Le contenu du Web monopolise souvent notre attention et sature notre mémoire de travail. Néanmoins, force est de constater que la science n’a pas encore toutes les informations concernant l’impact d’Internet sur nos capacités cognitives, même si les informations déjà disponibles sont inquiétantes.
Depuis la démocratisation d’Internet, nous sommes beaucoup à passer des heures à surfer, passant en revue des flots ininterrompus d’information qui monopoliseraient notre attention. Selon le philosophe Bernard Stiegler, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges-Pompidou :
« De plus en plus souvent, nous nous dépossédons d’éléments de notre mémoire (numéros de téléphone, adresses, règles d’orthographe et de calcul mental…) que nous confions à des machines presque toujours à portée de nos mains et dont les capacités doublent tous les dix-huit mois pour le même prix, selon la loi de Moore. »
Ce sujet, traité longuement dans un article du Journal du CNRS en 2014, pose une question importante : Internet détruirait-il notre mémoire ? Les scientifiques n’ont pas encore toutes les cartes en main pour proposer une réponse claire mais ces derniers sont sûrs d’une chose : utiliser Internet une heure par jour peut modifier nos connexions neuronales. Ceci est d’ailleurs normal car c’est ce qui se produit lors de toute nouvelle activité. Cependant, une activité Internet régulière et soutenue augmenterait l’activité du cortex préfrontal, une zone du cerveau responsable de la prise de décision.
Ainsi, plutôt que de se concentrer sur la lecture, notre cerveau est souvent en prise avec lui-même pour prendre des décisions, tant le nombre de liens et autres distractions est présent sur les pages Web, ce qui n’est pas le cas sur la page d’un simple livre. Internet est source de tellement de sollicitations que l’attention et la compréhension baissent en ce qui concerne le fond des informations que nous lisons.
L’exemple des liens hypertextes est très parlant car existe alors la tentation de cliquer tous azimuts afin de préciser un terme ou une source, et cela peut causer une désorientation cognitive au point d’oublier ou de délaisser le sujet de base. Notre mémoire de travail – à court terme – est donc impactée et trop d’informations et de sollicitations peuvent interférer le transfert des connaissances vers la mémoire à long terme, dont la mission est de stocker les informations. Il faut savoir que cette mémoire à long terme est essentielle, car c’est justement celle-ci qui nous permet de mettre en perspective nos connaissances, de prendre du recul et de penser en conséquence.
Si la science n’a pas encore cerné tous les aspects de l’impact du Web sur la mémoire, on sait déjà que l’utilisation soutenue de ce support ne nous enrichit pas de la même façon que lorsqu’il s’agit d’un livre, comme l’explique une étude publiée en 2013 dans la revue Science.
Sources : CNRS – Science & Vie