Le groupe pétrolier algérien Sonatrach a annoncé avoir découvert de nouveaux gisements d’hydrocarbures au Niger où il détient des permis d’exploitation. Pour le moment, il ne s’agit que «d’indices positifs», mais la découverte confirme le potentiel de la région et surtout du Niger qui se voit profiler de nouvelles opportunités pour le développement de ses ressources naturelles.
Avec une prudence mesurée, mais sur un ton optimiste, le PDG de la Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, vient de confirmer que des opérations d’exploration menées par le groupe pétrolier algérien ont abouti à la découverte de nouveaux gisements d’hydrocarbures au Niger. «On a foré et on a trouvé. Mais pour l’instant, ce n’est pas encore une découverte économique, parce qu’il faut toute une phase d’évolution et malgré cela, les prémices et les indices sont très positifs», a déclaré Ould Kaddour lors d’une conférence de presse, tenue le lundi 12 février dans la commune de Hassi Messaoud, près de la frontière nigérienne.
La Sonatrach explore depuis plusieurs années au Niger où elle a obtenu, depuis 2005, un permis de recherche à travers notamment sa filiale internationale SIPEX, activé sur le bloc de Kafra. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les autorités du Niger et les responsables de la Sonatrach font cas «d’indices très prometteurs» sur ce périmètre mitoyen du bloc algérien de Tafassasset, détenu par le groupe pétrolier algérien.
La région transfrontalière est en effet assez riche en hydrocarbures et en 2015, les deux pays avaient même convenu de substituer le contrat de prospection et de recherche que détenait la Sipex, par un contrat de partage de production (CPP) avec le groupe public Sonatrach. Les recherches se poursuivent donc et devrait permettre de confirmer ou non le potentiel du gisement conformément aux engagements souscrits et qui devraient se traduire par un investissement de près de 30 millions de dollars destinés à mettre en valeur le sous-sol nigérien.
Des enjeux énormes pour la Sonatrach et surtout pour le Niger
L’annonce du PDG de la Sonatrach est loin d’être fortuite. Elle confirme les ambitions africaines de la plus grande compagnie pétrolière du Continent qui repense aujourd’hui sa stratégie pour faire face à ses difficultés internes. Le Niger fait partie en effet des cibles prioritaires du groupe algérien, d’autant que ses autres projets sur le Continent, notamment en Libye, ont connu un coup d’arrêt en raison de la situation sécuritaire que traverse le pays.
Depuis plusieurs années, le pays fonde son espoir sur la construction d’un pipeline de raccordement avec celui reliant le Tchad au Cameroun, ce qui pourrait lui permettre de booster sa production brute. Bien que tous les accords nécessaires ont été signés, la construction du pipeline reste bloquée en raison du contexte sécuritaire qui prévaut dans la zone frontalière avec le Tchad, mais aussi avec le Cameroun. Ce qui n’a pas pour autant empêché le gouvernement nigérien de délivrer ces dernières années, plusieurs autres permis de recherche à d’autres acteurs pétroliers.
Avec cette annonce de la Sonatrach, de nouvelles opportunités s’ouvrent pour le pays. En plus d’attirer de nouveaux investisseurs qui ne manqueront pas d’être séduits par le potentiel de la zone frontalière avec les champs pétroliers de l’Algérie et de la Libye, la confirmation de la découverte pourrait se traduire par de nouveaux débouchés pour le Niger. C’est le cas notamment de l’ancien projet du pipeline gazier transsaharien, renvoyé aux calendes grecques, qui devrait relier le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger. A défaut, la proximité du champ de Kafra I avec les installations pétrolières du Sud algérien offrirait également une autre alternative pour le Niger d’exporter son pétrole et donc de doper sa production.
Avec latribuneafrique