Selon des données fournies par le bureau national des statistiques au Nigéria, les obligations émises sur le marché des capitaux au Nigéria n’ont pas beaucoup attiré les investisseurs étrangers, au cours du premier semestre s’achevant au 30 juin 2016. Le total des investissements étrangers sur ces produits financiers, n’a été que de 1,5 millions $. Aucune obligation émise au cours du second trimestre n’a attiré des capitaux étrangers.
Ce désintérêt des investisseurs étrangers pour les obligations émises au Nigéria au cours du deuxième trimestre 2016, contraste avec les 50,5 millions $ mobilisés sur la même période en 2015, mais surtout, c’est une rupture, avec les 1000 millions $ de capitaux étrangers injectés sur les obligations nigérianes au troisième trimestre 2014. Certaines analyses n’hésitent pas à associer cette situation avec la sortie du Nigéria de l’indice JP Morgan Emerging Markets Bond qui l’exposait à un large panier d’investisseurs obligataires internationaux.
Mais on ne manquera pas aussi de voir dans cette situation, une sanction des investisseurs étrangers, face à la politique monétaire du gouvernement conduit par le président Muhamadu Buhari, élu au mois de mars 2015. Ce dernier avait, contre l’avis de plusieurs analystes et conseillers en investissement, maintenu un taux de change artificiellement stable entre le naira (monnaie locale) et le dollar, en restreignant l’accès pour plusieurs opérateurs économiques aux réserves de change.
Dans un tel contexte, les investisseurs ont exprimé leurs réserves, face à la distorsion que représentait pour eux cette décision. Ainsi, et au-delà des obligations, l’économie nigériane n’a attiré que 647,1 millions $ au cours du second trimestre 2016. Un chiffre en baisse de 8,9% sur la performance du premier trimestre, et de 75,7% sur le montant des capitaux étrangers attirés au cours du deuxième trimestre 2015 (2,66 milliards $).
C’est aussi le montant de capitaux étrangers le plus bas jamais atteint et la plus forte baisse d’une année à l’autre.
Tous les segments de captation des capitaux étrangers ont connu un repli. Mais les investissements sur les portefeuilles actions ont connu le plus fort recul, soit 88,7%.
Mais surtout, on est très loin des 4,9 milliards $ investis par les étrangers sur les sociétés cotées nigérianes au terme du premier trimestre 2013. Fin juin 2016, le gouvernement nigérian a finalement décidé de laisser flotter le naira.
Le premier commentaire effectué par une agence de notation après l’annonce officielle de la récession est venu de Moody’s dont les analystes anticipent sur un retour à la croissance de l’économie nigériane de l’ordre de 2,7% en 2017. Selon eux, la dévaluation du naira aura un effet positif sur l’économie, car cela devrait renforcer l’équilibre fiscal, surtout dans un contexte d’un prix de barils de pétrole au-delà des prévisions budgétaire.
Dans l’économie réelle rien n’est pourtant aussi évident. Un risque de crise existe notamment du fait de l’inflation que connaissent les prix de certains produits de première nécessité, comme le riz. Pour les entreprises qui offrent des services payés en nairas, mais avec obligation de payer les intrants en dollars, maîtriser les coûts financiers devient presque impossible.
Avec Agence Ecofin