LA CHRONIQUE DU PR KHAYAT. Le Royaume-Uni ainsi que d’autres pays européens enregistrent ces 30 dernières années une importante hausse de l’incidence du carcinome in situ du pénis, maladie qui peut se transformer en cancer du pénis plus tard.
Les dernières actualités de la recherche contre le cancer sont présentées pour Sciences et Avenir et en exclusivité par le Pr David Khayat, chef de service de cancérologie à la Pitié-Salpêtrière.
Une augmentation spectaculaire de l’incidence du carcinome in situ du pénis (CIS), une maladie prémaligne qui peut se transformer en cancer du pénis des années plus tard, a été observée au Royaume-Uni, dans d’autres pays européens et en Amérique du Nord. L’équipe du Dr Simon Rodney, chercheur en doctorat en onco-urologie au University College London a présenté ses résultats au Congrès de l’Union européenne d’Urologie (EAU) 2017.
Les chercheurs révèlent que l’incidence est passée de 19 nouveaux cas signalés en 1979 à 193 en 2011. Le taux d’incidence normalisé selon l’âge est passé de 0,08 pour 100.000 en 1979 à 0,66 pour 100.000 en 2011, soit une augmentation globale de 725% sur 32 ans. Ces données proviennent de l’Office for National Statistics in England. Une plus grande sensibilisation au sujet et une inhibition moins importante chez les hommes à aborder les soucis génitaux avec leur médecin n’expliquent pas à elles seules l’importante augmentation de cette incidence. Le principal facteur du carcinome in situ du pénis est le virus du papillome humain (HPV). D’autres infections associées au HPV ont augmenté ces dernières années, dont les verrues génitales, les cancers de l’anus, de la tête et du cou ainsi que celui de la gorge, lié à la pratique du sexe oral et plus généralement à une augmentation du nombre de partenaires sexuels depuis les années 1960.
L’augmentation du taux d’incidence du CIS peut aussi s’expliquer par le recul de la circoncision, qui protège contre l’infection par le HPV et le cancer du pénis, a noté le Dr Simon Rodney. Le taux de circoncision néonatale au Royaume-Uni est passé de 49% selon un article publié en 1949, à des estimations de l’ordre de 3,8% (avant l’âge de 15 ans), d’après un document publié en 2000. Par ailleurs, un article datant de 2013 portant sur l’incidence du cancer du pénis en Angleterre a révélé que 9690 hommes ont été diagnostiqués entre 1979 et 2009, soit une augmentation du taux d’incidence normalisé selon l’âge de 21%. Cette hausse s’explique par des changements dans les pratiques sexuelles, une plus grande exposition au virus du papillome humain et aux parasites sexuellement transmissibles et des taux décroissants de circoncision durant l’enfance.
Avec sciencesetavenir