Yao Attignon et Lionel Menzan viennent de lancer leur plateforme d’accompagnement de la diaspora dans l’investissement immobilier baptisée Wizodia. Déjà opérationnelle dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, celle-ci arrive bientôt dans d’autres pays de la sous-région. Avec La Tribune Afrique, ils reviennent sur la genèse de ce projet et les objectifs qu’ils poursuivent désormais.
« Aider la diaspora à construire en Afrique », voilà en quelque mots à quoi se résume la vocation de Wizodia, une nouvelle plateforme en ligne officiellement lancée ce samedi 23 septembre. Celle-ci offre un accompagnement d’A à Z au candidat à la construction dans son pays d’origine en Afrique, c’est-à-dire de l’achat du terrain à la livraison du produit fini, en passant par l’estimation du budget ou encore l’élaboration de plans. Concrètement, il s’agit d’une mise en relation avec les « meilleurs » cabinets d’études, d’architectes, de notaires et même d’avocats pour les cas litigieux.
Quand deux ingénieurs se lancent dans l’immobilier
Derrière ce projet d’envergure, deux ingénieurs. Le premier d’origine togolaise, Yao Attignon, est un ingénieur informatique diplômé de l’Insia Paris. Avec une dizaine d’années d’expérience dans le domaine, il a fait ses armes chez Accenture, Eozen France, Alia Consulting, Kovalys Connect où il a été directeur des systèmes d’information avant de passer chef de projet et consultant SAP chez Seize Consulting.
Lionel Menzan quant à lui d’origine ivoirienne est un ingénieur télécoms diplômé de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Depuis octobre 2015, il est responsable de Production auprès de Bouygues Télécom. Auparavant, il exerçait en tant qu’Ingénieur Radio auprès de Bouygues pour AFD Technologies.
Mettre fin au “calvaire” de la diaspora
Wizodia est donc le projet qui réunit ces deux trentenaires qui ont fait connaissance lors d’une soirée de networking. L’idée est née d’expériences personnelles. Il y a quelques années, Yao s’engage dans un projet de construction personnel à Lomé. Mais alors qu’il entame les démarches, le jeune ingénieur ignore qu’il s’engage dans un véritable parcours du combattant. « Uniquement pour la conclusion de l’acte de d’achat du terrain, il m’a fallu attendre cinq ans », explique-t-il dans un entretien avec La Tribune Afrique. L’homme se souvient d’ailleurs des mises en garde de son entourage alors qu’il décide d’entreprendre. « Les gens me disaient que je le regretterais, que cela mobiliserait toutes mes vacances d’été… », relate-t-il.
« Jusqu’à présent, construire en Afrique pour la diaspora est source de beaucoup de problème », renchérit Lionel. Et pour les deux amis désormais associés, le plus difficile en matière d’immobilier sur le continent : l’accès à l’information, la bonne ! « Beaucoup d’Africains d’Europe notamment se rabattent souvent sur les membres de leur famille restée en Afrique pour s’assurer un minimum de confiance, mais là encore rien n’est garanti. D’ailleurs, dans bien de cas, cela se solde souvent par des détournements… », relève l’ingénieur télécoms.
Pierre à l’édifice
Avec Wizodia, Yao et Lionel entendent offrir à la diaspora la possibilité d’investir tout en « dormant à tête reposée ». « Via la plateforme, l’investisseurs peut suivre en temps réel l’état d’avancement de son projet, échanger avec les architectes, les notaires, …», expliquent-t-il.
Pour l’heure, la plateforme est opérationnelle au Togo, au Bénin et en Côte d’Ivoire. Sur place, les deux entrepreneurs assurent avoir noué des partenariats avec des professionnels de l’immobilier « hautement qualifié et recommandés, car tous reconnus par chacun des Etats-cibles ». Prochainement, ils entendent mettre le cap sur le Burkina Faso et la Guinée, avec l’ambition de couvrir toute l’Afrique sur le long terme. « Nous irons pas à pas, car réunir toutes les informations dans chaque pays n’est pas une tâche aisée », souligne Yao avant d’ajouter : « ce sont des recherches sur le terrain qui demandent du temps, surtout quand on veut comme nous bien faire les choses ».
Au sens plus large, les fondateurs de Wizodia entendent apporter leur pierre à l’édifice du marché de l’immobilier africain, un marché dont le potentiel fait l’unanimité ces dernières années qui restent encore loin des performances d’autres secteurs de l’économie. En effet, tandis que le poids des secteurs tels l’agriculture, le tourisme ou l’industrie est clairement déterminés dans le PIB des pays africains, l’immobilier est généralement englouti dans les services, sans qu’une estimation précise ne soit faite. Cela reflète également le besoin d’un sursaut dans ce secteur. La partition que pourra jouer Wizodia dans ce sens, en particulier dans les pays où la plateforme est active, sera suivi de près.
Avec latribuneafrique