Des pénuries de main d’oeuvre localisées, au sein des pays riches, se traduisent par des tensions sur les salaires, ce qui se traduira par un regain d’inflation, prévient l’Organisation de coopération et de développement économiques.
L’inflation pourrait se redresser en raison de pénuries de main d’oeuvre localisées dans les pays développés, notamment au Japon et aux Etats-Unis, selon le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, Angel Gurria. Seule une croissance plus soutenue permettra d’accélérer vraiment la hausse des prix, a-t-il toutefois précisé. L’OCDE avait dit en juin que l’économie mondiale devrait enregistrer cette année sa plus forte croissance en six ans mais qu’une résurgence de l’inflation restait encore à concrétiser.
“Nous arrivons à un point où nous commençons à constater des pénuries de main d’oeuvre localisées et une réaction naturelle, enfin”, a dit Gurria à Reuters. “C’est bien mais normalement l’on aurait espéré avoir des signaux positifs d’augmentation des salaires bien avant d’être pratiquement parvenu au plein emploi.” Gurria a ajouté que les banques centrales, au Japon et en Europe en particulier, devront maintenir une politique monétaire avec une “orientation laxiste” pendant quelque temps afin de soutenir la croissance dans un environnement incertain. “L’inflation est la manifestation, ce n’est pas le problème, le problème c’est la croissance”, a-t-il dit en faisant référence à la faiblesse de la demande, de la consommation et de l’investissement en raison du manque de confiance dans l’avenir.
Les récentes déclarations du président américain Donald Trump, menaçant d’une vacance des administrations publiques si le Congrès n’approuve pas le financement d’un mur à la frontière mexicaine, accentuent l’incertitude même si une solution sera finalement trouvée, a-t-il prévenu. “Dans l’intervalle, il y a du stress et idéalement l’on aurait préféré ne pas l’avoir”, a déclaré Gurria, un économiste d’origine mexicaine.
Il a estimé qu’il était trop tôt pour juger des effets de la politique de Trump en matière commerciale dans un contexte de craintes de regain du protectionnisme alors que Washington a entamé le processus de renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena). “Il s’est dit beaucoup plus de choses qu’il ne s’est pris de décisions, simplement parce que le processus n’en est qu’à ses débuts. C’est un peu tôt”, a dit Gurria, en Thaïlande pour le lancement d’un programme de l’OCDE.
Un regain d’inflation se traduit en théorie par une remontée des taux d’intérêt. En particulier, une hausse des taux à long terme aux Etats-Unis devrait provoquer des mouvements similaires en Europe, y compris en France, du fait des probables arbitrages des investisseurs, qui devraient délaisser les obligations européennes en faveur des américaines, avec une meilleure rémunération à la clé…
Avec capital