Madame Catherine RECHENMANN
Présidente de l’Union des Français de l’Etranger (UFE)
Madame Catherine RECHENMANN : « Au sein de l’UFE, nous sommes solidaires »
Présidente de l’Union des Français de l’Etranger (l’UFE CI) en Côte d’Ivoire depuis 2000, Madame Catherine RECHENMANN est également conseillère élue de l’Assemblée des Français de l’Etranger de la Côte d’Ivoire et du Libéria. Dans cet entretien, elle souligne l’importance de cette association pour la communauté française vivant dans le monde et particulièrement celle de la Côte d’Ivoire.
Madame Catherine RECHENMANN, vous êtes Présidente de l’Union des Français de l’Etranger de Côte d’Ivoire (l’UFE CI), parlez-nous succinctement de cette association.
L’Union des Français de l’Etranger est une association reconnue d’utilité publique créée en 1927. Elle vise à rassembler tous les Français établis hors France. C’est une association qui s’est toujours voulue apolitique et qui est au service de tous nos compatriotes résidant à l’étranger.
Elle a beaucoup évolué et aujourd’hui, elle est l’association la plus représentative des Français de l’Etranger. Présente dans plus de 100 pays dans le monde, elle a pour président M Gérard PELISSON, co-fondateur du groupe hôtelier ACCOR.
Vaste réseau mondial, l’UFE regroupe 170 représentations. Chacune d’elle a la liberté de fonctionner selon le pays d’accueil, en appliquant les statuts et règlements intérieurs de l’UFE Monde.
Pour la représentation de Côte d’Ivoire, des élections ont lieu tous les trois ans lors de l’Assemblée Générale, les adhérents votent pour élire le Conseil d’administration qui à son tour élit le Président.
Ensuite, le Président compose son Bureau et différentes commissions sont constituées.
Chaque année, statutairement, ont lieu deux Conseils d’administration ainsi qu’une Assemblée générale.
Il est très important de souligner que toutes ces représentations sont animées par des hommes et des femmes entièrement bénévoles.
L’objectif de cette association est de maintenir et de renforcer le lien entre la France et les Français établis hors de France, de défendre leurs intérêts et leurs valeurs.
Nous communiquons un maximum d’informations à nos adhérents concernant par exemple les lois et règlements en vigueur. Nous leur prodiguons de plus des informations pratiques destinées à faciliter leur installation (logement, écoles, santé, sécurité, fiscalité…) et leur intégration.
Nous disposons d’une revue intitulée « La voix de France » distribuée dans plus de 100 pays au monde auprès de 100 000 lecteurs. Ce magazine joue un rôle fédérateur en rendant compte de l’actualité et de la vie des représentations locales.
Ce sont aussi des dossiers thématiques consacrés à la protection sociale, la fiscalité, l’enseignement ou la gestion du patrimoine.
Quelles sont concrètement les actions de l’Union des Français de l’Etranger en Côte d’Ivoire ?
En Côte d’Ivoire, il y a trois domaines importants pour lesquels que nous sommes particulièrement impliqués.
Le premier est celui de la scolarité. Nous avons constaté que l’absence du réseau scolaire français est un handicap important pour ceux qui veulent travailler dans ce pays. Nous l’avons vu pendant les différentes crises qu’a connues la Côte d’Ivoire avec la destruction des écoles françaises. Après cette crise, tous ceux qui souhaitaient venir en Côte d’Ivoire voulaient savoir s’il y avait des écoles car nos compatriotes sont très attachés à leur réseau scolaire du fait de la qualité de l’enseignement dispensé.
