Les investissements directs étrangers en Afrique ont accusé une baisse de 3 % en 2016 selon le rapport 2017 de la CNUCED. Le ralentissement des cours des matières premières explique en grande partie cette baisse en régime et pour 2017, l’organisme onusien table sur un rebond des flux à destination du continent.
l n y a pas que les caisses publiques des pays africains qui ont souffert des répercussions de la baisse des cours des matières premières sur les marchés internationaux. Les flux d’IDE à destination du continent ont également baissé en régime notamment en 2016 en raison de cette conjoncture qui a débuté en 2014 et s’est particulièrement amplifié ces deux dernières années.
En 2016, par exemple, les flux d’investissement directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique ont continué de reculer pour s’établir à 59 milliards de dollars soit un recul de 3 % par rapport à 2015 selon l’édition 2017 du World Investment Report, le rapport mondial sur les investissements que publie chaque année la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). D’après le rapport, publié le mercredi 7 juin à partir de Genève où siège l’organisation, « l’intérêt des investisseurs pour l’Afrique sub-saharienne ayant faibli avec la stagnation des prix des produits de base ». Le résultat, c’est que les IDE en direction de l’Afrique subsaharienne ont chuté de 7 % pour se situer à 45 milliards de dollars alors que dans la partie nord du continent, c’est la vigueur des flux qui ont tirés vers le haut les IDE en direction de la région avec une augmentation de 11% soit 14,5 milliards de dollars. Les flux à destination de l’Égypte, en hausse de 17 % à 8,1 milliards de dollars, « ont surtout été stimulés par la découverte de réserves de gaz par des entreprises étrangères » a souligné le rapport.
Des flux inégalement répartis par région et par pays
Selon la CNUCED, les flux d’IDE en direction du continent restent toutefois inégalement répartis. Cinq pays à savoir l’Angola, l’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana et le Nigéria, totalisent à eux seuls 57 % de ces IDE. Toutes les régions ne sont d’ailleurs pas logées à la même enseigne tout comme c’est le cas pour les pays en fonction de leurs ressources et de leur compétitivité.
En Afrique centrale, les flux ont baissé de 15 % en 2016 pour s’établir à 5,1 milliards de dollars. En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, la chute des investissements de l’ordre de 28 % soit 1,2 milliard de dollars d’investissements étrangers, n’a épargné que le secteur minier. Dans la même région, certains pays ont toutefois noté une augmentation des flux comme c’est le cas du Congo qui a enregistré une progression de 8 % pour atteindre 2 milliards de dollars, « principalement du fait de la poursuite des investissements de sociétés chinoises ».
L’Afrique de l’Est a de son coté reçu 7,1 milliards de dollars d’IDE en 2016, soit une hausse de 13 % par rapport à 2015. Ainsi et selon le rapport, sous l’effet des investissements dans les infrastructures et le secteur manufacturier, les flux à destination de l’Éthiopie ont augmenté de 46 % pour s’établir à 3,2 milliards de dollars.
L’Afrique de l’Ouest a également connu une hausse des flux d’IDE de 12 % pour un volume estimé à 11,4 milliards de dollars en 2016, « notamment grâce à une embellie des niveaux d’investissement au Nigéria, bien que les flux soient restés bien en deçà de leurs niveaux record ». Les entrées d’IDE au Ghana ont également connu une progression de 9% pour s’établir à 3,5milliards, « stimulées à la fois par des projets de transformation du cacao et de traitement d’hydrocarbures ».
En Afrique australe, les IDE ont baissé dans huit des 10 pays de la sous-région pour s’établir à 21,2 milliards de dollars, en baisse de 18 %. L’Angola a enregistré un recul de 11 % avec des IDE estimés à 14,4 milliards de dollars « en raison d’un moindre réinvestissement des bénéfices ». L’Afrique du Sud, « la locomotive économique du continent », selon la CNUCED, est restée à la traîne avec un piètre volume de flux de 2,3 milliards de dollars, certes supérieur de 31 % au plus bas enregistré en 2015, mais toujours bien en deçà des moyennes historiques.
Rebond attendu en 2017
La bonne nouvelle, c’est que la CNUCED anticipe un rebond pour cette année des flux d’IDE à destination de l’Afrique. Ils devraient atteindre près 65 milliards de dollars, que l’organisme onusien explique par « la hausse contenue des prix du pétrole et d’une amélioration possible des IDE hors pétrole ». Par ailleurs, l’intégration régionale croissante devrait aussi « aider l’Afrique à se faire davantage de place dans la concurrence mondiale, et à susciter des flux plus importants d’IDE » selon la CNUCED.
Le rapport de la CNUCED contient également d’autres aspects intéressants sur la dynamique des IDE sur le continent, ce qui permet d’en établir les perspectives à court ou moyen terme. Ainsi, si les principaux investisseurs en Afrique restent les multinationales des pays développés, les investisseurs des pays en développement tels que l’Afrique du Sud, la Chine et l’Inde sont de plus en plus actifs a mis en évidence le document.
Les sorties d’IDE des pays africains ont également marqué le pas à hauteur de 18,2 milliards de dollars soit une n hausse de 1 % par rapport à 2015. « La réduction des investissements en provenance d’Afrique du Sud, de la République démocratique du Congo, du Ghana et du Nigéria, dans cet ordre, a été plus que compensée par la hausse des flux d’IED provenant de l’Angola, premier investisseur de la région » a conclut la CNUCED dans son dernier rapport qui fait office de référence mondiale en matière d’IDE.
Avec latribuneafrique