Mme le Ministre, pouvez-vous vous présenter aux opérateurs économiques et à la population ivoirienne.
Je suis Anne Désirée OULOTO, fille d’un officier supérieur de l’armée à la retraite et d’une institutrice, j’ai fait mon cycle primaire à Notre Dame du Plateau. Mes études secondaires au Lycée Moderne de Jeunes Filles de Bouaké ont été couronnées par l’obtention du baccalauréat ; je me suis ensuite inscrite à l’Université de Cocody. L’éducation familiale m’a permis de me forger un caractère de conquérante au cours de mes années d’adolescence
Après une carrière d’enseignante, j’ai occupé par la suite des fonctions d’assistante juridique dans une société d’état, de chargé d’études, puis de chef de cabinet dans un cabinet ministériel
Le 02 juin 2010, j’ai été nommée Ministre de la Salubrité Urbaine. En novembre 2012, à la faveur du remaniement ministériel, le Chef de l’Etat m’a renouvelé sa confiance en me confiant le Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.
Quelle est la vision de la politique de Madame le Ministre ?
Les actions menées par le Ministère de la Solidarité de la Famille, de la Femme et de l’Enfant s’inscrivent parfaitement dans les engagements pris par le Gouvernement dans le cadre de sa politique de développement économique et social.
Cette année, ces engagements s’articulent autour de trois points essentiels qui sont : l’Emploi des jeunes ; l’indemnisation des victimes de guerre et la bonne gouvernance
Pour le Ministère, la traduction de ces engagements passe par les actions suivantes : Garantir la sécurité économique et les droits des femmes, promouvoir l’égalité du Genre et le bien être familial et assurer la protection des enfants à travers la prise en charge des pupilles de l’Etat et les pupilles de la nation et proposer une liste harmonisée et un plan d’action pour la réussite de l’indemnisation des victimes de la crise. Ce dossier a été transmis à Monseigneur AHOUANA, Président de la commission nationale de la réconciliation et de l’indemnisation des victimes des crises (CONARIV).
Quels sont les acquis et défis du Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant ?
Les acquis du Ministère sont les suivants :
Au titre de la Famille l’on peut citer notamment :
– La loi n° 2013-33 du 25 Janvier 2013 abrogeant l’article 53 et modifiant les articles 58 ; 59 ; 60 et 67 de la loi n° 64-375 du 07 Octobre 1964 relative au mariage, telle que modifiée par la loi 83-800 du 02 Août 1983. Ces dispositions font partie du Code des Personnes et de la Famille en cours de révision au Ministère en charge de la Justice ;
– La création de la Commission Nationale de la Famille qui va assister le Gouvernement dans la définition de la politique nationale de la Famille ;
– L’élaboration d’un projet de document de politique Nationale de la Famille ;
– La prise de mesures par le Premier Ministre en faveur des familles victimes des usuriers ;
– L’adoption par le Gouvernement, de la Stratégie Nationale de Lutte contre les Violences Basées sur le Genre (SNLVBG) ;
– L’élaboration et l’adoption de la politique nationale de l’équité, de l’égalité des chances et de la promotion du genre. ;
– L’amélioration de la prise en charge intégrée (médicale, juridique, psychosociale, économique) des survivants de Violences Basées sur le Genre (VBG).
– L’élaboration d’un document de stratégie de lutte contre la traite des personnes.
Au titre de la Femme l’on peut relever les actions suivantes :
– Plus de 11.000 femmes ont bénéficié de financement de leurs activités génératrices de revenus (AGR) par le Fonds Nationale « Femmes et Développement » à des conditions souples ne nécessitant pas d’aval, d’épargne préalable et à un taux d’intérêt de 12%. Les montants octroyés de 2007 à 2011 se chiffrent à 787 Millions de FCFA ;
– L’augmentation progressive du nombre des auditrices sur la période 2011 à 2014 des120 Instituts de Formation et d’Education Féminine (IFEF). Ces structures contribuent à l’alphabétisation et à la formation des femmes, ainsi en 2011 – 2012, 2012 – 2013, respectivement 4.261 et 4.671 auditrices ont été formées et pour l’année 2013 – 2014 nous avons 5.544 auditrices. Ce qui indique une augmentation progressive de l’intérêt pour les IFEF ;
– L’alphabétisation de 700 femmes rurales dans les IFEF ainsi que leur initiation à la comptabilité simplifiée pendant les activités hors IFEF montrant ainsi leur utilité dans leur milieu d’implantation ;
– L’adoption du principe de l’élaboration du projet de loi relatif à l’amélioration du taux de représentativité des femmes dans les instances de décision ;
– Le projet « Promotion, protection, autonomisation économique de la Femme en Milieu Rural » lancé en février 2014 à Katiola. Ce projet comprend la maison de la potière avec une salle d’ordinateurs, un restaurant, une garderie d’enfants, un espace de façonnage et une salle d’exposition entièrement équipée) ; par ce projet, deux (2) fédérations de femmes rurales ont été mises en place, le Hambol, constitué de 88 groupements de femmes ont été formés à Katiola et bientôt 100 autres le seront en gestion coopérative, sociétés coopératives et gestion d’une AGR à Adzopé et à M’Batto. Près de 250 femmes ont été formées en comptabilité simplifiée à Abidjan ;
– La fermeture des lieux de dépravation des mesures et la reconversion économique des femmes par financement d’AGR à leur PROFI;
– La mise en place d’un comité interministériel de lutte contre la traite et l’exploitation des personnes ;
– La mise en place sur tout le territoire national de plates formes de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.