Le second domaine important est celui de la couverture sociale et des retraités. En effet, quand une personne vit et travaille en France, elle dispose automatiquement de la sécurité sociale pour garantir sa protection en cas de maladie ou d’accident. Mais à l’étranger, cette couverture repose sur une démarche engagée soit par votre entreprise, soit par vous-même. Dans ces démarches, notre association conseille et assiste ses membres pour la constitution de leurs dossiers auprès de la Caisse des Français de l’Etranger (CFE). Concernant, le dossier ‘’ Retraite’’, nous avons des rencontres régulières avec la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), organisme social ivoirien. Le Directeur Général de cette entreprise, M. Bernard N’Doumi a toujours eu une oreille attentive face à nos préoccupations. Il a su développer des liens étroits entre l’UFE et la CNPS. Même pendant les différentes crises qu’a traversées la Côte d’Ivoire, la CNPS a toujours payé les pensions de nos compatriotes. En plus, au sein de notre association, nous indiquons également à nos adhérents retraités, qui quittent la Côte d’Ivoire, les démarches à suivre pour ne pas perdre le bénéfice de leurs années de travail. Une information très importante nous a été communiquée : le 1er octobre dernier eut lieu à l’Assemblée nationale, à la Commission des affaires sociales, la défense de l’amendement permettant de cumuler l’ensemble des périodes cotisées à l’étranger sur la base des conventions bilatérales de sécurités sociales, ce qui n’est pas encore possible, en ce moment.
Le dernier domaine qui intéresse nos adhérents est celui de la sécurité car cette dimension est capitale pour tous nos compatriotes et notamment pour les familles présentes à l’étranger.
Comment l’UFE peut-elle se mettre au service des opérateurs économiques présents en Côte d’Ivoire, notamment pour ceux qui dirigent les PME et PMI ?
Ce que je voudrais dire d’entrée, c’est que l’UFE est une association qui veut rassembler tous les Français, c’est une question de solidarité. Pour une association comme la nôtre, il faut savoir partager et faire tout ensemble. On ne peut pas être individualiste.
Les dirigeants et les employés des PME et PMI de nationalité française sont les bienvenus et peuvent bénéficier des services offerts par l’UFE CI à condition bien sûr d’adhérer à notre association.
Mme RECHENMANN, vous êtes également élue des Français de l’étranger. Pouvez-vous nous expliquer le poids des élu(e)s tels que vous, dans l’instruction des difficultés de vos compatriotes, notamment ceux qui sont opérateurs économiques.
L’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) est une assemblée présidée par le Ministre des Affaires étrangères et composée de 190 membres (155 conseillers élus pour 6 ans au suffrage universel direct dans 52 circonscriptions couvrant le monde entier, 11 députés élus par les Français établis hors de France, 12 sénateurs des Français établis hors de France et 12 personnalités qualifiées désignées par le Ministre des Affaires étrangères pour leur expertise en matière d’expatriation). Plus de 2,5 millions de Français expatriés sont ainsi représentés.
Nous travaillons avec les Sénateurs du Groupe auquel nous appartenons, et chaque fois qu’il y a un point de blocage ou un dossier important à défendre, par exemple celui concernant la fiscalité des français de l’étranger, nous nous adressons à eux directement ou lors des réunions qui se tiennent à Paris. Nous siégeons deux fois par an en session plénière et informons ensuite nos membres de la teneur des échanges.
Notre mission est de traiter les problèmes qui se posent à nos compatriotes (scolarité des enfants, retraite, fiscalité,..). Nous en débattons au sein des différentes commissions et présentons des rapports. Des vœux et résolutions sont adoptés ou rejetés en séance plénière. Personnellement, je fais partie des commissions « culture, enseignement et audiovisuel » et « sécurité ».
L’éducation est un secteur capital dans la préparation des futurs entrepreneurs. Pouvez- vous nous décrire sommairement l’appareil éducatif qui existe en Côte d’Ivoire pour vos compatriotes ?
L’éducation est capitale dans la formation des salariés et cardes(cadres) de demain. Je ne vais pas revenir longuement sur ce qui s’est passé en Côte d’ Ivoire. Pour être brève, je rappellerais simplement qu’en 2005, nous avons du faire face à une situation très compliquée car nos écoles françaises n’étaient plus opérationnelles alors qu’auparavant, au sein du réseau scolaire français mondial, la Côte d’Ivoire, était en quatrième position derrière le Liban, le Maroc et l’Espagne. Il a donc fallu que la France et la Côte d’Ivoire s’attachent à réhabiliter ces établissements français sur le territoire ivoirien et il faut souligner qu’à ce jour, environ 6 500 élèves sont inscrits dans les 14 établissements français qui existent en Côte d’Ivoire.
Il est intéressant de souligner que l’Agence de l’Enseignement Français à l’Etranger, la Mission laïque et le Centre National d’Education à Distance, le CNED, sont également ouverts à un partenariat avec des établissements ivoiriens qui souhaitent passer un contrat avec la France dans le domaine scolaire.
