A Nakuru, ville de l’ouest du Kenya, seules 27% des habitations sont reliées au système d’égoût. Cela pose un véritable défi en termes de traitement et de gestion de ces déchets. Mais la ville a trouvé un moyen d’en tirer profit en transformant ces excréments en combustible. Au terme d’un projet pilote de 5 ans, la Direction de l’eau et de l’assainissement du comté, la Nawassco, s’apprête à produire et commercialiser ce charbon « éco-friendly » à grande échelle.
Chaque jour, Elizabeth cuisine du riz, du porridge ou des haricots pour une centaine d’enfants défavorisés de l’école primaire de Kaloleni, un quartier pauvre de Nakuru. Depuis février, elle utilise des boules à base d’excrément à la place du charbon de bois dans son poêle.
Elizabeth : « C’est vraiment bien, regardez comme ça cuit ! Les boules se consument plus lentement que le charbon, et on peut cuisiner plus dans un temps plus court… Donc cela réduit aussi les coûts. »
Dans la cour de l’école, on aperçoit des toilettes sèches toutes neuves. C’est de là que vient la matière première de cette alternative au charbon. Un camion vient régulièrement vider les latrines, et amène la matière fécale à l’usine de traitement, où elles sont séchées, puis carbonisées à haute température, afin de détruire les germes. Kevin, un des employés, explique le reste du processus.
« Donc ici, nous broyons les selles, mais aussi de la sciure de bois pour obtenir des particules très fines, environ 0,2 millimètre. Puis on les mélange, et finalement, on utilise cette autre machine pour les agglomérer et obtenir ces petites boules. »
Une réponse à un défi majeur pour la ville : la gestion des tonnes de déchets stockées dans le sol sous les toilettes de l’agglomération. Dans 80% des cas, elles sont seulement constituées d’un trou dans le sol. Léonard Mutai, du département technique de la Nawassco, la direction de l’eau et de l’assainissement de Nakuru :
« Avant, les habitants vidaient les latrines pendant la nuit, et les déversaient à l’air libre. Cela finissait dans les rivières, et dans le lac, et cela contaminait notre nappe phréatique. Nous avions donc des cas de choléra. Mais maintenant, au moins, certains quartiers ressentent vraiment les effets de ce projet. »
Actuellement, le projet de récolte des déchets ne concerne que quelques quartiers périphériques de la ville, permettant une production de deux tonnes de boules de combustible par mois. Mais le matériel pour produire à grande échelle a déjà été commandé explique Reinilde Eppinga, conseillère sanitaire chez SNV World, un des partenaires du projet :
« Nous prévoyons d’atteindre les 10 tonnes par mois d’ici la fin de l’année. Mais l’objectif final est d’être capable de produire 10 tonnes par jour, donc à peu près 250 tonnes par mois. Et selon les études de marché que nous avons menées, ces 250 tonnes ne représentent qu’une part minime du potentiel commercial. »
Le produit a également un atout écologique ajoute-t-elle car il devrait concurrencer le charbon bois, en partie responsable de la déforestation de la région.
Avec RFI