‘‘ Nous avons un projet de construction de mille logements dont 500 seront faits avec la SICOGI ’’
Depuis le 30 septembre, KOUASSI Denis Charles a pris les rênes de la direction générale de la Caisse de nationale de prévoyance sociale (CNPS). Dans cet entretien qu’il accorde à notre magazine, le directeur général de la CNPS dévoile ses plans pour la revalorisation de la caisse et pour le bien être de ses partenaires sans toutefois omettre de présenter le bilan de son travail.
Quelle vision avez-vous pour la sécurité sociale?
La vision de la sécurité sociale que nous avons découle de la vision de développement du pays donné par le président de la République à savoir, l’émergence à l’horizon 2020. Quand on parle d’émergence pour un pays, il est important d’en savoir le contenu. On entend parler de pays émergent. Quand on regarde, quelles en sont les caractéristiques ? Il y a d’abord la croissance économique puis à terme, un développement économique avec comme indicateur, la création d’emploi, le développement des infrastructures, l’amélioration du système de santé et l’amélioration du système éducatif. C’est toutes ces caractéristiques qui permettent de dire qu’un pays est émergent. Il y a ceux qui s’occupent essentiellement de l’aspect économique et ceux qui s’occupent de l’aspect social. La CNPS fait partie des acteurs principaux pour le développement social. La CNPS a donc un objectif en montant dans ce train d’émergence. C’est offrir à la Côte d’Ivoire une couverture sociale de 1er choix.
Aujourd’hui, M. Le directeur général, quels sont les acquis et les challenges de la CNPS ?
La CNPS a fait une reforme en 2012 qui a consolidé les finances et a permis que le régime de base de la retraite qui est un régime de solidarité soit équilibré sur les vingt prochaines années. C’est-à-dire que nous n’avons pas d’inquiétudes pour payer les pensions de retraites dans les vingt prochaines années même si aucune reforme n’est effectuée sur ce régime. Ceci est important parce que lorsque vous bâtissez une maison, il faut renforcer la solidité des fondations pour pouvoir mettre les étages supplémentaires. Notre ambition étant de mettre en place un régime de retraite complémentaire qui est un étage supplémentaire, il nous fallait consolider cette base pour mettre nos partenaires dans une certaine assurance. Aujourd’hui, la maison est assez solide pour accueillir cet étage complémentaire avec la possibilité de revalorisation des ressources financières au fil des années pour lutter contre l’érosion monétaire.
Dans ce contexte, nous avons opéré cette année, une augmentation des pensions à hauteur de 8%. Ce taux est considérable dans la mesure où en Europe par exemple, l’on ne parle plus d’augmentation pour certains pays mais plutôt de diminution des pensions de retraite. C’est en ce moment qu’un « petit pays » comme la Côte d’Ivoire a la possibilité de revaloriser ses pensions. Ce sont des gages sûrs que nous donnons et nous irons régulièrement vers cette revalorisation pour que le retraité puisse maintenir son pouvoir d’achat.
Nous avons aussi vis-à-vis de nos entreprises, des missions de gestion des risques professionnels. C’est un pilier très important du régime que nous gérons car il s’agit de protéger l’homme au travail. En effet, l’on va au travail, pour gagner son pain quotidien et non pour perdre la vie. Ceci justifie notre volonté de développer la prévention et la promotion de la sécurité et de la santé au travail avec un accent particulier sur l’aspect santé au travail. Pour se faire, le département sécurité au travail a été érigé en Direction à deux volets, le volet sécurité au travail et le volet santé au travail. Ce dernier est assez important car c’est à travers lui que nous pouvons rapidement détecter les maladies professionnelles ; les maladies contractées du fait du travail. Ce volet n’étant pas très développé, il y a des travailleurs qui, à la fin ou au cours de leur carrière, développent des maladies sans qu’on ne fasse le lien avec leur activité professionnelle. Donc nous voulons vraiment prendre à cœur cette préoccupation du travailleur.
Que prépare la CNPS ?
