Le parti au pouvoir en Guinée-Bissau a rejeté samedi le nouveau Premier ministre désigné par le chef de l’Etat José Mario Vaz, qui a en revanche reçu le soutien du président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama.
« Le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert – au pouvoir) se démarque de la décision du président de la République de nommer Umaro Sissoco Embalo au poste de Premier ministre », selon un communiqué.
Le parti dirigé par l’ex-Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, accuse M. Vaz d’avoir ainsi « rendu nul et non avenu l’accord de Conakry et opté pour la poursuite de la crise », lui reprochant d’avoir ruiné « de manière irresponsable tous les efforts et sacrifices consentis par les différents acteurs politiques et la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).
L’accord signé le 14 octobre à Conakry sous l’égide du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé, dans le cadre d’une médiation de la Cédéao, prévoit une « procédure consensuelle » pour choisir un Premier ministre « ayant la confiance du président » devant rester en place jusqu’aux élections législatives de 2018.
En revanche, le président de l’Assemblée nationale a assuré que le Parlement fournirait l’appui nécessaire au gouvernement que doit former M. Embalo.
Les deux hommes ont d’ailleurs quitté ensemble Bissau samedi pour Dakar afin de s’entretenir avec le président sénégalais Macky Sall.
La nomination de M. Embalo est intervenue quatre jours après le limogeage du Premier ministre Baciro Dja, contesté par le PAIGC depuis sa désignation en juin.
Les députés du PAIGC refusaient de siéger, empêchant le Parlement de fonctionner.
Depuis jeudi soir, des informations circulaient à Bissau sur la possible désignation de M. Embalo, un des trois noms évoqués à Conakry.
La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par le président Vaz de M. Pereira, chef du PAIGC, auquel tous deux appartiennent.
Selon la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.
Or, le PAIGC ayant perdu sa majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz veut s’appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS) deuxième formation du pays, et des 15 frondeurs du parti au pouvoir.
Avec jeuneafrique