– Monsieur le Directeur Général pouvez-vous vous présenter aux opérateurs économiques en Côte d’Ivoire ?
Je suis Directeur Général de Proparco depuis 2016, après une carrière de près de 20 ans dans le groupe Agence Française de Développement (AFD) au sein duquel j’ai occupé différentes responsabilités avant donc d’être nommé à la tête de la filiale de l’AFD dédiée au financement du secteur privé, Proparco.
Depuis mon arrivée, j’ai souhaité engager Proparco, qui œuvre depuis 40 ans cette année au service du secteur privé et du développement durable, dans une nouvelle stratégie. Une stratégie ambitieuse qui nous amènera à plus que doubler d’ici 2020 notre activité mais aussi à tripler nos impacts sur le développement pour contribueraux Objectifs de développement durable adoptés en 2015 par la communauté internationale. Une stratégie qui réaffirme également notre priorité africaine : nous nous sommes engagés à consacrer 2,7 milliards d’euros de financement au continent africain d’ici 2020.
– Si l’on vous demandait de présenter succinctement PROPARCO, que diriez-vous ?
Proparco est une institution de financement du développement qui agit depuis 40 ans au service du secteur privé. Cela signifie que notre mission est d’accompagner et de financer l’ensemble des acteurs privés, de l’entrepreneur local au groupe bancaire régional, dès lors que leurs projets contribuent à la croissance et au développement durable, c’est-à-dire à la création d’emplois, à la lutte contre le changement climatique ou encore à la fourniture de biens et de services essentiels. Notre action se concentre sur les secteurs clés du développement : les infrastructures avec un focus sur les énergies renouvelables, l’agro-industrie, les institutions financières, la santé, l’éducation…
Pour vous donner quelques chiffres, nous accompagnons actuellement plus de 450 clients dans 80 pays émergents ou en développement, dont bien évidemment de nombreux pays africains francophones ou anglophones. Car depuis sa création, le continent africain est au cœur des priorités et des actions de Proparco. Nous accompagnons nos clients dans 53 pays africains. En 2016, nous avons ainsi autorisé pour l’Afrique 509 millions d’euros, sous forme de prêts, de dons, de prises de participations ou de garanties accordés à des pays et des entreprises privées.
Notre règle d’intervention est d’apporter des instruments financiers adaptés aux besoins des entreprises mais qui ne sont pas encore disponibles sur certains marchés africains. Proparco s’efforce donc de proposer de nouveaux produits (de types garanties, trade finance, etc.), de soutenir les projets innovants de financement d’infrastructures et d’aider les institutions financières à augmenter et diversifier leurs financements de l’économie.
Je crois que notre particularité réside également dans notre implantation locale : Proparco dispose de 11 bureaux organisés en hubs régionaux dont 6 en Afrique. Cette proximité avec le terrain nous permet d’avoir une excellente connaissance des acteurs privés et des réseaux d’affaires et d’appréhender aux mieux les environnements qu’ils soient politiques, macro-économiques ou sécuritaires.
Enfin, la valeur ajoutée de Proparco réside dans l’accompagnement de ses clients, de plus en plus demandeurs d’appui et de conseils pour améliorer leurs pratiques environnementales et sociales.
– Quel est le bilan des 40 ans d’actions du secteur privé et du développement durable en Côte d’Ivoire ?
Nous avons une relation particulière avec la Côte d’Ivoire puisqu’Abidjan a été le 1er bureau régional de Proparco à ouvrir ses portes en 1980. Cela fait donc près de 40 ans que nous sommes engagés dans le pays et en Afrique de l’Ouest. Cet engagement historique a d’ailleurs été salué par le Vice-Président de Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, qui m’a remis, à l’occasion des Rencontres Africa qui se sont déroulées début octobre, un prix pour notre action dans le pays ces 40 dernières années. Nous avons en effet accompagné ces dernières décennies un grand nombre de projets structurants pour le pays. Aujourd’hui nous avons un portefeuille de projets de plus de 250 millions d’euros. Il s’agit donc d’un pays éminemment stratégique pour Proparco et c’est la raison pour laquelle j’y ai effectué déjà trois visites depuis ma prise de fonction en avril 2016.
