Les élections présidentielle et législatives prévues dimanche 9 octobre en Haïti ont été reportées après le passage destructeur de l’ouragan Matthew.
La décision s’imposait. Après le passage du cyclone Matthew, les autorités ont une « évaluation à faire », a expliqué mercredi 5 octobre le président du conseil électoral provisoire (CEP) Léopold Berlanger.
Des consultations seront organisées « avec les autorités concernées, le pouvoir exécutif et les partenaires nationaux et internationaux pour, d’ici à mercredi 12 octobre au plus tard, pouvoir donner une nouvelle date pour les élections ».
L’Organisation des États Américains (OEA), qui a déployé une mission d’observation électorale dans le pays, « appuie » ce report, a-t-elle dit dans un communiqué.
D’autant que Léopold Berlanger a ajouté que « les membres du personnel des bureaux de vote peuvent aussi compter parmi les victimes ou les personnes déplacées ».
Une île en proie aux intempéries
Très vulnérable aux aléas climatiques en raison de l’importante déforestation et peinant encore à se relever du violent séisme de 2010 qui avait fait plus de 200 000 morts, le pays le plus pauvre des Caraïbes ne peut pas encore établir un bilan définitif du passage du cyclone Matthew, qui y a fait au moins dix morts.
La région du grand sud, la plus affectée par les intempéries, est coupée du reste du pays à la suite de l’effondrement d’un pont et aucun contact n’a encore pu être établi avec le département de la Grande Anse, dans le sud-ouest de l’île, qui se trouvait sur la trajectoire directe de l’ouragan Matthew.
Instabilité politique
« Dans la région du grand sud, nous savons déjà que beaucoup de bâtiments ont perdu leurs toitures, et certains allaient être des centres de vote », a expliqué Léopold Berlanger lors d’une conférence de presse.
Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis 2015, lorsque le pays s’est lancé dans un marathon électoral avec l’objectif d’élire sur trois journées l’ensemble des maires et députés du pays, deux tiers du sénat ainsi que le futur président. Mais le premier tour de scrutin législatif, en août 2015, a été marqué par d’importantes violences et les élections ont dû être annulées dans près d’un quart des circonscriptions. Et même constat pour l’élection présidentielle en octobre 2015, où les « fraudes massives » révélées par une commission indépendante d’évaluation électorale ont amené les autorités à annuler le vote.
avec jeuneafrique