Une association environnementale française développe un logiciel professionnel capable de sauver de nombreux cétacés qui perdent la vie chaque année en pleine mer suite à une cause de mortalité peu connue. Un « massacre » silencieux peu médiatisé qui pourrait avoir trouvé sa solution.
Quand on évoque les risques qu’encourent les baleines ou les orques dans l’océan, on pense immédiatement à la pollution humaine, à la chasse illégale ou encore au réchauffement climatique. Pourtant, l’une des principales causes de mortalité chez les baleines et les cachalots est aussi la moins connues et tristement tragique : les collisions avec les grands navires marchands ou de plaisance. Fragiles, les cétacés ne survivent généralement pas à une collision frontale, les bateaux n’ayant généralement que peu d’informations sur la localisation précise des groupes de grands mammifères marins. Ainsi, chaque année, en méditerranée, des dizaines de baleines et de cachalots sont heurtés et tués par des navires qui ignorent leur présence.
Baleine percutée au large de Marseille par un cargo. Photographie à la discrétion de Souffleurs d’Ecume
C’est ici qu’interviennent les membres de l’association Souffleurs d’Ecume dont le but est de mettre fin à ce massacre discret. Ils ont imaginé leur propre solution et ont monté un projet en financement collaboratif pour la concrétiser. Ce système, qui devrait sauver nombre de mammifères marins, c’est REPCET, pour REPerage des CETacés. Il s’agit concrètement d’un logiciel destiné aux professionnels de la marine traversant le sanctuaire Pelagos, permettant de transmettre à tous les navires équipés, les positions des baleines qu’ils croisent.
Le logiciel cartographie les zones à risque de collision en temps réel. Une carte relayée à tous les bateaux équipés. Les navires qui pénètrent dans une zone à risque peuvent donc adapter leur comportement pour éviter une éventuelle collision. Par ailleurs, la base de données constituée par les relevés journaliers sera mise à disposition de la communauté scientifique pour faire progresser nos connaissances sur le comportement des cétacés et améliorer leur protection.
Frédéric Capoulade, à la fois président de l’association et commandant de nombreux navires durant sa carrière, s’est engagé personnellement dans cette cause : « A la barre de cargos mixtes et de navires rapides entre Corse et continent, je suis entré en collisions à plusieurs reprises avec des baleines. Ces moments ont réellement éprouvé ma carrière de commandant, et j’ai choisi d’entreprendre une série d’actions pour limiter ces accidents, d’abord au sein de ma compagnie, et désormais en tant que président de Souffleurs d’Ecume. » témoigne-t-il fort de son expérience.
En tant que système collaboratif, il est nécessaire d’équiper une trentaine de bateaux pour augmenter l’efficacité du logiciel. À ce jour, REPCET a été adopté par quelques compagnies pionnières comme Engie, La Méridionale, Someca ou encore la Marine Nationale. Malheureusement, l’installation est couteuse et il n’y a qu’une dizaine de bateaux équipés à ce jour. Pour essaimer l’outil à travers la méditerranée, l’association fait appel à la générosité des amoureux des cétacés à travers un financement participatif via kisskissbankbank. À 10 jours de la fin de l’opération, l’association peine à atteindre les 10% de son objectif et réclame l’aide des amoureux de ces animaux.
avec mrmondialisation