Selon l’Institut Molinari, think tank libéral, le salarié moyen français devient en 2016 le plus taxé de l’Union européenne. Il travaillera jusqu’au 29 juillet pour financer les dépenses publiques, soit un mois et demi de plus que la moyenne de l’UE.
Vous êtes un salarié français ? Le jour de votre libération fiscale sera cette année le 29 juillet. L’Institut Molinari, think tank libéral, publie depuis 7 ans une étude dont l’objectif est de comparer le fardeau fiscal et social qui pèse sur le salarié moyen des 28 pays membres de l’Union européenne et de déterminer ainsi le « jour de libération fiscale et sociale » des personnes qui travaillent au sein de l’Union. Cette pression est calculée en agrégeant les principaux impôts ou charges que supportent, directement ou indirectement, les salariés moyens. Elle prend en compte les charges sociales patronales, les charges sociales salariales, l’impôt sur le revenu et la TVA. Selon l’Institut, tous ces prélèvements obligatoires sont intégralement financés par le fruits de l’activité du salarié et réduisent in fine d’autant son pouvoir d’achat réel. Cette étude permet ainsi de mesurer le coût réel des services publics et de la sécurité sociale pour le salarié moyen. Elle permet aussi d’en déduire le moment à partir duquel il recouvre la liberté d’utiliser, comme il veut, son pouvoir d’achat, en consommant ou épargnant.
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Un concept contesté
La technique de calcul de l’Institut est très contestée. Pour ses détracteurs, les calculs sont biaisés, notamment parce que l’indicateur amalgame ce qui est payé par les entreprises, les ménages et les consommateurs et qu’il ne tient compte ni de la progressivité du barème ni de la familialisation de l’impôt.
Pour l’Institut, la particularité de cet indicateur de liberté économique est de rendre concrète la situation des salariés moyens de l’UE en intégrant la fiscalité sur le travail (charges sociales et impôt sur le revenu) et la consommation (TVA) de chaque pays. Les calculs des charges sociales patronales, salariales et des impôts sur le revenu sont faits par EY pour les 28 pays de l’UE. Au-delà du débat sur la méthode, il est intéressant d’observer l’évolution des résultats de cet indicateur puisqu’il existe maintenant depuis plusieurs années.
La France championne de la fiscalité de l’UE
Comme l’année dernière, le podium de la fiscalisation du salarié moyen est occupé par la Belgique, la France et l’Autriche, mais c’est la France qui devient la championne de la fiscalité de l’Union européenne, avec 57,53 % de taxation et une libération fiscale et sociale le 29 juillet. La Belgique nous cède donc la première place qu’elle détenait depuis 2010, avec 56,90 % de taxation et une libération fiscale et sociale le 27 juillet, « conséquence d’un ambitieux « Tax shift » réduisant les charges sociales », observe l’Institut Molinari. Enfin l’Autriche reste 3ème, en dépit d’une baisse significative de l’impôt sur le revenu, avec 54,70 % de taxation et une libération fiscale et sociale le 19 juillet.
Selon cette étude, le salarié français est en théorie parmi les mieux payés avec 56.246 EUR (5ème rang de l’UE), mais il est particulièrement fiscalisé avec 32.358 EUR de charges, impôt sur le revenu et TVA (1er rang en pourcentage du salaire complet, 2ème rang de l’UE en euros), ce qui lui laisse un pouvoir d’achat net d’impôt sur le revenu et de TVA de 23.889 EUR (11ème rang de l’UE). À elles seules, les charges sociales (28.223 EUR, 1er rang de l’UE) représentent plus que le pouvoir d’achat réel (23.889 EUR, 11ème rang), situation unique dans l’UE. Pourtant mieux payé que l’autrichien ou l’allemand, le salarié moyen français dispose de 29 % de pouvoir d’achat en moins que le premier et de 17 % en moins que le second.
« Les salariés belges et français consacrent plus de la moitié des sommes distribuées par leurs employeurs en charges et impôts. Cela vaut la peine de se demander pourquoi ils ne reçoivent pas en retour les meilleures écoles, les meilleurs soins de santé ou les retraites les plus généreuses» , commente James Rogers, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, co-auteur de l’étude
avec lesechos