Depuis près d’une quinzaine d’années la Côte d’Ivoire a connu plusieurs soubresauts sociaux politiques qui ont durement touché les opérateurs économiques d’origines françaises avec des conséquences parfois graves pour les entreprises. Comment l’UFE a-telle pu les aider ?
L’UFE n’a pas de vocation de soutien économique comme peuvent l’avoir les Chambres de Commerce et d’Industrie ou certaines associations professionnelles. Pendant la crise, nous avons œuvré pour tous les français vivant en Côte d’Ivoire. Sans distinction d’horizon. Nous nous sommes particulièrement investis pour ce qui touchait à l’enseignement, au service des familles françaises ne sachant pas où inscrire les enfants ou n’ayant plus les moyens de le faire. Cette préoccupation peut paraître secondaire pour certain mais nous avons pu noter qu’elle figure parmi les soucis majeurs d’un grand nombre de familles souhaitant, aujourd’hui, revenir s’installer en Côte d’Ivoire.
Les entreprises d’origine française, semblent aujourd’hui se fédérer à travers des initiatives associatives, comme celle du Cercle Français d’Affaires de Côte d’Ivoire, pour défendre elles-mêmes leurs intérêts. En tant qu’élue de l’Assemblée des Français de l’Etranger, qu’en pensez-vous ?
S’il y a création de telles associations, c’est qu’il existe un besoin réel lié à leurs spécificités de PME ou de PMI. Ce qui importe c’est qu’elles sachent effectivement se fédérer pour défendre leurs intérêts et promouvoir leur savoir-faire, ce type d’entreprises étant capital pour le développement de tout pays.
Pour les français qui ne sont pas membres de votre association, et qui souhaiteraient le devenir, pourriez-vous leur indiquer la procédure à suivre ?
La procédure est très facile car l’adhésion est libre à travers une simple fiche à remplir et pour celles et ceux qui souhaitent adhérer, ils peuvent nous contacter par téléphone au 22-44-06-30 ou au 07-07-12-05, mais également par courriel à l’adresse ufeci@aviso.ci
Nous communiquons beaucoup par e-mail, moyen moderne et efficace pour diffuser largement les informations. Nous n’hésitons pas à les délivrer même à ceux qui ne sont plus ou pas encore membres. Un site web est également à la disposition des adhérents qui peuvent ainsi se tenir informés en permanence des activités de leur association et des actualités qui concernent leur expatriation.
Nous organisons une fois par mois des rencontres afin de permettre à nos adhérents de se retrouver et d’échanger. Ce sont des moments privilégiés de convivialité et d’amitié en dehors du travail. Il y a aussi la soirée ‘’ Fromage et Vin de France ‘que nous organisons chaque année.
Ces manifestations participent efficacement à la bonne marche de notre association.
Quelles sont les raisons d’adhérer à l’UFE ?
La première raison d’adhérer repose sur le fait que l’UFE dispose d’un puissant réseau mondial qui facilite l’installation et favorise l’intégration des Français vivant à l’étranger. De plus, elle s’investit sans compter dans la défense de leurs intérêts.
Elle œuvre au plus près de nos compatriotes en s’attachant à leur délivrer des informations au quotidien sur leur pays d’accueil. Elle s’attache à entretenir, voire à développer des liens de solidarité entre nos compatriotes, et contribue au rayonnement de la France.
Pour clore cet entretien, quel message souhaiteriez-vous adresser à vos compatriotes et en particulier aux entreprises implantées en Côte d’Ivoire ?
Aux entreprises, en particulier aux PME et PMI, je souhaite que leurs activités puissent se développer pleinement, qu’elles augmentent leurs performances, qu’elles fassent front à la concurrence avec dynamisme. Les difficultés que leurs dirigeants ont pu connaitre, notamment lors de la dernière crise que nous avons connue, puisse appartenir à un passé que nous souhaitons révolu. Ce sont elles qui pourront participer activement à offrir des emplois à la jeunesse ivoirienne.
Aux français, particulièrement à ceux qui viennent pour la première fois dans ce pays, je les invite à mieux nous connaître en se tournant vers ceux qui marche déjà à nos côtés et qui peuvent témoigner de l’esprit de solidarité qui habite l’UFE.
Interview réalisée par PME PMI MAGAZINE