivier de futurs cadres politiques ivoiriens.
C’est donc sans surprise que sa trajectoire bifurque vers la politique. Élu député en 1995, il entame une carrière parlementaire qui le mènera jusqu’à la tête du Conseil régional de Tanda en 2001. L’année suivante, il entre dans le gouvernement comme ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques. Un portefeuille technique, qu’il gère avec discrétion mais efficacité jusqu’en 2005, puis à nouveau à partir de 2011.
Depuis, il n’a plus quitté les sphères du pouvoir. Qu’il soit ministre d’État, patron de l’Agriculture, président de commission parlementaire ou conseiller spécial, Adjoumani est devenu une figure centrale des gouvernements successifs, du temps de Guillaume Soro à celui de Robert Beugré Mambé.
Longtemps pilier du PDCI-RDA, il en fut même vice-président du groupe parlementaire et membre du Bureau politique. Mais l’histoire politique récente retiendra surtout son ralliement décisif au RHDP, en 2018, alors qu’Henri Konan Bédié refusait d’embarquer dans la nouvelle aventure houphouëtiste. Adjoumani, lui, choisit la rupture. Il lance son propre mouvement, Sur les traces d’Houphouët-Boigny, et fait allégeance au RHDP. Une décision qui lui vaut l’exclusion du PDCI, mais qui scelle sa fidélité au président Alassane Ouattara.
En 2021, il est confirmé au poste stratégique de ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Patrick Achi, avec le rang de ministre d’État. Deux ans plus tard, il triomphe aux régionales dans le Gontougo, consolidant encore son ancrage local. En octobre 2023, le gouvernement Mambé le reconduit une nouvelle fois. Une preuve, s’il en fallait, de sa longévité et de sa solidité.
Aujourd’hui, à plus de 60 ans, Kobenan Kouassi Adjoumani continue de tracer son sillon dans le champ politique ivoirien avec une constance presque rare dans un paysage aussi mouvant. Un homme de réseaux, de fidélité et d’équilibre, dont le parcours ressemble à celui d’un funambule, mais qui n’a jamais vacillé.