L’opposant kenyan Raila Odinga maintien sa décision de prêter serment le 12 décembre prochain comme « président élu du peuple ». L’initiative a été jugée anticonstitutionnelle par la justice kenyane et les Etats-Unis ont également appelé l’opposant à surseoir à son projet.
Raila Odinga n’en démord pas ! Il prêtera bel et bien serment le mardi 12 décembre prochain en tant que « président élu par le peuple » comme il l’a annoncé la semaine dernière. Et ce n’est ni les menaces du procureur général et encore moins les mises en garde des Etats-Unis contre une « procédure anticonstitutionnelle » qui vont l’en empêcher.
C’est en tout cas ce qu’il a laissé entendre ce jeudi 7 décembre. « Les problème kényans seront résolus par le peuple kényan » a déclaré le principal opposant kenyan en réponse à la mise en garde publiée hier par le département d’Etat à travers son ambassade à Nairobi. Washington avait invité l’opposition à privilégier les voies légales pour contester les résultats de la dernière présidentielle, objet du litige qui l’oppose à Uhuru Kenyatta. Par la même occasion, les Etats-Unis ont qualifié la cérémonie de prestation de serment qu’envisage Odinga de « procédure anticonstitutionnelle ». « Ne venez pas nous crier que nous allons violer la Constitution » a retoqué l’opposant.
Scénario à la gabonaise
Le mardi 12 décembre, jour de fête nationale au Kenya, s’annonce donc comme une nouvelle journée d’incertitudes dans cette crise politique qui secoue le pays depuis l’élection présidentielle d’août dernier dont les résultats ont été annulés par la Cour suprême pour irrégularités.
L’opposant arrivé second derrière le président sortant n’a pas estimé nécessaire de participer au scrutin qui a été repris le 26 octobre dernier et que Uhuru Kenyatta a remporté sans coup férir. Il a d’ailleurs prêté serment pour un second mandat le mardi 28 novembre dernier devant des milliers de ses sympathisants et en présence d’une dizaine de chefs d’Etat étrangers ainsi que des délégations en provenance d’une vingtaine de pays. Pour ce second scrutin, la Cour constitutionnelle a en effet validé les résultats mais l’opposition continue à en rejeter le processus estimant avoir remporté la présidentielle dès la première élection.
C’est sur cette base que Raila Odinga, le candidat de la coalition NASA entend prêter serment, un scénario à la gabonaise, et ainsi maintenir la fronde contre le régime.
Ce jeudi, le procureur général du pays est entré également en scène en avertissant l’opposition que son projet d’investiture pourrait constituer « un crime de haute trahison selon la loi pénale de la République du Kenya ». Dans un point de presse qu’il a animé, Githu Muigai a martelé que « c’est de la haute trahison de la part de la personne impliquée et de toute autre personne qui facilite ce processus ».
Il reste à savoir si ces menaces à peine voilées vont refroidir l’ardeur de l’opposant et de ses militants. Des manifestations ont été déjà réprimées par la police kenyane et le pays est régulièrement abonné aux crises postélectorales. En tout cas et même si la situation pourrait encore s’envenimer, le président Uhuru ne semble point ébranlé par la situation politique et le projet de la coalition de l’opposition.
Avec latribuneafrique