En 2010, ils étaient 24 à briguer la magistrature suprême en Guinée. Ils ne sont que huit cette année. Sept hommes et une femme à avoir déposé leur dossier de candidature dans les temps, avant le 1erseptembre, et à s’être acquittés de la somme de 800 millions de francs guinéens.
Cinq d’entre eux, déjà présents il y a cinq ans, sont des habitués du scrutin présidentiel. Les trois autres font figure de novices. Jeune Afrique fait les présentations.
Alpha Condé (RPG)
Favori à sa propre succession comme de nombreux présidents sortants, et ce malgré la possible alliance de circonstance entre Cellou Dalein Diallo et Moussa Dadis Camara, l’actuel chef de l’État a bien l’intention de rempiler. « Ceux qui m’empêcheront de réussir ne sont pas encore nés », lançait-il dans un entretien àJeune Afrique en mai. Le message est clair à destination de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition.
Bien décidé à rester au-dessus de la mêlée jusqu’à la campagne, Alpha Condé continue de se montrer inflexible, que ce soit au sujet des élections locales, que ses opposants aimeraient organiser avant la présidentielle, ou dans le dossier judiciaire concernant Moussa Dadis Camara. À 77 ans, l’occupant de Sékhoutoureya ne faiblit pas.
Cellou Dalein Diallo (UFDG)
Désigné candidat le 25 juillet par son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, 63 ans, n’y va pas par quatre chemins : il espère « changer le cours de l’histoire » de la Guinée. Le candidat malheureux de la présidentielle de 2010 continue de contester la légitimité du président Alpha Condé, l’accusant d’avoir instrumentalisé la question ethnique pour arriver au pouvoir.
S’il a échoué à obtenir l’organisation des élections locales avant la présidentielle, Cellou Dalein Diallo a joué la carte de l’alliance politique, controversée jusque dans son parti, avec l’ancien chef de la junte Moussa Dadis Camara. Celui-ci, inculpé le 8 juillet à Ouagadougou par des magistrats guinéens enquêtant sur le massacre du 28 septembre 2009, pourrait lui rapporter de nombreuses voix en Guinée forestière.
Sidya Touré (UFR)
Premier ministre de 1996 à 1999, Sydia Touré, deuxième figure de l’opposition, est depuis 2000 le président de l’Union des forces républicaines (UFR). Candidat à l’élection présidentielle de 2010, il avait obtenu 13% des voix au premier tour, arrivant en troisième position. Il avait alors appelé à voter Cellou Dalein Diallo au second tour, inaugurant une alliance de fait entre l’Union des forces démocratiques de Guinée et son propre parti.
Celle-ci a toutefois pris fin en juillet alors que Sydia Touré a déclaré vouloir reprendre sa liberté. Détenteur d’une licence en droit des affaires et diplômé de l’École nationale du Trésor de Paris, il a été investi le 22 août dernier par l’UFR et plaide, à 70 ans, pour une candidature consensuelle et non communautariste derrière sa personne.
Lansana Kouyaté (PEDN)
Le candidat du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) se dit convaincu de sa victoire à la présidentielle du 11 octobre. L’ancien Premier ministre a ainsi affirmé, mardi 1er septembre, devant les journalistes présents lors de la remise de son dossier à la Cour constitutionnelle, ne pas vouloir entendre parler d’un « sentiment de défaite ».
Très critique envers le fichier électoral, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ou encore les élus locaux, qu’il accuse d’être inféodés au pouvoir, ce natif de la Guinée maritime, ancien diplomate et économiste, était arrivé quatrième lors de la présidentielle de 2010, avec 7,75% des voix. Lansana Kouyaté, 65 ans, s’était alors allié avec Alpha Condé.
Papa Koly Kourouma (GRUP)
L’ancien ministre conseiller à la présidence, officiellement investi le 21 août par son parti, Générations pour la Réconciliation, l’Union et la Prospérité (GRUP), se lance pour la seconde fois dans la course. Cinquième de la présidentielle 2010, avec 5,74% des voix au premier tour, il avait été l’un des artisans de l’élection d’Alpha Condé. Pourtant, Papa Koly Kourouma a peu à peu pris ses distances avec le chef de l’État, quitte à se rapprocher de l’opposant Cellou Dalein Diallo.
Il reproche notamment au locataire de Sékhoutoureya de ne pas avoir honoré ses engagements et affirme que le candidat Condé lui avait alors promis de le nommer Premier ministre ou président de l’Assemblée nationale. Originaire de Guinée forestière, Papa Koly Kourouma avait affirmé qu’il s’effacerait de la course présidentielle si Moussa Dadis Camara parvenait à déposer son dossier.
Georges Gandhi Tounkara (UGDD)
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, porté à la tête de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD) en mars 2015, s’est également porté candidat au scrutin présidentiel. « Devant la misère des populations, la pauvreté, la détresse et le chômage grandissant, vu l’enrichissement des uns et l’appauvrissement des autres, (…) nous devons proposer quelque chose de meilleur », a-t-il déclaré le 31 août devant la presse.
Georges Gandhi Tounkara a toutefois affirmé que sa participation effective au scrutin serait subordonnée à l’application de l’accord politique global signé le 20 août. Il réclame notamment des modifications dans le fichier électoral et des réajustements dans la composition de la Ceni.
Faya Lansana Millimono (BL)
Cette fois, Faya Lansana Millimono a décidé de se présenter en personne. Ancien directeur de la campagne présidentielle de 2010 de la Nouvelle génération pour la République (NGR) d’Abé Sylla, désormais rallié à Alpha Condé, il a été investi candidat du Bloc libéral.
Bien malin cependant celui qui saura mesurer la véritable envergure de ce parti, qui n’a pas participé aux dernières élections législatives en 2013 et qui a peiné à réunir les 800 millions de francs guinéens nécessaires au dépôt de la candidature. Récemment en campagne en Guinée forestière, partisan du retour de Moussa Dadis Camara au pays, Faya Lansana Millimono fustige notamment le bilan économique du président sortant, qu’il accuse de se servir d’Ebola pour camoufler son échec.
Marie Madeleine Dioubaté (PEG)
La seule femme de ce scrutin présidentiel aura attendu jusqu’au dernier moment, mardi 1er septembre, pour déposer son dossier de candidature. Présidente du Parti des écologistes de Guinée, fille d’un ancien opposant au régime de Sékou Touré, Marie Madeleine Dioubaté aura fort à faire et s’apprête à jouer la carte de la technicienne.
Forte de projets qu’elle a pilotés à travers tout le pays, notamment dans l’agriculture, elle affirme vouloir lutter contre la pauvreté et le sous-développement, notamment dans le secteur du logement et de la santé, rappelant que les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés. Marie Madeleine Dioubaté sera la deuxième femme, après Saran Daraba Camara en 2010, à être candidate à la présidentielle en Guinée.
Avec Jeune Afrique