– La mise en place du Conseil National de la Femme présidée par SEM le Président de la République de Côte d’Ivoire.
Au titre de l’enfant :
– L’adoption de la Politique Nationale de Protection de l’Enfant ;
– L’insertion dans le curricula de formation initiale des écoles de Police et de Gendarmerie d’un module de 50 heures de formation sur la protection des mineurs ;
– Avec l’appui des partenaires, 2.472 leaders et relais communautaires et 551 professionnels (travailleurs sociaux, enseignants, etc.) ont eu leurs capacités renforcées en matière de détection, signalement, référence et prise en charge des enfants victimes ;
– La prise en charge par les services sociaux en 2013, de 700 enfants victimes de violences sexuelles dont 48% de violence sexuelles ont été détectés ;
– L’amélioration de l’environnement familial de 311.700 enfants dans 36 Départements, grâce aux actions de sensibilisation et de mobilisation communautaires ;
– L’institution du Parlement des enfants en Côte d’Ivoire par décret n° 2013-857 du 19 Décembre 2013 ;
– Le renforcement du cadre institutionnel et de la coordination du Programme National des Orphelins et Enfants Vulnérables (PNOEV) par la formation des acteurs et le renforcement des capacités des ONG ;
– La réduction des coûts d’inscription au niveau des CPPE et des CACE ;
– La mise en place de la ligne verte 116, ‘’Allo enfant en détresse’’ ;
– La sensibilisation autour de la question sur le phénomène des enfants microbes ;
– La mise en œuvre de l’accord de coopération relatif à la traite transfrontalière par le rapatriement d’enfants saisis sur le territoire national ;
– La ratification de la convention de la Haye sur les droits des enfants.
Au titre de la Solidarité et de la Cohésion Sociale
– La production du Rapport 2013 sur l’état de la Cohésion Sociale en Côte d’Ivoire « Diagnostic analytique de la Cohésion Sociale en Côte d’Ivoire. »
– L’assistance humanitaire et le secours aux populations affectées p arla crise postélectorale et aux populations sinistrées ;
– La sensibilisation des Personnes déplacées Internes à la tolérance, au pardon, à la cohésion sociale et à leur retour chez eux ; Dans ce cadre, 5.000 PDI assistées à Petit Guiglo et Ziébly (S/P de Bloléquin) ;
– Le soutien aux populations en détresse à travers la collecte et la distribution de vivres et de non vivres aux réfugiés, rapatriés et personnes sinistrées, soient près de 11.500 personnes sur tout le territoire national.
– Cent millions (100.000.000) de FCFA pour la prise en charge des sinistrés des pluies diluviennes ;
– Trente Millions (30.000.000) de FCFA pour les actions menées à Grabo après l’attaque dont la ville a faite l’objet ;
– Dix millions (10.000.000) de FCFA pour l’incendie à M’Bahiakro.
Soit un montant total de près de 200.000.000 FCFAd’appui
– La loi n° 2014-137 du 24 Mars 2014 portant statut de pupilles de la nation qui crée les conditions d’une meilleure prise en charge de mineurs dont l’un ou les deux parents ou le tuteur légal, ont été victimes de catastrophes nationales, ou sont morts en situation de guerre dans l’exécution d’une mission de service publique ;
– Le renforcement de la Solidarité et de la Cohésion Sociale entre les composantes de la nation ivoirienne par la contribution à la mise en œuvre au travers des actions de l’OSCS ;
– La mise en place d’un mécanisme d’harmonisation des listes des victimes de guerre détenues par les différentes associations ;
– La mise en place d’un réseau de volontaires de la solidarité ;
– L’élaboration et la participation à la mise en œuvre, en collaboration avec le Comité Consultatif Elargie (CCE), du plan d’action du Mont Péko évalué à 1.426.517.839 FCFA dont la phase de sensibilisation est achevée et la phase de profilage en cours depuis 29 Septembre 2014. Ces deux phases ont été financées par l’Etat de Côte d’Ivoire à hauteur de 52.000.000 FCFA.
– La production du Manuel de base sur les Notions de Solidarité et de la Cohésion Sociale ;
– La finalisation du document de Politique Nationale de Solidarité et de Cohésion Sociale ;
Malgré ces nombreux acquis, des défis sont à relever.