Les fonctionnaires sont pris en charge par des structures comme la CGRAE, la MUGEFCI, le Fonds de Prévoyance de la Police Nationale ou encore le Fonds de Prévoyance Militaire. Quant aux travailleurs du secteur privé et assimilés, ils sont pris en charge par la CNPS. En marge de cette population couverte, il reste la grande majorité de la population active (environ 90%) qui ne bénéficie pas de la sécurité sociale. C’est cette population que nous visons dans le cadre de l’extension de la couverture sociale. Le projet est en cours d’élaboration tout comme les textes réglementaires devant le régir. Des études préalables, il est ressorti que les acteurs des professions libérales et les travailleurs indépendants ont montré un intérêt particulier pour deux (02) branches. A savoir la pension de retraite et les indemnités journalières en cas d’interruption de l’activité du fait d’un problème de santé. Il est évident que pour un travailleur indépendant, disposer d’un revenu de remplacement en cas de maladie et donc d’arrêt de son activité professionnelle est plus qu’intéressant !
Nous nous donnons une année pour la mise en place de ces futures prestations et donc, certainement en 2016, la CNPS mettra sur le marché de nouvelles prestations. Cela nous permettra de passer du taux de couverture actuel de 10% à environ 30% de la population en âge de travailler. L’objectif idéal étant la couverture de 50% de la population cible. A l’horizon 2020 si nous atteignons cet objectif, l’on pourra alors dire que la CNPS, a pris sa place dans le train de l’émergence.
Il y a un autre volet qui concerne le niveau des prestations servies notamment la retraite. Actuellement plafonné à 50% du salaire moyen d’activité avec un plafond de cotisation de 1 647 315 francs, la liquidation d’un dossier de retraite sur cette base ne donne droit qu’à une pension maximum de 800.000 francs CFA. Avec les bonifications pour enfants à charge, certains assurés sociaux peuvent atteindre 1.000.000 francs CFA. Mais cela n’est pas suffisant parce que ce montant ne représente que 50% du revenu mensuel du travailleur quand il était en activité. Nous apportons donc, une solution avec la mise en place d’un produit qu’on appelle « La retraite complémentaire ». Cette prestation va permettre une cotisation supplémentaire pour atteindre environ 70% de remplacement du revenu. Si nous y arrivons d’ici 2020, on aura justifié notre place dans le train de l’émergence !
Cela signifie-t-il que la cnps proposerait bientôt de nouvelles prestations ?
Oui. D’abord l’extension de la couverture sociale à de nouvelles couches, ensuite la retraite complémentaire pour renforcer les revenus du remplacement.
Quel bilan faites-vous de votre gestion depuis votre arrivée à la tête de la CNPS ?
Depuis 2012, avec la réforme de la retraite, nous avons des excédents de gestion. Avant 2012, en comparaison, c’était des déficits du fait des nombreuses crises que nous avons connues depuis 1999. Depuis 2012, nous avons des excédents qui sont en constante croissance et qui permettent de reconstituer les réserves. Ces réserves nous permettent d’accroitre nos investissements. C’est notamment le cas avec les emprunts obligataires lancés par l’Etat de Côte d’Ivoire et auxquels nous souscrivons pour soutenir la croissance nationale. En plus, pour apporter notre contribution au déficit immobilier de la Côte d’Ivoire, la CNPS lance la construction de 1 000 logements dont 500 en partenariat avec la SICOGI. Vous constaterez que nous sommes déjà actifs dans ce secteur d’activité avec la construction à Cocody Angré 8ème tranche, d’un centre commercial, juste derrière l’agence CNPS de Cocody. L’Institution s’intéresse, également, au domaine de la santé où nous avons des projets afin d’offrir à nos concitoyens des infrastructures dignes de ce nom. Nous sommes en discussion avec des investisseurs dans l’optique de la construction d’un centre de cancérologie.
Un message à l’ endroit de vos partenaires et à l’ensemble de la population ivoirienne
Ils peuvent compter sur la CNPS. Elle prend une nouvelle dimension, elle va toucher plus de monde. Avec les moyens modernes de gestion dont elle s’est dotée, elle va servir des prestations de meilleure qualité. Donc la pérennité est assurée et je vous l’ai dit, la CNPS prendra sa place dans le train de l’émergence.
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