Depuis 40 ans, nous avons toujours été à l’écoute des besoins de nos clients et nous avons su faire évoluer nos outils financiers et nos modes d’intervention pour les accompagner dans leurs projets.
Ces 40 ans d’actions en Côte d’Ivoire ont apporté la preuve que le secteur privé est un contributeur majeur du développement durable. Tout d’abord parce que le secteur privé est le premier créateur d’emplois, mais aussi parce que les acteurs privés proposent des solutions innovantes dans les domaines de l’accès à l’électricité, à la santé ou à l’éducation. Enfin, les entreprises contribuent, en payant des impôts, aux recettes fiscales des États, essentielles à la mise en place de politiques publiques bénéfiques au développement.
– Quelles sont les derniers grands projets soutenus par PROPARCO en Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire illustre parfaitement notre panel d’outils financiers et de secteurs d’intervention : nous avons par exemple récemment octroyé un prêt à Aeria pour un projet de modernisation de l’aéroport d’Abidjan. Nous avons également accompagné le secteur électrique avec les centrales thermiques d’Azito et Ciprel, le secteur de l’agro-industrie (Sucrivoire, Palmci, Olam) mais également le secteur financier avec par exemple la BICICI, la société de crédit-bail Alios ou l’institution de microfinance Advans.
Par ailleurs, je voudrais préciser qu’au-delà des grands projets, l’AFD et Proparco mènent une politique active de soutien aux PME. Ce soutien passe en particulier par le programme de garantie Ariz qui permet à certaines banques partenaires de prendre davantage de risques sur le financement des PME. Proparco soutient par ailleurs un nombre important de PME via des fonds d’investissements. S’il est compliqué pour nous d’investir en direct dans des structures de petite taille qu’il faut suivre de manière rapprochée sur le terrain, nous investissons des sommes importantes dans des structures qui ont justement pour rôle d’investir dans des PME locales et de les accompagner dans leur développement.
– Quelle est la nouvelle feuille de route de PROPARCO sur le continent, plus particulièrement en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest ?
Nos 40 ans cette année sont l’occasion de dresser un bilan de notre action, mais surtout de regarder vers l’avenir, en nous questionnant sur ce que l’on veut être et devenir. Nous nous sommes donc fixés une feuille de route ambitieuse d’ici 2020 :Proparco souhaite en effet plus que doubler ses engagements sur le secteur privé et tripler ses impacts sur le développement. Pour réussir cette nouvelle étape stratégique, nous avons besoin de tous nos partenaires et des acteurs privés ivoiriens, de leur expérience, de leur capacité d’innovation, de leur capacité à prendre des risques.
Notre détermination à accompagner les acteurs privés ivoiriens dans leurs projets au service du développement est sans faille et je peux vous assurer que l’Afrique de l’Ouest continuera à occuper une place toute particulière dans la stratégie de Proparco ces prochaines années.
En Côte d’Ivoire, nous chercherons à amplifier encore notre activité dans le secteur des infrastructures, notamment dans le domaine des énergies renouvelables comme les centrales
solaires ou biomasses. Nous avons également pour objectif de structurer des projets innovants, qui permettront de diversifier les types de financement disponibles localement. Enfin, le financement de l’agriculture et l’inclusion financière nous semblent deux sujets centraux dans le pays.
– Quelles sont les nouveaux financements innovants pour soutenir l’investissement privé en Côte d’Ivoire?
Nous avons par exemple lancé en 2016, en partenariat avec le groupe Ecobank, le premier OPCVM garanti d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’un véhicule qui permet à des investisseurs institutionnels d’investir dansdes actions détenues par desentreprises de la région, tout en profitant d’une garantie de Proparco sur le capital investi. Nous sommes loin du sujet du financement de l’agriculture ou des PME, mais le développement des marchés de capitaux est un enjeu majeur pour permettre aux champions régionaux, et à des plus petits acteurs, d’assurer leur financement à long terme. Par ce produit, nous contribuons à développer la Bourse régionale, en augmentant sa liquidité.
