D’entrée de jeu, séparons le grain de l’ivraie : Je ne suis ni de ceux qui estiment que parce que leur champion a remporté les élections alors les postes leur reviennent uniquement à eux, encore moins de ceux qui dans le camp opposé pensent que toute collaboration avec l’adversaire est une trahison.
Je pense, et j’en suis persuadé, qu’entre ces deux visions binaires de notre pays, il y a une troisième voie qui est celle de l’intérêt de la Guinée, uniquement la Guinée.
Toutefois, cela ne saurait justifier la mise en place d’un gouvernement dit d’union nationale où les gens seraient cooptés en raison de leur appartenance politique et où l’unité ne serait que de façade.
Dans l’état actuel de la Guinée où tout est urgent, la seule chose qui doit primer dans le choix des Hommes est la compétence.
Aujourd’hui, les Guinéens attendent un gouvernement de combat contre la pauvreté, contre la défaillance du système de santé, contre l’insécurité, contre le déficit d’éducation de qualité, contre le chômage de masse des jeunes et j’en passe.
Bâtir l’unité nationale demande un travail collectif en profondeur dans tous les compartiments de la société. Un travail qui ne saurait se résumer à un gouvernement où des politiciens présents sur la scène politique depuis des décennies se partagent le pouvoir pour faire la paix des braves.
Nous avons fait le choix de la démocratie, alors pratiquons-la !
Les gouvernements dits d’union nationale sont de nature à retarder la pérennisation de la pratique démocratique et leurs effets, si tant est qu’il y en ait, sont plutôt de l’ordre du palliatif que du curatif. La tendance à l’homogénéisation des opinions dans un pays mène au déclin. La contradiction est l’essence de la démocratie.
Un système démocratique ne s’améliore et ne se solidifie que parce qu’on s’en sert. Et les institutions ne se renforcent qu’en les éprouvant. Alors éprouvons les nôtres !
S’il fallait parler de gouvernement d’union nationale c’était sans aucun doute au soir de la proclamation des résultats des élections présidentielles de 2010. Ce soir-là, vu l’état de déliquescence du système de gouvernance, ceux qu’on appelait alors les forces vives de la nation auraient dû se mettre ensemble pour sauver ce qui restait de l’Etat voire de la Guinée. Mais au lieu de cela, nous assistâmes à une lutte acharnée pour le pouvoir avec un jusqu’auboutisme désormais devenu une triste référence en la matière. Et la Guinée vécut cinq ans de troubles et d’instabilité à la fin desquels s’abattit sur le peuple un mal nommé Ebola qui emporta dans son funeste cortège plusieurs milliers de nos compatriotes (puissent-ils reposer en paix !).
Et même face à ce terrible mal, la classe politique guinéenne fut incapable d’unité !
Et aujourd’hui, on veut que je croie en un gouvernement d’union nationale avec cette même classe politique ? Je sais que les miracles sont toujours possibles mais enfin …
Il est utopique de croire que « le gouvernement d’union nationale » est la solution miracle.
Dans le contexte actuel, la mise en place d’un gouvernement dit d’union nationale, aboutira à un immobilisme qui entravera gravement la marche de la Guinée vers le développement.
Nul besoin d’être un devin pour prédire que dans ce type de gouvernement, la guerre des égos prendra le dessus sur l’efficacité qui est une obligation absolue pour un pays à la traîne sur l’autoroute du progrès depuis des décennies.
Alors, pour relever les défis majeurs auxquels fait face notre pays, je ne crois pas en un gouvernement dit d’union nationale.
Je crois en la promotion des compétences sans coloration politique.
Je crois en un gouvernement qui a des missions claires, qui travaille et qui rend des comptes.
Je crois en l’émergence d’une nouvelle classe politique
Je crois en l’existence d’une opposition républicaine qui a la place qu’il lui faut et qui joue pleinement son rôle.
Je crois en des partis politiques débarrassés de l’emprise de l’ethnie et de la région.
Je crois en des institutions fortes et indépendantes.
Je crois en une administration dépolitisée.
Quoi qu’il en soit, la désignation des membres du gouvernement relevant du pouvoir discrétionnaire du président, il fera son choix, l’assumera et nous le jugerons sur la base des résultats obtenus.
Quant à moi, je ne fais que donner mon avis.
Puisse Dieu bénir la Guinée !
avec actuconakry