Le Kenya et l’Ethiopie sont en voie de devenir les nouveaux poids lourds du continent africain en termes d’investissements. Avec, en perspectives, la possibilité de supplanter les géants actuels que sont le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte.
Cette éventualité constitue l’une des principales conclusions de la première édition du rapport Africa Risk-Reward Index, élaboré par le cabinet d’expert-conseil mondial sur les risques, Control Risks et NKC African Economics, filiale majoritaire d’Oxford Economics, spécialisée dans la recherche politique et macroéconomique en Afrique et basée en Afrique du Sud.
Selon Control Risks, ce nouvel index, qui entre dans la continuité de ces activités de conseil sur le risque lié à l’investissement en Afrique, fournit aux investisseurs actuels et potentiels, une synthèse des risques et des opportunités dans 25 pays de la région.
Ainsi, l’indice Africa Risk-Reward répertorie le rendement de chaque pays par rapport aux pairs africains et souligne comment certaines des plus grandes économies africaines sont dépassées par de plus petits concurrents. La position de chaque pays est définie par son score de risque et de récompense ; la taille de sa bulle représentant la taille du PIB du pays.
A cet effet, le rapport souligne que certaines économies africaines ne peuvent raisonnablement être négligées par un investisseur sérieux. L’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Égypte, les poids lourds continent, sont à juste titre sur les radars de tous. Et la reprise récente au Nigeria et en Afrique du Sud sont de bons signes pour les entreprises.
S’agissant par exemple du Nigeria, le rapport estime que, même si le pays reste attrayant en raison de ses matières premières, la baisse des cours du pétrole, ajoutée aux troubles sécuritaires avaient un impact assez négatif sur son économie. « Une baisse du prix du pétrole et une baisse de la production (suite à une recrudescence des attaques militantes dans le delta du Niger) ont entraîné une baisse de la croissance du PIB, passant de 6,3% en 2014 à 2,7% en 2015, alors que l’économie se contractait de 1,6% en 2016 » précise Control Risks.
Quant à l’Afrique du Sud, le rapport note que la bonne réputation dont jouissait le pays en ce qui concerne ses institutions, s’est progressivement dégradée. De plus, les divisions au sein du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), devraient compromettre la stabilité des politiques dans certains secteurs, y compris l’énergie. Par ailleurs, « la faible demande locale, le chômage élevé, la sécheresse et la demande mondiale hésitante pour les exportations sud-africaines ont entraîné une croissance du PIB réel de seulement 0,3% en 2016, la plus lente depuis 2009 » fait remarquer Control Risks.
Du côté de l’Egypte, le rapport Africa Risk-Reward Index relève une certaine stabilité politique incarnée par le président Abdel Fatah al-Sisi. Ceci, en dépit d’une série de défis économiques et sécuritaires dans le pays. En effet, selon Control Risks, la répression du gouvernement contre les groupes d’opposition, les groupes islamistes et le militantisme persistant, continuera d’avoir un impact sur l’environnement des affaires. Quand d’un autre côté, les taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes (près de 40%) continue de constituer une menace pour l’environnement sécuritaire.
Par ailleurs, les revenus du canal de Suez sont en baisse, en raison de la faiblesse des volumes commerciaux internationaux. Ajouté à cela, la faiblesse des prix du pétrole. En outre, « les prix plus élevés ont réduit le pouvoir d’achat des Égyptiens, affectant de manière disproportionnée les 27% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. La croissance du PIB réel devrait ainsi ralentir en 2017 (à 3,8%, contre 4,3% en 2016) en raison de ce ralentissement de la consommation » soutient Control Risks.
En face de ces poids lourds, le rapport Africa Risk-Reward Index met en lumière certains pays tel que l’Éthiopie et le Kenya « qui méritent un regard étroit sur les opportunités qui existent maintenant et dans les années à venir ».
Ainsi, l’Éthiopie, qui a attiré environ 3,2 milliards $ d’IDE en 2016, plus que le Nigeria et le double du Maroc, constitue l’une des futures pépites du continent selon le rapport. Le pays s’est maintenu comme l’une des économies les plus dynamiques du continent depuis plus d’une décennie et continue d’offrir de fortes perspectives de croissance. « La croissance annuelle du PIB réel s’est établie en moyenne de plus de 10% entre 2010 et 2015. Bien qu’en baisse par rapport aux 9,6% enregistrés en 2015, la croissance atteignait encore une hausse appréciable de 6,5% en 2016 » révèle le rapport Africa Risk-Reward Index.
De son côté, le Kenya qui constitue, selon Control Risks, « l’économie la plus sophistiquée » de l’Afrique de l’est, a fait, depuis 2020, de l’ouverture aux investissements étrangers une priorité, avec des changements réglementaires visant à attirer plus d’investisseurs. En sorte que la diversité relative de l’économie l’a protégé des effets économiques négatifs de la récente baisse des prix mondiaux des produits de base. « Le Kenya a également atteint une période de forte croissance du PIB en raison d’une stabilité politique relative. La croissance du PIB réel a été en moyenne de 6,0% en 2010-16, et nous prévoyons une croissance de 5,4% en 2017. Les perspectives restent positives » souligne le rapport.
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