Les bouleversements que connaît le domaine ont des répercussions sur la relève alors que le nombre de stages diminue et que les jeunes avocats peinent à trouver du travail.
C’est le Jeune Barreau de Montréal qui a tiré la sonnette d’alarme en février dernier : «On voyait de plus en plus de jeunes qui ne trouvaient pas de stage (obligatoire) ou étaient en recherche d’emploi. On a donc réalisé une enquête qui a montré que 25 % de moins de jeunes qu’avant trouvent un stage, que la rémunération a diminué de 16 % en 10 ans et que le nombre de stages non rémunérés a cru de 15 %», énumère Me Extra Junior Laguerre, président du Jeune Barreau de Montréal.
Cette réalité est vécue par les cabinets qui reçoivent beaucoup d’offres par rapport au nombre de stages qu’ils peuvent offrir. «Nous recevons entre 400 et 500 candidatures nous arrivent chaque année, alors que nous prenons entre 6 et 8 stagiaires selon les années», indique Loïc Berdnikoff, associé responsable par intérim du recrutement universitaire chez Lavery. Si «le stage est notre principale source de recrutement», selon Loïc Berdnikoff, tous les stagiaires ne sont pas systématiquement embauchés après leur stage. Chez Lavery, cette année, tous l’ont été, mais ce n’était pas le cas de toutes les années précédentes. Osler, en revanche, a choisi de n’offrir que le nombre de stages correspondant aux embauches dont le cabinet a besoin, afin que tous les stagiaires puissent être recrutés. «Ça nous tient à coeur d’avoir de la place pour embaucher nos stagiaires. Nous en avons 4-5 chaque année, mais ils étaient plus nombreux avant 2008. Aujourd’hui, on a peu de départs. Le marché ne croît pas autant qu’avant», observe Catherine Bleau, directrice des ressources professionnelles chez Osler, qui recrute également presque exclusivement au moyen des stages.
Le contingentement en question
Le Jeune Barreau de Montréal explique cette situation par la saturation du marché et en appelle au contingentement afin de réduire le nombre d’avocats au Québec. «Un ratio de 275 avocats pour 100 000 personnes est généralement recommandé, alors qu’au Québec, il y en a 325 pour 100 000 habitants», note Me Extra Junior Laguerre. Le Barreau a lancé la réflexion sur le contingentement avec les doyens des universités de droit, l’École du Barreau et les Jeunes Barreaux des régions, de Québec et de Montréal afin de faire le point sur la question et d’envisager des solutions.
«Le Barreau n’a pas pris position par rapport au contingentement, qui est une question qui ne fait pas l’unanimité», souligne Claudia Prémont. La bâtonnière rappelle qu’il «manque parfois d’avocats en région» si bien qu’une cartographie des besoins en services juridiques en dehors des grands centres est en cours de réalisation «afin de savoir où sont les besoins les plus criants».
Pour faire face à cette conjoncture difficile dans le monde des services juridiques, les cabinets veulent des avocats qui aient des qualités proches de celles des entrepreneurs et qui pourront notamment faire du développement des affaires. «Les ressources humaines sont le principal enjeu pour un cabinet d’avocats, affirme Jean-François Gagnon, chef de la direction de Langlois. On recherche maintenant des avocats qui ont une personnalité et une vision client. Il faut se démarquer par la qualité de la relation avec le client.»
Adapter l’offre
Pour épauler les avocats dans cette tâche, mais aussi penser à des solutions nouvelles en termes d’offres de services, les cabinets ouvrent de plus en plus leurs portes à de nouveaux professionnels, notamment des spécialistes du marketing. «Notre rôle est d’observer les marchés en ébullition et d’adapter l’offre du cabinet pour orienter ses activités vers ces domaines», explique Daniel Lépine, directeur du marketing et du développement des affaires chez Langlois, qui compte un service marketing de 9 personnes.
Un passage obligé pour ne pas se laisser distancer dans ces temps de forte concurrence.
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