La production cinématographique étrangère est concentrée dans trois grandes provinces : en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. Logiquement, car ce sont les trois bassins de populations et d’emplois principaux au Canada. Mais aussi parce que ces provinces ont su livrer une concurrence fiscale à leurs voisins – américains et autres régions canadiennes – pour attirer tournages, conception d’effet spéciaux et post productions.
Il existe d’abord un crédit d’impôt fédéral consacré aux prestations de service de production cinématographique ou magnétoscopique : il s’élève à 16 % des frais de main d’œuvre admissibles (sans plafond par rapport au coût total de l’œuvre, ni contrainte de contenu canadien).
Ce pourcentage est faible par rapport à d’autres crédits d’impôts nationaux, mais le taux peut plus que doubler avec le cumul autorisé avec un crédit d’impôt provincial : 20 % au Québec pour les services de production cinématographique, 25 % en Ontario, 33 % en Colombie-Britannique (majoré de quelques points de bonus si le tournage a lieu hors de Vancouver, ainsi que pour l’emploi d’entreprises d’effets spéciaux).
De fait, la Colombie-Britannique attire la majorité de la production étrangère (64 % du volume), suivie par l’Ontario (22 %) et le Québec (11 %). La domination de Vancouver, outre son crédit d’impôt plus attractif, s’explique aussi par sa plus grande proximité avec Los Angeles : fuseau horaire similaire, rapidité du trajet en avion etc.
Toronto sert régulièrement d’arrière-plan à des films supposés se dérouler à Chicago ou à New York La production est en grande partie tournée en studio, mais les espaces canadiens servent aussi d’écrin pour nombre de ces films. Tantôt, ils représentent directement les territoires canadiens ou attenants (de la première série tournée au Canada, Hawkeye and the Mohicans, à la récente série Fargo, tournée dans l’Alberta), tantôt ils se substituent à d’autres espaces nord-américains. Toronto en particulier, en raison de son urbanisme très générique et de sa skyline, sert régulièrement d’arrière-plan à des films supposés se dérouler à Chicago ou à New York : American Psycho (2000), Cosmopolis (2012), Spotlight (2015) parmi moult exemples. Le Québec a attiré le tournage de Brooklyn, une coproduction britannico-irlando-canadienne tournée durant dix-huit jours à Montréal, deux seulement à New York, et une vingtaine de jours en Irlande, pour un script caractérisé par son ancrage new-yorkais ! Le choix du Canada comme destination de tournage est encouragé et accompagné par les pouvoirs publics provinciaux ou municipaux, qui mènent une activité de lobbying et de conseil via les bureaux d’accueil des tournages, et un bureau de renseignement à Los Angeles même.
La nette hausse des investissements étrangers en 2014-2015 (+ 42 %), constatée par l’étude Profile 2015, s’explique en partie par la baisse conjoncturelle du dollar canadien, qui rend le pays encore plus compétitif, mais aussi en partie par le niveau d’attractivité global de l’offre canadienne, notamment renforcé par l’implantation ou le développement de sociétés spécialisées d’animation ou d’effets spéciaux qui structurent le tissu industriel).