Le projet de méga-complexe immobilier et commercial Yedcor Valley annoncé devant la presse ivoirienne début juillet laisse dubitatifs plusieurs connaisseurs du milieu. Et pour cause…
«Vous savez, des projets qui ne tiennent pas la route, on en voit tous les mois. » Dans le monde de l’immobilier, la sortie médiatisée de Desnos Toussaint Yed et surtout son projet d’un mall de 350 000 m2 à Cocody, un quartier d’Abidjan (76 000 m2 de surface commerciale dont 4 supermarchés, 50 000 m2 de bureaux, 1 salle de spectacles de 5 000 places, des boutiques de luxe, 300 appartements, 6 salles de cinéma, 2 hôtels de luxe et 1 musée), font sourire.
Précaution
D’abord en raison de l’ampleur du projet : le Morocco Mall de Casablanca, l’un des plus grands centres commerciaux africains, est quatre fois plus petit. Mais aussi pour certains détails annoncés par Desnos Toussaint Yed. Ainsi en est-il de son « partenaire » sud-africain Broll : si le leader de la commercialisation d’espaces immobiliers en Afrique confirme à Jeune Afrique l’existence de contacts, il précise, par l’intermédiaire de son président Afrique : « Rien n’est définitif pour l’instant. »
Par ailleurs, les noms d’UGC pour gérer les cinémas et de Carrefour pour l’alimentaire – suggérés par Desnos Toussaint – sont à prendre avec précaution : l’exploitant français de salles obscures a bien un intérêt pour le continent mais n’a aucun engagement concret, tant le secteur est sinistré. CFAO et Carrefour, tout en confirmant avoir rencontré les promoteurs de Yedcor Valley, indiquent ne pas trop croire à ce mall à la dubaïote et n’avoir aucune intention de s’y implanter.
Références floues
Enfin, la personnalité même de Desnos Toussaint Yed intrigue. Parent de Yed Esaïe Angoran, ministre des Mines à l’époque d’Houphouët, l’homme d’affaires est né en 1968 à Bécédi (au nord d’Abidjan) et a vécu en Afrique du Sud. Via sa filiale Geb & Nut, il gère désormais la principale carrière de sable et de gravier de Côte d’Ivoire, à Bingerville. Et se dit actif dans le conseil financier et la location de jets privés, tout en détenant plusieurs permis miniers en développement dans le pays ainsi qu’en Guinée.
Mais ses références et ses réalisations, jusqu’aux mystérieux centres commerciaux qu’il aurait construits en Afrique du Sud, restent plus que floues. Sa photo diffusée dans la presse laisse également songeur : un photomontage le montre assis dans le bureau de l’émir de Dubaï, Mohammed Ibn Rashid Al Maktoum… Avec, à la place du portrait officiel du fondateur de l’émirat, le nom du groupe Yedcor !
Avec Jeune Afrique