Les invités sont unanimes, Issâad Rebrab n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il fait visiter son grand complexe de production d’huile de Bejaia, le joyau de son parc industriel.
Il excelle dans le petit détail technique, connaît ses techniciens par leur prénom, et évoque les prochains équipements qu’il compte acheter ailleurs pour étendre son empire de l’agroalimentaire. Ce Kabyle énergique, ancien cadre financier dans la sidérurgie dans les années 70, a démarré son affaire en important du rond à béton au milieu des années 80.
Il est aujourd’hui le premier investisseur privé algérien. De ses deux premiers métiers, la métallurgie et l’agroalimentaire, il s’est diversifié dans la distribution automobile, la téléphonie mobile, la presse écrite, les petites industries de transformation. Issâad Rebrab ne manque pas de caractère, il « protège » dans son journal Liberté le caricaturiste le plus terrible de la presse algérienne, Ali Dilem. En 2004, il a claqué la porte du Forum des chefs d’entreprise après que celui-ci a soutenu la candidature de Bouteflika à un second mandat.
Mais Tonton Issâad, comme l’appelle affectueusement son entourage, a un sens paysan des réalités. Sa réconciliation, un peu zélée, avec le président réélu, lui vaut de faire redécoller son groupe, Cevital, depuis 2005. Acquisitions en rafales d’unités industrielles publiques, emprunt obligataire soutenu par les banques publiques, plan d’investissement de 8 milliards de dollars sur douze ans. Les options de Issâad Rebrab sont toujours bien mûries.
La dernière : utiliser les prix bas du gaz et de l’énergie en Algérie pour développer une filière amont-aval dans le verre à plat et l’aluminium. Deux usines pétrochimiques pour un milliard de dollars sont annoncées dans la région d’Oran. Pour les partenaires étrangers, Issâad Rebrab est l’industriel qui incarne l’optimisme algérien. En pleine guerre civile, il ne cessait de leur affirmer : « Investissez en Algérie, l’avenir est là ! »
avec lesafriques