Par ailleurs, nous avons récemment signé une ligne de Garantie Trade Finance d’un montant de 50 millions d’euros avec le Groupe Ecobank. Cette garantie permettra de soutenir les échanges commerciaux entre les pays africains et européens, en augmentant la capacité de financement d’opérations d’import / export de 4 filiales africaines du groupe Ecobank.
– Quelles sont les grandes lignes d’actions de PROPARCO pour les micro-finances et l’agriculture en Côte d’Ivoire dans les temps à venir ?
Proparco, et le Groupe AFD dans son ensemble, ont toujours eu une politique très active de soutien à des institutions de microfinance. En Côte d’Ivoire, Proparco est actionnaire de l’institution Advans. Nous avons d’ailleurs accompagné cette institution dans le développement d’une offre à destination des coopératives cacao. Cela constitue un bon exemple de ce que nous souhaitons faire dans la région : nous appuyer sur des acteurs locaux pour développer les financements.
Un autre exemple dans l’agriculture est notre investissement dans le fonds Injaro. Cette société prend des participationsdans des petites PME dans le domaine de l’agriculture ou de la transformation agricole, en essayant de les accompagner dans leur structuration et leur développement.
– Quels sont les différents fonds de garantie de PROPARCO qui existent pour le secteur privé ?
Plutôt que des fonds de garantie, Proparco peut apporter une garantie de solvabilité ou de liquidité. L’objectif est de dynamiser les marchés financiers en facilitant la mobilisation de ressources auprès de banques ou de souscripteurs institutionnels et agir ainsi sur la profondeur et la liquidité des marchés financiers.
Cette garantie peut prendre des formes variées et avoir différents types de sous-jacents : par exemple, nous avons, il y a quelques semaines au Cameroun, soutenu l’entreprise Hysacam qui intervient dans le domaine de la gestion des déchets en apportant une caution solidaire de 11milliards de XAF, permettant de garantir 45% du crédit accordé par un consortium de trois banques locales à Hysacam. Proparco facilite ainsi l’intervention des banques auprès de l’entreprise et permet aux banques locales d’allonger la maturité du prêt à 7 ans et à un taux compétitif pour le marché.
– Le plus gros problème des entreprises en Côte d’ivoire est l’accès aux crédits bancaires. Quelles sont les conditions pour obtenir la garantie à ARIZ ?
Le programme Ariz est le programme central du groupe AFD pour inciter les banques à augmenter leurs financements à destination des PME. Il s’agit d’un programme transparent. Le bénéficiaire n’est à aucun moment en relation avec notre groupe et traite directement avec la banque. C’est à la banque de solliciter notre appui si elle souhaite être garantie.
Par ailleurs, Proparco travaille activement à développer son activité de garantie sur des projets d’infrastructure notamment, mais également dans le domaine du commerce international, à l’instar de la garantie de trade finance que nous avons signée avec Ecobank.
– Quel est le montant de financement par secteur d’activité alloué à la Côte d’Ivoire dans le secteur privé depuis 40 ans par PROPARCO ?
Depuis 10 ans, nos secteurs d’activités prioritaires dans la région sont le secteur des infrastructures, des transports oude l’énergie (40% de nos engagements), le secteur bancaire (30%), le secteur des entreprises agro-alimentaires et manufacturières (25 %) et les fonds d’investissement pour les PME (5%).
– Un message à l’endroit des acteurs agricoles en Côte d’Ivoire et à la population ivoirienne
La Côté d’Ivoire connait un développement remarquable depuis plusieurs années, comme en témoignent les taux de croissance importants et les nombreux projets structurants que le pays a connus. Néanmoins, les enjeux sont énormes pour rendre ce développement le plus inclusif et durable possible. Proparco, et plus généralement le Groupe AFD, sont aux côtés de la Côte d’Ivoire depuis de nombreuses années et nous sommes l’une des principales institutions de développement présentesdans le pays. Néanmoins, beaucoup reste à faire et beaucoup reste à inventer. Notre groupe s’est engagé résolument sur le chemin d’une augmentation forte de son niveau d’activité, en le doublant d’ici 2020, afin d’être au rendez-vous des enjeux du pays.
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