Au titre de la Femme
– L’adoption de la loi modifiant le code électoral
– La mise en œuvre de la parité ;
– L’autonomisation de la femme par le financement des projets et l’alphabétisation en masse ;
– Création d’un centre d’accueil pour les femmes en détresse ;
– La mise en œuvre de la stratégie de lutte contre les VBG
Au titre de l’Enfant
– La résolution du phénomène des enfants microbes ;
– La mise en œuvre de la politique de protection de l’enfant ;
Au titre de la Famille
– Mise en œuvre de la politique nationale de la famille
Au titre de la Solidarité et de la Cohésion Sociale
– La mise en œuvre de la politique nationale de la Solidarité et de la Cohésion Sociale ;
– La production des indicateurs ;
– La création d’un esprit de solidarité, de paix parmi les ivoiriens et les autres peuples en inculquant la culture de paix et de solidarité : aux enfants, aux jeunes, aux femmes et aux hommes.
Quelle appréciation faites-vous de votre gestion depuis votre arrivée à la tête du Ministère de la Solidarité, de la Famille et de l’Enfant ?
Bilan largement positif, au regard de tous les acquis détaillés dans la réponse précédente. Cependant, comme en témoigne les défis énoncés, beaucoup reste encore à faire.
Quels sont les programmes ou les grandes lignes d’actions pour améliorer la situation des familles ?
La famille, apparaît comme le lieu privilégié d’épanouissement de ses membres. Cadre primaire d’expérimentation de la Cohésion Sociale et de Socialisation de l’enfant, c’est au sein de la famille que celui-ci acquiert les modèles rationnels qui feront de lui, l’adulte accompli de demain.
Au niveau national, nous pouvant citer, entre autre, la loi n° 2000-513 du 1er Août 2000 portant constitution de la Côte d’Ivoire en son article 5 ; la loi portant répression de certaines formes de violences à l’égard des femmes ; le décret n° 2013-506 du 25 Juillet 2013 portant attribution des membres du Gouvernement ; le décret n° 2011-431 du 30 Novembre 2011 portant organisation du Ministère de la Famille et de l’Enfant qui prévoit des directions centrales, des services, des cellules et des organes consultatifs.
Comme signalé plus haut, l’analyse de la situation actuelle, nous a laissé voir des familles durement éprouvées par la décennie de crise. Hors, la constitution de la République de Côte d’Ivoire dispose en son article 5 que la famille constitue la cellule de base de la société et que l’Etat assure sa protection. Et c’est même conformément à cette disposition que le Gouvernement a inscrit la protection de la famille au cœur de ses priorités.
C’est donc dans cette vision que le Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant s’est engagé à rendre opérationnelle la Commission nationale de la famille, antérieurement prévue par le décret n° 2007-569 du 10 Août 2007 portant organisation du Ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant dont les dispositions pertinentes ont été reprises par le décret n° 2011-431 du 30 Novembre 2011, qui organise le Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant.
Les missions assignées à cet organe sont :
– Assister le Gouvernement dans la définition de la politique nationale de la famille
– Emettre des avis ou formuler des recommandations sur toute question relative à la famille
– Assurer le suivi de l’engagement de l’Etat, relativement à la protection et à la promotion de la famille.
Aussi, la Commission Nationale de la Famille, par son appui au Gouvernement permettra-t-elle de répondre efficacement aux menaces qui pèsent sur les fondements de la famille ivoirienne et compromettent l’avenir de ses composantes, voire l’équilibre social du pays entier. Cette plateforme de synergie d’actions entre le Gouvernement, les familles, la société civile et les collectivités locales, par ses réflexions, devrait a abouti à la production d’un document de politique nationale de la famille qui sera la boussole du citoyen nouveau.
Des consultations nationales ont été lancées dans 10 régions de la Côte d’Ivoire, et ont permis de recueillir l’avis de la population sur les questions relatives à la famille de finaliser le document de politique nationale de la famille.
Votre message à l’endroit des opérateurs économiques, des PME, des PMI et à la population ?
A l’endroit des opérateurs économiques, des PME, des PMI et à la population, je formule un message de paix durable.
La Côte d’Ivoire, engagée dans l’émergence à l’horizon 2020 ne pourra y arriver que si ses actions sont fondées sur la paix, la sécurité, la solidarité, la cohésion sociale et le respect des valeurs morales.
Qu’un accent particulier soit mis sur les familles à travers la mise en œuvre de la politique nationale de la famille.
Qu’également les femmes, qui ont un apport considérable dans l’économie du pays, soient soutenues dans leurs actions de développement à travers leur accessibilité aux financements.
Que tous ensemble, femmes et hommes, solidaires, puissions œuvrer pour une Côte d’Ivoire unie, réconciliée, mettant en pratique le Vivre Ensemble.